Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
Car la nuit
Les chats sont gris
Je crois que nous étions arrivés bon an mal an à nous accorder sur un point : à quel point la situation était merdique pour elle comme pour moi. Je me sentais d'une certaine façon soulagé que le niveau de nos voix soit descendu pour retrouver un échange plus courtois. Ok j'avais balancé les premières salves, mais elle m'avait suivi dans cette escalade incontrôlée.
« Je ne pense pas que finir en sous-vêtements soit une bonne idée pour une fille à cette heure là... »
Est-ce que dans le monde des morts il y avait toujours cette image de la femme risquant de se faire agresser par n'importe qui ou n'importe quoi sous prétexte qu'elle était peu vêtue? Mieux valait ne pas prendre un tel risque. Certes j'aurais aimé avoir mes fringues mais quitte à choisir je n'aurais jamais laissé une fille se balader sans vêtements. Enfin, peut-être que ça allait bientôt arriver car quand je relevais la tête vers elle -je ne l'avais quitté des yeux que quelques secondes merde!- une lumière se dégageait et... je compris qu'autre chose avait disparu. Battant bêtement des cils, j'étais un peu décontenancé par aussi peu de contrôle et de dangerosité de ce pouvoir. Et par réflexe je reculais. Il ne me restait qu'un boxer.
« Gardez vos mains comme ça et ne me touchez pas. »
C'était une consigne, un peu comme il y en avait pour les situations d'urgence. Si ça avait été moi je lui aurais attaché les poignets ensemble pour éviter tout risque. Son pouvoir ne me terrorisait pas, disons juste que finir nu ici n'était clairement pas dans mes objectifs. Et quand elle éternua je fis un ou deux pas en arrière. À ce rythme on allait finir la soirée à poil sans avoir fait 100mètres.
Ce pouvoir avait l'air de peser sur les épaules de la jeune femme car elle se mit à rire. Et son rire était dénué de force ou d'humour. Juste un rire nerveux faisant état de la situation grotesque. Je lui accordais et poussa un soupire, mes lèvres furent flanquées d'un sourire tout aussi nerveux et fatigué. C'est la seule réponse que j'étais apte à rendre au sourire de cette inconnue.
Très bien, nous étions dans le même piteux état et sortir de l'eau me paraissait être la meilleure idée. J'enjambais le bord de la rivière et me hissais hors de l'eau avant de tendre la main vers elle pour l'aider à faire de même puis je me ravisais. Non pas que je ne veuille pas l'aider, non. Mais je devais déjà connaître les tenants et aboutissants de ce qu'elle était capable de faire.
« Ok je vais avoir besoin de savoir ce que vous êtes capable de faire disparaître afin de ne pas aggraver la situation... Ce sont juste les fringues ou tout ce que vous touchez en dehors de votre propre corps? "
En attendant sa réponse je continuais sur l'enchaînement des choses pour essayer d'écarter de mon esprit qu'il caillait sévère. C'était moindre mais mon bras droit replié autour de la cage thoracique me permettait de couper un peu le vent.
« Ah, et comment ça se fait que ce soit aussi chaotique? »
Oui, le chaos. Je ne voyais pas d'autre mot pour décrire tout ce qu'il venait de me tomber sur la gueule.
Car la nuit
Les chats sont gris
Finalement l’inconnue avait préféré grimper la berge par ses propres moyens, ça me rassurait un peu d’éviter un autre contact avec elle. Cela ne devait pas être simple pour elle mais je préférais m’accrocher au seul vêtement qu’il me restait plutôt que de jouer les sans peur par fausse courtoisie. A vrai dire, entre elle et mon caleçon le choix était vite fait.
« C’est vrai qu’en y repensant ce serait trop simple si vous maîtrisiez vos pouvoirs au premier coup… »
J’essayais de chasser les gouttes qui perlaient encore dans ma nuque, provoquant des frissons par intermittences. Je m’ébouriffais les cheveux tout en l’écoutant attentivement. Son pouvoir m’intéressait. Les choses hors-normes avaient ce petit je ne sais quoi qui attirait mon attention plus qu’à l’habitude. Le son de sa voix se rapprochait de moi, je relevais la tête pour lui faire face.
Détail à la con mais, avec ma taille j’étais habitué à arriver au niveau de tout le monde mais avec les filles j’avoue que parfois ça me blasait un peu quand même. Je ne me laissais pas déconcentrer par cette pensées un peu gamine, je l’écoutais toujours m’expliquer qu’elle ne le contrôlait pas - tu m’en diras tant - et qu’il y avait beaucoup de facteurs encore inconnus dans l’équation pour prendre ce pouvoir à la légère.
Je jetais un coup d’oeil aux mains toujours collées de la demoiselle comme pour être certain que plus rien ne disparaîtrait par erreur. Elle avait fait de même, nous étions tous les deux en train de regarder ses phalanges collées, comme si elles n’étaient rien d’autre que des armes de destruction massive.
