Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
Et quand t'as touché le fond?
Hé bah tu creuses encore.
Il venait de récupérer les clefs de son nouvel appartement. Celles-ci étaient dans sa main, l’anneau autour de son index, chaque clef reposait contre sa paume. A quelques endroits leurs formes s’étaient imprimées sur sa peau. Il les considéra quelques instants puis préféra les enfouir au fond de sa poche arrière.
On lui avait indiqué brièvement où se trouvait sa nouvelle résidence, il y était arrivé sans trop de soucis mais avait trouvé étrange que les immeubles soient… creusés dans le sol?
C’est en se dirigeant vers l’ascenseur qu’il comprit que ça n’était pas une blague, le seul bouton à presser était orné d’une flèche vers le bas. Appuyant dessus, ce dernier s’illumina puis au bout de longues secondes, un « ding » significatif se fit entendre.
La porte coulissa lourdement, laissant apparaître une cabine tout ce qu’il y a de plus neutre. Balayant cette dernière du regard, à sa plus grande surprise Urie remarqua un miroir dans lequel son reflet le fixait. C’était la première fois qu’il y faisait face depuis sa mort et il devait avouer qu’il avait bêtement cru à ces histoires, pensant que les vampires n’avaient pas de reflet. Enfin, à part remarquer qu’il avait une sale gueule aujourd’hui (pour ne pas dire une tronche de déterré), ça ne l’avança à rien.
Il soupira et entra dans l’ascenseur, pivotant sur un pied pour faire à nouveau face à la porte qui était en train de se refermer.
Il profita de ce moment seul pour se passer une main sur le visage, la stoppant sur ses yeux le temps de se faire à l’idée d’où il se trouvait et ce qui lui était arrivé. Non pas qu’il soit du genre à paniquer, disons simplement que c’était dur à avaler de savoir qu’il y avait une « vie » après la mort. Et que celle-ci était quasiment prise en charge par une espèce d’administration un peu obscure.
Il se laissa aller en arrière, son dos percuta le miroir. Puis sa tête s’y appuya à son tour. Le plafond de l’ascenseur était blanc, sans aucune trace particulière.
Urie n’avait aucun repère ici. Il ne connaissait encore personne de ce monde qui pourrait l’aider à démêler ce joyeux bordel. Là tout ce qu’il voulait c’était un endroit où se poser histoire de réfléchir à ce qui était en train de se passer. Et l’ascenseur faisait partie d’une des étapes pour l’y mener.
" Et je n'ai même pas d'Ipod ou d'écouteurs putain... "
Pesta-t-il tout haut.
Urie était tellement pris dans sa réflexion qu'il attendait patiemment la descente de l’ascenseur alors qu’il n’avait même pas appuyé sur un des boutons pour sélectionner l’étage. Il faisait du surplace sans même s’en rendre compte.
Et quand t'as touché le fond?
Hé bah tu creuses encore
Le silence de la cage d’ascenseur m’avait permis de me perdre un peu dans ma réflexion. J’étais dans un état de flottement, mon esprit encore brouillé par l’idée d’être mort.
Le bruit des portes me surpris suffisamment pour que je redresse la tête en haussant un sourcils. Pris totalement au dépourvu, j’avais été arraché de mes pensées ainsi que de mon observation du plafond. Me redressant rapidement, je toussa par réflexe. C’était un geste qui dissimulait la gêne d’avoir été retrouvé là l’air paumé par la rouquine qui venait de pénétrer dans la cage en acier.
Je crois qu’elle m’avait souri, je n’étais pas sûr. Le temps que mon regard se fixe sur elle et l’expression avait déjà disparue, elle était déjà tournée face aux boutons de l’ascenseur pour sélectionner son étage. Un "bip" se fit entendre. C’est ce que j’avais oublié de faire, appuyer sur un bouton pour choisir mon étage, d’où mon sur place. Quel con. Je soupira intérieurement, décidément aujourd’hui allait être une longue journée.
Me passant une main sur le visage, je secoua négativement la tête lorsqu’elle me demanda si j’attendais quelqu’un. La maîtrise de la langue n’était pas parfaite et elle parlait tellement vite, j’eus un peu de mal à deviner ses origines.
« Non, non personne. Ne t’en fais pas. Pas la peine d’être désolée j’étais à l’ouest de toute façon. Je suis "nouveau" en effet, fraîchement décédé d’après ce que j’ai compris. »
Une sorte de rictus se forma sur mes lèvres. J’étais vraiment mort putain, mais je parlais à une fille qui venait de faire ses courses comme si je l’avais fait avec une voisine en étant vivant.
