confessionnal
Victoire, tu réussis à le faire rire. Ça dure une poignée de secondes, c’est sûrement pas très sincère, mais au fond, ça te rassure.
Ça enlève de la gravité à la situation, un peu.
Jusqu’à ce qu’elle revienne au galop.
“Tu vois ce que c’est une plaque militaire ?”
À ce stade, le blond n’était plus obligé de développer. Tu le regardes sans rien dire, les lèvres pincées, en hochant la tête presque imperceptiblement. La boule qui pesait dans ton estomac quelques instants auparavant refait surface, mais tu fais de ton mieux pour camoufler ton inconfort : il a pas besoin de savoir ça, surtout pas maintenant.
Malgré tout, Constantine prend le temps de t’expliquer du mieux qu’il le peut.
Et lorsqu’il sourit, c’est comme si son cœur se fendait. Par la même occasion, le tien aussi.
“... ‘Fin voilà, tu sais maintenant.”
Au fond, il avait tout et rien dit à la fois, mais t’avais déjà compris le principal depuis un moment. Pas besoin de détails pour interpréter le sombre tableau qu'il exposait devant toi.
T’as tendance à oublier que t’es pas la seule à avoir des secrets. La plupart de ton entourage se confie à toi avec une telle facilité, t’as rarement besoin d’en demander plus.
Mais vous avez tous souffert, ici. C’est la raison même de votre présence. Porter un masque, pour beaucoup d’entre vous, ça fait partie du jeu.
Pourtant, ça te fout toujours une claque de l’entendre. On pourrait croire que t’as fini par t’y habituer, depuis le temps, mais toujours pas.
T’es pas la seule.Et Constantine a dû connaître tellement, tellement pire que toi.
Ça te donne envie de pleurer.
Y’a tant de choses que tu voudrais lui dire, là, mais c’est impossible de trouver les mots.
Alors tu écrases soigneusement ta cigarette avant de le prendre dans tes bras avec toute la tendresse du monde.
Tu le serres contre toi, sûrement un peu trop fort.
Et tu comptes pas le lâcher jusqu’à ce qu’il s’arrache de l’étreinte lui-même, parce qu’il est impossible de déterminer à quel point il en a besoin.
T’en a sûrement besoin aussi, tout compte fait.
Le silence plane un moment, et tu finis par entrouvrir les yeux pour regarder dans le vide avec un minuscule rictus. Ton menton est appuyé contre son épaule, alors, pour éviter de lui casser les tympans, tu murmures :
“J’vais te dire un truc que j’ai jamais dit à personne.”
Tu marques une courte pause avant de retenir un pouffement de rire.
“... Moi, mon périsprit, c’est un putain de rouleau de PQ.”
L’occasion était trop belle, t’as pas pu t’en empêcher.
Tu sais pas gérer longtemps tout ce qui est trop sérieux, trop triste, trop réel. Et même si ton but n'est pas de couper court à ses aveux dramatiques, t'as besoin d'alléger l'ambiance, de respirer, l'espace d'un court instant. C'est ton mécanisme de défense, t'y peux rien.
En espérant qu'il comprenne tes intentions.