[Évolution] Un temps dehors | Céleste & Wynn & Louis

TW : vomissement (mention)

“Un problème ?”
“Quel problème ?”
“Tu as laissé plus une scène de meurtre qu'une maladie, c'est ça ?”
“Ah.” Non, ce n’est pas si grave. “Non, ce ne serait pas la première fois. Et puis, les vivants savent particulièrement bien trouver de fausses explications pour ce qu’ils ne comprennent pas. Après tout, je suis mort suicidé, dans mes petits papiers.”

Est-ce un problème ? Pas vraiment, en tant que tel.
Ça a juste scellé sa fausse culpabilité au regard d’autrui - particulièrement vexant, à ne pas mentir.

Et voilà, Wynn qui revient, pâle comme un linge. Louis émet discrètement un bruit de succion entre ses dents, légèrement agacé peut-être - ou bien est-ce dû au fait qu’il ne soit pas parfaitement rassasié ? Sa frustration ne fait que grandir.

“Je n’ai pas eu beaucoup de chance avec le mien.” Vraiment, Louis aurait deviné sans grande peine. “Pas de problème à signaler de votre côté ?”
“Grand dieu, Wynn, vomissez une bonne fois pour toute, et allons retrouver de quoi vous remplir correctement l’estomac. On croirait que vous allez nous claquer entre les doigts, tant est si peu que ce soit encore possible.”

Car Louis le sait : revenir dans cet état équivaut à un manque de satisfaction qui - chez-toi - pourrait être fatal à ta prochaine sortie. Et puis vraiment, une fois le mauvais sang en-dehors, tu n’en sentiras que mieux - n’est-ce pas ?

Du moins, voilà son avis.
Et Dieu sait que Louis est têtu.

“Il faut vous trouver du rab' ?”
“Oui.” Les termes sont posés. “Mais pas ici, nous avons déjà fait bien assez de dégâts. Wynn et moi pouvons encore rester quelques jours en-dehors, mais j’ignore depuis combien de temps vous êtes là, Céleste.”

Au pire, si tu ne peux rester, ils sauront parfaitement se débrouiller. Pas d’inquiétude à avoir donc.

« Pas de soucis. Toi aussi tu as l'air en forme.

Ça ira. »

Incapable de déceler la moindre tentative d’humour ou de sarcasme, il se contente d’hocher la tête -doucement, de peur de ne pas réussir à se retenir. Il est pâle, très pâle et petit à petit il se rend compte aussi qu’il transpire un peu plus que d’habitude. Ça va passer, ça va forcément passer. Comme à son habitude. Il le sait, il n’est pas en terrain inconnu. Sauf que le visage de Louis semble se fermer et Wynn ne comprend pas pourquoi. Qu’est-ce qu’il aurait bien pu manquer ? Il le regarde, évitant ses yeux comme toujours, sans dire un mot. L’enchaînement de phrases de la part du vampire fait cligner des yeux Wynn qui recule même d’un demi pas en arrière. Lui, vomir ? Hors de question. Il va se déshydrater, il va avoir mal et tout particulièrement : ça le révulse.

Il secoue la tête par la négative alors que Louis ne lui laisse aucun répit. Trouver quelqu’un d’autre, se remplir l’estomac. Il n’en a pas envie, il veut simplement rentrer. Il est fatigué de cette odeur de mort qui plane autour et entre elleux, il est fatigué du bruit du Tokyo des vivants, il est fatigué de voir la misère humaine dans laquelle il a baigné si longtemps lui être frotter au visage, au point de ne pas pouvoir détourner les yeux pour l’éviter. Mais il n’a pas l’impression d’avoir le choix et cette voix qui semble agacée ne l’aide en rien.

« On croirait que vous allez nous claquer entre les doigts, tant est si peu que ce soit encore possible. »

Ces paroles lui arrachent une grimace légèrement irritée, alors qu’il détourne le regard pour fixer le sol.

« Je … Très bien. »

Se défaisant difficilement de son rôle de dafad*, il hoche lentement la tête. Le raisonnement de Louis fait sens et, pragmatique qu’il est, cela l’atteint. Il s’excuse rapidement dans un murmure avant de tourner les talons et marcher plus loin. Il s’éloigne un peu des tentes, leur tournant le dos. Ça le dégoûte mais pas le choix, il ferme les yeux et se laisse aller à se vider l’estomac en s’accrochant d’une main à un bout de mur qui tient encore debout par pur miracle. Il reste là quelques secondes, le temps de se calmer, respirer, inspirer. Il se sent mal mais surtout il ne peut se défaire de cette sensation humiliante qui pèse sur ses épaules. Il sort son mouchoir pour s’essuyer le visage puis les lèvres avant de le jeter dans la poubelle la plus proche ; hors de question de remettre ça dans ses poches. Il revient auprès de Céleste et Louis, le visage moins blanc mais l’air plus sombre.