« Je m’appelle Ur… »
Alors qu’elle me tendait la main et que j’étais sur le point de me présenter à mon tour, l’ascenseur grinça et s’arrêta dans sa descente, je perdis l’équilibre et me rattrapa in-extremis à la barre contre le mur à ma gauche. Quelque chose percuta mes rangers, je baissa les yeux pour observer les sacs de courses dont le contenu s’était fait la malle.
Un silence puis la voix de Lynn, en effet, ça avait tout à fait l’air d’une panne.
« Même mort on peut être bloqué dans l’ascenseur alors? »
Je soupira, peut-être un soupçon d’émotions commença à apparaître, de l’agacement peut-être? J’étais à peine arriver et je découvrais que toutes les galères de la vie quotidienne étaient aussi des galères de la mort quotidienne.
Je me passa une main sur le visage à nouveau. L’ascenseur ne bougeait toujours pas, et la lumière s’éteignit d’un seul coup, les laissant dans le noir le plus total.
« On est coincé oui. » Définitivement.
Je tendis une main devant moi pour essayer de trouver à tâtons la parois près de Lynn. Frôlant son épaule par hasard, je posa totalement ma main dessus et chercha de l’autre les boutons de l’ascenseur, mais rien ne répondait. Pas un bip, rien du tout. C’était probablement une panne électrique.
« Lynn? J’espère que t’es pas claustro’. »
Je disais ça en rigolant à peine. J’espérais vraiment qu’elle ne l’était pas sinon ça allait être compliqué à gérer.
Et quand t'as touché le fond?
Hé bah tu creuses encore.
Alors les ascenseurs n'en faisaient qu'à leur tête hein? C'était bien ma veine. M'adossant à la paroi fraîche qui était derrière moi, je m'y avachi un peu et enfonça les mains dans mes poches de jean. Mes doigts touchèrent quelque chose de métallique, mon zippo. Si je l'utilisais là j'allais user de l'essence... elle venait d'évoquer sa légère peur du noir et je m'avoua vaincu. Allez savoir pourquoi mais quelque chose dans l'ascenseur ne me mettait pas à l'aise.
« Pour la lumière c'est tout ce que je vais pouvoir faire… »
Un clac suivi d'un bruit de roulement métallique. J'avais tellement fait ce geste par réflexe, pour fumer ou passer le temps. Une flamme fit son apparition, illuminant mon visage puis, peu à peu ce qui était à proximité. Lynn était en train de s'asseoir en m'indiquant qu'il n'y avait qu'à attendre. J'arborais peut-être une expression contrariée à cette idée. Rester là à attendre? En étais-je capable?
« Il n'y a même pas un bouton pour appeler un technicien. Si ça dure trop longtemps il faudra peut-être... se démerder. »
Je leva la tête pour observer le plafond. Mon idée était de passer par le plafond. Mais avant de faire quelques acrobaties je revenais aux paroles de Lynn. Elle semblait vouloir me faire la conversation et avait l'air résignée à attendre.
Bah, maintenant que j'avais tout mon temps en tant que mort je pouvais bien essayer de faire ça. Je me laissa glisser, le briquet toujours dans la main, la flamme illumina un peu plus Lynn. Ses cheveux roux prenaient quelques reflets rouges. Nos silhouettes se détouraient à peine de la pénombre.
« Va pour attendre un peu pour voir si ça repart tout seul. Mais je tiendrai pas eternam. »
Je grimaçais, j'avais écrasé un truc en m'asseyant. Je passais ma main dans mon dos pour l'attraper. Je ne préférais même pas savoir ce que c'était, je le remis aussitôt dans un des sacs. Ce qui était à ma portée subit la même chose, au moins ça m'occupait un peu l'esprit. La demoiselle avec moi avait l'air de vouloir s'occuper aussi, une discussion? Pourquoi pas après tout... je viens d'arriver. Il fallait bien commencer mon nouveau réseau social ici.
Jouant avec la flamme du briquet, la chaleur léchait ma main et m'indiquait que même mort, je pouvais me brûler. Mon regard alla scruter la pénombre pour trouver celui de mon interlocuteur. Ce ne fut pas compliqué, la flamme se reflétait et faisait briller ses yeux.