Silencieux, je ne savais quoi répondre à cette fille. Je la contemplais simplement. Elle était plus vieille que moi, ça c’était certain. Enfin, certain… Non disons que j’avais probablement l’air plus jeune qu’elle. Dans le bon sens du terme quoi. Putain Urie, heureusement que personne ne pouvait lire dans tes pensées sinon tu te ferais lyncher encore plus par la société. Par réflexe, lorsque je me perdais brièvement dans mes pensées ma main se collait automatiquement dans ma nuque comme pour ordonner à ma tête de remettre mes esprits en place et reprendre le cours de la situation qui se déroulait face à moi. Le simple fait de manquer de perdre un membre me fit grimacer.
« J’hésite quand même à vous attacher les mains par simple précaution… »
Ok, c’était gratuit et ça allait sûrement la culpabiliser à mort ma fierté personnelle en prenant un coup de me balader comme ça en plein milieu d’un parc, de nuit. D’un autre côté, ça soulignait aussi le pseudo calme dont je faisais preuve à présent.
« Mais bon, pour les fringues on verra ça une fois rentrés et secs. Je préfère penser que le plus dur à passer reste les quartiers. On va passer par les petites ruelles et se faire discret. Je préfère éviter qu’on me tombe dessus parce que j’ai l’air de vous suivre. »
Rien que l’idée qu’on me prenne pour un pervers dégueulasse m’insupportait. Ma tête se renversa en avant et je ne pus retenir un soupir à cette simple idée. En parlant d’idée, je relevais la tête subitement.
« Vous êtes ici depuis longtemps non? Quelqu’un dans vos connaissances ne pourrait pas venir nous chercher en voiture si on lui passe un coup de fil? Vous avez un portable? Le mien était… dans ma poche. »
Le portable qu’Eden m’avait filé… Putain. Il avait disparu avec mon pantalon aussi. Oh la merde, je sens que ce con allait me faire chier avec ça. Rien que d’y penser ça me gonflait déjà.
Car la nuit
Les chats sont gris
Je ne pus m’empêcher de me frapper le front avec la paume de ma main. Tout avait l’air d’un scénario catastrophe digne d’une putain de caméra cachée. Comment ça avait pu me tomber sur le coin de la gueule comme ça? Bon sang y’a des jours où les gens devraient rester enfermés chez eux. Et je ne parlais pas de moi mais de tout le monde autour de moi. Je pestais intérieurement et il valait mieux vue la soufflante qu’elle m’avait lancé auparavant. Elle n’était pas un peu émotive cette fille? Son visage décrivait chaque chose qui lui passait dans la tête, avant même qu’elle ouvre la bouche je comprenais ce qui allait en sortir.
« Bon… Tant pis pour cette idée, à la limite on pourrait essayer de trouver une cabine téléphonique? J’ai plus de poches pour la monnaie par contre. »
Mon idée n’eut qu’à peine le temps de faire son chemin que déjà je voyais le regard de mon vis-à-vis traversé par une illumination. On aurait dit qu’elle avait des visions. Mon dieu, faites qu’elle n’hallucine pas aussi à cause de ses pouvoirs. Tu parles, j’eus à peine le temps de me dire que je devrais peut-être la laisser là et me barrer de mon côté que déjà elle se mettait à courir en me tirant par la main. Mes doigts étaient légèrement compressés entre les phalanges de la demoiselle, par réflexe et surtout pour me rattraper - car cette andouille était partie sans crier gare - j’avais serré ses doigts aussi, le temps de stabiliser mes pas et suivra sa course surprise.
Le fond de l’air était frais et je me le prenais en pleine face, torse et cuisses aussi. Les foulées s’étaient faites rapidement. Je ne pense pas qu’elle est été vraiment sportive, mais elle semblait animée par la fureur de trouver quelque chose rapidement. Au moins elle était motivée, c’était déjà ça. Du coin de l’oeil je la fixais pour essayer de piger.
« Ok, courir en soit ça me va mais vous m’expliquez ce qu’on cherche? »
Car oui, je la voyais scruter les horizons, elle cherchait quoi au juste? Quelqu’un? Quelque chose? Quand on a un plan on le partage avec son partenaire pour être deux fois plus efficace, ça coule de source non? Alors dis-moi ce qu’il se passe dans ta tête et on irait beaucoup plus vite. Je tirais un peu sur sa main pour la calmer dans son ardeur puis extirpait mes doigts des siens en me souvenant que son pouvoir était toujours aussi aléatoire et pas totalement défini.
« On serait beaucoup plus efficaces si je savais à quoi vous pensez. »
J’aurais pu continuer à la suivre, après tout elle n’avait pas l’air d’être folle non plus, je me doutais bien qu’elle n’allait pas me faire traverser le parc juste pour le plaisir de courir trempée, main dans la main avec un gars en boxer. Mais tout de même, un minimum de brainstorming histoire de voir un début de solution, j’en demandais pas des masses là. Aussi je l’avais rattrapée par le bras pour la faire se stopper et l’avait fait se tourner vers moi un peu sèchement. Par réflexe j’avais attrapé ses poignets pour les lui maintenir en l’air.