Il semble arriver au milieu de la conversation.

« Wynn et moi pouvons encore rester quelques jours en-dehors, mais j’ignore depuis combien de temps vous êtes là, Céleste. »

Si cela pouvait être régler ce soir même ou demain au petit matin, cela l’arrangerait. Il serre les poings avant de ramener ses mains dans son dos.

« Je vais avoir besoin de rester … Et de trouver quelqu’un en plus, de fait. Si tu as une suggestion. »

Regard en biais vers le vampire. Il préfère rester en retrait, de peur que la colère finisse par déborder sur son embarras.

TW : vomissement (mention)

Louis se rend-il seulement compte - de son ton, de ses mots, de ses phrases ? Non, probablement pas. Louis est bien plus autoritaire qu’il ne semble le faire voir. Vindicatif. On ne plaisante pas avec M. Wilson, à dire vrai.

Wynn s’exécute.
Fort bien.

S’il y a bien une question qui reste dans le fond de son esprit, c’est bien la manière dont tu as survécu toutes ces années, mordant au hasard hors de ton groupe sanguin, te retenant de pas en vomir. Louis a fini suffisamment de fois la tête dans la cuvette des toilettes de la Camarilla, ou dans les caniveaux d’une ruelle, pour savoir qu’il préfère s’éviter cette peine désormais. Il fouine, ou les repère à l’odeur de leur sang - évidemment, les autres groupes sanguins que le sien lui semblent parfaitement écœurants.

“Bien. Si nous pouvons toutes et tous rester encore un temps dehors, ce problème est réglé déjà.” Il joue avec ses canines, sans se rendre compte de ce tic. “Des suggestions ? Peut-être ?”

Hors de question d’avoir deux victimes supplémentaires dans un périmètre aussi restreint, il va de soi. A moins que Céleste apprécie avoir plus de travail que nécessaire, bien évidemment.

Et à ne pas mentir, Louis n’oublie pas son idée du pont isolé.
D’autant plus que l’on pourrait pousser la victime une fois le problème réglé.

Terriblement frustré qu’il est, Louis s’agace plus que de raison - généralement, une victime lui est suffisante, s’il n’a pas été malade bien évidemment. En vérité, il a surtout besoin de retrouver son calme, son sang-froid - sans mauvais jeu de mot - et son pragmatisme. Il se tourne alors vers Wynn, qui semble bien connaître l’endroit à ne pas mentir.

“Vous connaissez bien l’endroit après tout, auriez-vous des solutions d’urgence dans ces cas-là ?” Car il est persuadé que tu as déjà dû y faire face, n’est-ce pas ?
Et si jamais personne ne se dévoue, il ira sans doute dans un hôpital d’oncologie au petit matin, une fois les visites ouvertes.

Là-bas, il n’y aura pas de problème, normalement.

« Je peux rester. J'ai enfin l'autorisation pour rester plus longtemps ici, autant dire que je compte bien en profiter, même si ça vient avec plus de travail.

Ah bon. »

Léger roulement d’yeux, cachés derrière les mèches de ses cheveux en bataille qu’il tente de réarranger d’une main -en vain. Le malaise de Wynn ne se traduit pas que par son regard fuyant et son air plus pâle qu’à l’habitude, il se voit aussi par la transpiration qui perle sur son front et qui contribue à faire encore plus boucler sa chevelure. Il se demande par quel miracle qui que ce soit à considérer que laisser la possibilité à Céleste de chasser plus longtemps est une bonne idée mais il n’a ni l’envie ni la patience d’aller sur ce terrain. Alors il garde ses mots pour lui-même, se contentant de soupirer légèrement. Après tout, cela la regarde et ça ne l’intéresse pas vraiment. Il a d’autre chose à penser, dans l’immédiat.

« Bien. Si nous pouvons toutes et tous rester encore un temps dehors, ce problème est réglé déjà. Des suggestions ? Peut-être ? »

Un silence fait de plomb s’abat entre vous. Wynn ne dit rien, il n’a pas envie. Il est fatigué et c’est bien par pur obligation qu’il doit rester un peu plus longtemps au sein du groupe. Il considère que sa part a déjà été grandement remplie : après tout c’est lui qui a suggéré ce camp de fortune, a fait le guide et même le garde. Alors des idées, il n’en a plus vraiment. Et même s’il en avait il n’a juste pas envie. Une partie de lui a du mal à digérer l’emportement de Louis à son encontre, quand bien même il comprend partiellement la logique derrière. Il espérait au moins n’avoir que les réflexions et l’impulsivité de céleste à gérer alors l’attitude de Louis lui laisse un goût amer.