« Je m'appelle Urie Kaneki. On a été coupé quand l'ascenseur a décidé de s'arrêter. Je suis de l'appartement Michalak… Et disons que je me pose pas mal de questions ouais... »
De ma main libre je me grattais la nuque, à la naissance de mes cheveux rasés. Combien de temps allions-nous rester coincés? Lynn s'était fait à l'idée que l’appareil redémarrerait de lui-même. Moi je sentais déjà l’impatience montée. C'est en partie à cause de cela que je lâchais ces mots un peu sèchement.
« ... Tu veux me dire quelque chose peut-être? »
J’avais balancé ça un peu de but en blanc. Ma question était sans détour, simple et concise. Je ne savais pas si ce genre de sujet était tabou ici. Mais j’avais besoin d’échanger avec les occupants de ce monde dont je faisais dorénavant partie. Et cette fille avait l'air de vouloir quelque chose, mais je ne savais pas quoi encore. Naturel méfiant oblige, je la scrutait dans l'attente d'une réponse.
Et quand t'as touché le fond?
Hé bah tu creuses encore.
Mon futur appartement avait l’air d’avoir une sacré réputation. Que signifiait un intérieur sucré au juste? Je plissais les yeux puis préférais secouer la tête de gauche à droite. Un problème à la fois c’était largement suffisant. Ouais… ‘fin j’en étais déjà à deux ou trois d’un coup là. Ma mort, ma nouvelle vie et ce putain d’ascenseur en panne. Si on pouvait s’arrêter là j’en serais extrêmement reconnaissant à quiconque gérait les événements merdiques qui se succédaient dans ma seconde vie, merci.
Pour ne pas paraître trop pris dans mon apitoiement interne, j’hochais la tête à ce que me disait Lynn. Ouais, c’était fort probable qu’on se recroise à un moment, je ne savais pas à quel point l’agence était grande, depuis mon arrivée je n’avais croisé personne d’autre qu’elle alors.
Je n’étais pas forcément d’un naturel bavard alors le silence retomba bien vite, marquant d’avantage les quatre murs qui nous enfermaient. La flamme de mon zippo virevoltait à chacune de mes expirations.
Je fixais la flamme, Lynn se triturait les ongles avant de finalement me regarder. Sa question me surpris. J’haussais un sourcil car je ne comprenais pas ce qu’elle me demandait. A peine le temps d’y réfléchir qu’elle s’excusait platement pour son impolitesse. Je clignais des yeux en la laissant faire, je ne savais vraiment pas quoi répondre et elle avait l’air de piquer littéralement un phare. Peut-être que la lueur de la flamme accentuait sa teinte rouge mais elle était tout sauf à l’aise, ça expliquait sûrement pourquoi elle s’était relevée d’un coup pour fixer son esprit à autre chose.
Je n'avais pas forcément envie de creuser sa question... C'est pourquoi je la laissais faire, toujours silencieux je me grattais le haut du crâne avant de lentement glisser mes mains le long de mon front, remontant finalement quelques mèches de cheveux me tombant dans les yeux.
« Le plus simple serait de sortir par la trappe du dessus s’il y en a une. »
Je me relevais à mon tour, mes genoux craquèrent simultanément. Je n’aimais plus ce bruit, un frisson désagréable me parcourra le dos.
« T’as pas l’air bien lourde, je peux te faire la courte échelle histoire que tu vois si la trappe peut s’ouvrir peut-être? »
Je levais le bras et pointais du doigts la dite trappe, puis je tendis mon briquet à ma compagne d’infortune.
« Je ne peux pas éclairer et te porter en même temps, tu n’auras qu’à prendre ça d’une main et essayer de bouger la plaque de l’autre. Ne le fais pas tomber, j’y tiens. »
Ma dernière phrase n’était pas une menace. Toute émotion avait déserté mon corps aujourd’hui. Mon stoïcisme était encore plus vide que d’habitude, c’en était presque flippant. Mais je tenais vraiment à ce zippo alors il ne valait mieux pas qu’elle le fasse tomber.
Je poussais quelques éléments de courses encore au sol et pris appui sur mes pieds, pliant un peu les genoux je liais mes mains ensemble en croisant mes doigts gantés. Face à la demoiselle, je n’attendais plus que son pied pour lui donner un peu de hauteur. Il fallait vraiment qu’on sorte de là car je ne savais pas combien de temps mon zippo tiendrait.
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