« Calme, pause une seconde. Vous m’expliquez ce à quoi vous pensez et on bouge ensuite. M’agiter comme ça dans cette tenue va juste me faire choper la crève et à vous aussi... »
Normalement pour que quelqu'un se fixe un peu plus à ce que vous dites, vous prononcez son nom mais là... On était juste deux inconnus en train de courir dans tous les sens et j'avoue que je n'étais pas sûr d'avoir envie de la revoir par la suite. Bien que. Elle me devait un t-shirt, un fute et un portable.
Mon regard se fixait dans le sien. Non je n’avais rien de menaçant à ce moment c’était juste que j’aimais avoir le contrôle et savoir ce qu’il en retourné. Ce qu’à peu près tout le monde aimait aussi. La fougue du poney c’était pas vraiment pour moi.
Car la nuit
Les chats sont gris
Elle semblait avoir recouvré la raison, et c’était tant mieux parce que je n’avais pas envie de m’énerver d’avantage. Si tout à l’heure elle avait cru que j’allais la frapper, là j’allais réellement finir par le faire. Je n’aimais pas m’agiter pour rien, gaspiller de l’énergie pour donner un coup dans l’eau n’était tellement pas dans ma nature. Je suis plutôt du genre posé et réfléchi vous voyez? Sauf quand ça me monte au nez mais bon… Je suppose que ça arrive à tout le monde.
Elle m’expliquait quelque chose que j’avais compris mais je voulais être sûr par avance de ce qu’on cherchait. Un inconnu, une personne de sa connaissance? A quoi ressemblait-il? Des détails. Si j’ai des détails sur son physique ça peut aller quinze fois plus vite.
« Très bien, commençons par… »
Je la sentais s’agiter entre mes mains, ses poignets tout fins étaient enserrés entre mes doigts. Je ne forçais pas tellement, mais c’est vrai que ma notion du peu était probablement un peu différente pour quelqu’un comme elle. J’allais la lâcher, mais quelqu’un me coupa dans mon élan de bonté. Je tournais aussitôt la tête vers l’inconnu qui venait à notre rencontre.
Je ne sais pas si c’était un sentiment de malaise qui me parcourait ou quoi, mais d’un coup je me sentis con. Ouais, pas plus, pas moins. Juste con car je tenais les poignets d’une fille en étant à moitié à poil devant elle. Elle était trempée, moi aussi et ça pouvait ressembler à s’y méprendre à une agression. D’un coup mes mains lâchèrent les poignets de la brune et les miennes retombèrent le long de mon corps. J’étais sur le point d’essayer d’expliquer qu’il se méprenait sûrement sur ce qu’il se passait vraiment mais je fus pris de court par ma comparse.
Je soupirais intérieurement de soulagement, qui aurait cru un mec en boxer en plein milieu de la nuit dans un parc.
Ce fut surprenant mais il fut plus compréhensif que ce que je pensais ou alors, ses pensées étaient toutes autres quand il me remit des billets dans la main. Je le fixais. Un bref instants j’eus l’impression qu’il me fit un clin d’oeil. Je frissonnais. Je touche pas les vieille moi! Putain mais les gens ont vraiment les idées mal placées, pire que ce que je pensais.
Mes doigts se resserrent sur les billets, je les ai froissé sans trop y penser. C’était juste le temps qu’il disparaisse pour que j’évite de m’énerver après quelque chose d’autre. Je devais juste rentrer chez moi et m’habiller. Juste ça. Une main sur le visage je reprenais mes esprit en me frottant vigoureusement les paupières. Si ça se trouve c’était un rêve? Oh oui, tiens je vois une lumière chatoyante. C’est carrément ça. Si j’ouvre les yeux je vais tomber sur… Une fille en soutien-gorge.
« Putain mais t’as recommencé?! »
Sous le coup de la surprise mon vouvoiement était passé au tutoiement. Ok, ça aurait pu être pire mais là elle me sidère. Je la fixe de façon peut-être trop insistante car au bout de quelques secondes je me sens moi-même gêné. Je détourne les yeux. Le sexe féminin avec ses seins… Ok. Inconnue en soutif 1 - Urie 0. Je me plaque une main sur les yeux pour éviter tout déraillement mental et par respect pour elle. Si, un minimum quand même.
« Levez les mains en l’air et collez-les. Tout de suite. Je vais vraiment finir par vous attacher les mains. A ce rythme on sera à poil avant d’être rentrés à l’agence! »
Je retire aussitôt ma main de mes yeux et me frappe le front. La situation me sort vraiment par le nez.
« Ok, j’ai l’argent, très bien. Et maintenant quoi?! Il aurait pu appeler un taxi ce con. On va pas attendre au bord de la rue en levant la main maintenant que vous êtes en soutif et moi en boxer. »
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