« Vous connaissez bien l’endroit après tout, auriez-vous des solutions d’urgence dans ces cas-là ? »

Il sent le regard de Louis, il le voit se pivoter vers lui. Il n’arrive pas à savoir ce qu’il y a dans sa voix : de la colère, de l’agacement, de la frustration ? Toujours aussi peu doué pour identifier ce genre de chose, Wynn serre les dents. Cela se voit, sa mâchoire prenant un air un peu plus carré, fermé. Oui, il connaît l’endroit et il commence à le regretter. Il n’a aucun désir de revoir encore une fois ses ruelles, il n’a pas envie de faire plus de victimes dans un endroit qu’il a que trop bien profané plus d’une fois. Mais les choix sont restreints et la nuit n’est pas éternelle il le sait mieux que quiconque. Probablement. Et il vaudrait mieux que tout cela soit enfin réglé, pour son bien.

« Il nous reste toujours la possibilité du bâtiment. Vu l’heure, il est probable que toutes les personnes à l’intérieur dorment déjà. Parfois il y a aussi des … volontaires. Des aidants. Plus de chance de connaître leur groupe grâce aux 献血カード.* »

Des cartes de dons de sang. Pour l’avoir déjà constaté une poignée de fois, la plupart des volontaires aidants pour les SDF viennent de la Croix rouge japonaise qui distribuent et se baladent quasi-systématiquement avec ce genre de cartes sur elleux. Peut-être que vous aurez de la chance.
Ou non.

« Je n’ai pas spécialement mieux à proposer mais n’hésitez pas aussi à suggérer quelque chose. »

Il se retient de rajouter que ça le changerait un peu.

Louis inspire, un long moment, vient frotter son nez de ses ongles peints de noir. Et la mâchoire légèrement serrée, à s’en briser les dents, à s’en faire mal aux muscles. De la pulpe du pouce, il vient jouer avec ses canines.

“Il nous reste toujours la possibilité du bâtiment. Vu l’heure, il est probable que toutes les personnes à l’intérieur dorment déjà.”
Louis lance une moue, c’est encore trop proche à ne pas mentir.
Quatre à cinq cadavres dans le même périmètre, l’idée ne lui plaît guère. Il préfèrerait largement attendre la nuit suivante, quitte à se séparer pour cette fin de chasse.
“Je n’ai pas spécialement mieux à proposer mais n’hésitez pas aussi à suggérer quelque chose”

Il souffle du nez.
Fort bien.

“Je pourrai presque proposer une boite de nuit, mais quelque chose me dit que ça n'est pas votre genre.” Louis hausse les épaules - en effet, ce ne sont pas ses lieux privilégiés, qu’il s’agisse des bars, boîtes de nuit, hôtels. Mais c’est toujours plus sécurisant qu’un autre bâtiment non loin.

Il regarde les corps à côté de vous.
Quel dommage, vraiment - qu’il doive encore se nourrir et que Wynn n’ait pas eu de chance. Il se frotte les cheveux, frustré légèrement que cette sortie ne se passe si bien qu’il aurait espéré.

“Bien, rester ici me semble trop risqué, et trop peu discret. Abandonnons l’idée du bâtiment, quand bien même ces cartes auraient pu nous être fort utiles.” Et il a dans l’idée que tu t’en trouveras soulagé, Wynn. “J’aurais bien songé à des bâtiments de fin de vie, maison de repos ou de soins terminaux de mon côté, plus en accord avec mes convictions personnelles bien sûr. Mais il est trop tard pour s’y infiltrer à cette heure tardive.”

Il se frotte le nez de nouveau, toujours frustré de sa soif encore présente, mais à l’esprit plus clair désormais - quel mauvais souvenir, que son comportement lors de son arrivée dans le Monde des Mort.es.

A ce stade, au vue des compétences, des réticences des uns et des autres, il se dit que vous feriez mieux de vous séparer.

Il écoute les propositions de Céleste. Un bar ? Un hôtel ? Peut-être qu’elle connaît bien ce genre d’endroit mais étrangement, Wynn n’est pas du genre à l’aise dans ces lieux. Quoi que les hôtels passent encore mais les bars … Le bruit, les gens, les odeurs. Le seul avantage c’est que c’est le lieu idéal pour trouver ce qui se rapproche de ses cibles habituelles mais là, présentement, après les mots que Louis lui a lancé au visage et son échec cuisant il n’a aucunement l’énergie de faire face à ce genre d’endroit. Il se contente donc d’un hochement négatif de la tête, léger, sans plus de commentaires. Tant qu’elle ne propose pas quelque chose d’encore pire.

« Je pourrai presque proposer une boite de nuit, mais quelque chose me dit que ça n'est pas votre genre. »

Soupir.

« Effectivement. »

A choisir le bar semble presque plus envisageable que la dernière suggestion de Céleste. Se murant de nouveau dans le silence, il observe Louis qui se frotte le nez -sans comprendre pourquoi, et Céleste qui continue de revenir sur les propositions du vampire. Il hausse les épaules ; au fond il est étonnamment d’accord avec sa compère vampire ; il ne comprend cependant pas sa remarque sur les aidants, qu’il laisse glisser en la fixant quelques secondes. Sa suggestion relève plus de l’ultime participation de sa part que d’une réelle envie de suivre ce plan. Entre les victimes déjà existantes, celles à venir, les personnes encore éveillé·e·s et le fait que vous êtes de moins en moins discrets il serait que très peu judicieux de rester. Louis souffle et étrangement, Wynn le prend assez mal. Au moins, bien qu’il trouve l’idée assez dangereuse, il essaye, lui. Mâchoire qui se serre encore un peu plus alors que les canines lui font un peu mal, il se fait craquer légèrement le cou.

« Voilà pour mes propositions.
Bien, rester ici me semble trop risqué, et trop peu discret. Abandonnons l’idée du bâtiment, quand bien même ces cartes auraient pu nous être fort utiles. »

Enfin quelque chose sur lequel ils sont en accord. Sans se sentir soulager, il hoche la tête pour montrer qu’il est du même avis. Un regard autour d’eux et il remarque que malgré le silence et le calme apparent, quelques vivant·e·s sont sûrement encore bien réveillé·e·s. Trop de risques, trop de paramètres inconnus. Louis suggère de nouveaux lieux qui ne déclenche aucune réaction chez le gallois. Il n’apprécie ni les hôpitaux ni les maisons de repos ; tout ce qui peut se rapprocher de soin hospitalier lui apporte un certain dégoût. Quant au pourquoi, seul lui semble le savoir et il n’est pas prêt d’en parler. Pied au mur, Wynn saisit ce qui semble être la chance de mettre fin au malaise grandissant de naviguer en groupe.

« Tout l’intérêt de la possible discrétion en groupe étant terminé, peut-être que les idées seront plus simples à trouver chacun de son côté. »

Il amorce un pas, jetant un dernier coup d’œil aux corps avant de grimacer.

« Je vous laisse retrouver le chemin pour sortir d’ici, ce n’est pas bien compliqué. Nos chemins se séparent ici, en cas d’urgence … »

L’hésitation se fait sentir dans sa voix ; mais il se rappelle des mots de son psychologue et dans un roulement d’yeux, il rajoute à demi-mot

« … Vous avez mon numéro. »

Sans attendre une réponse Wynn se met en marche dans une démarche presque mécanique, après un léger signe de tête, avant de disparaître rapidement. Il se rappelle maintenant pourquoi les sorties en groupe ce n’est vraiment pas agréable pour lui.

“Donc nous ne sommes d'accord sur rien. Parfait.”
“Il semblerait, en effet.” Il faudrait être fou pour ne pas le remarquer, au moins vous semblez tou.te.s d’accord sur ce simple point.
“Tout l’intérêt de la possible discrétion en groupe étant terminé, peut-être que les idées seront plus simples à trouver chacun de son côté.”
“Ça me va.”
“Également.”

D’un commun accord donc, vous voilà qui vous séparez.
Un soulagement, cela va sans dire - si Louis apprécie les sorties de groupe de temps à autre, ce n’est pas toujours le cas, et surtout il préfère avec des personnes qui ont des idées similaires et des points de vue proches. Ça évite bien des discordes et des déconvenues.

“Je vous laisse retrouver le chemin pour sortir d’ici, ce n’est pas bien compliqué. Nos chemins se séparent ici, en cas d’urgence… Vous avez mon numéro.”
Louis hoche la tête, quand même il n’est pas sûr que tu sois la personne qu’il préfèrerait appeler en cas d’urgence.
“Sur ce, messieurs, passez une bonne soirée.”
“Messieurs-dames.”

Il réajuste son veston d’un geste mécanique, encore un peu frustré. Wynn s’enfuit sans demander son reste, Céleste le suit de près. Et le voilà, Louis, seul dans la ruelle. Il plisse du nez, comme incommodé par l’odeur.

Sans attendre plus longtemps, il finit également par s’éloigner.
La chasse continuera demain, il peut encore rester un temps dehors.