Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
Shirley attendait nerveusement que les portes de l’ascenseur s’ouvrent pour pouvoir rejoindre son appartement. N’ayant pas le courage de descendre les nombreuses marches pour se rendre jusqu’à Lascaux aujourd’hui, elle espérait être la seule qui daignerait faire confiance à cet ascenseur de malheur à cette heure-ci. Mais non : des gens avaient tôt fait de la rejoindre et d’attendre avec elle l’arrivée de l’élévateur. Ayant peur d’avoir l’air bizarre si elle partait simplement alors que les portes allaient s’ouvrir, Shirley avait préféré prendre son mal en patience.
Les portes s’ouvrirent et laissèrent entrer les quelques personnes. La jeune femme, pour sa part, s’était adossée contre l’ascenseur pour ne gêner personne. Enfin, adossée n’était peut-être pas le terme approprié… Elle pressait son dos contre celui-ci avec force, comme si elle désirait se fondre dans le mur pour ne pas qu’on la remarque. Pourtant, les spectres ne semblaient pas porter attention à elle. Shirley jetait des regards furtifs à ces personnes avec qui elle devait partager l’ascenseur pour s’assurer qu’ils ne se moquaient pas d’elle ou qu’ils ne dévisageaient pas ses bandages d’un air curieux. C’était une torture… Atteindre le prochain niveau semblait prendre une éternité…
La petite sonnerie tant attendue retentit enfin. Les portes s'ouvrirent et les autres fantômes sortirent de l’ascenseur d’un pas un peu pressé. Shirley soupira de soulagement en voyant qu’elle était désormais seule. …Ah non. Son regard se posa sur une Lémure au visage familier qui était là, tout aussi anxieuse qu’elle. Shirley l’avait croisée quelques fois à l’Agence Azazel, mais elles ne s’étaient jamais adressé la parole. Généralement, elle ne faisait pas très attention aux autres fantômes qui habitaient dans les appartements avoisinants, mais celle-là avait particulièrement attiré son attention. Son attitude changea, elle semblait un peu irritable. Elle était belle. Trop belle. Cette inconnue était la définition incarnée de la féminité. Shirley la détaillait avec attention, le regard un peu méchant. Ses beaux cheveux noirs qui cascadent magnifiquement dans son dos… Ils sont tellement beaux, tellement lustrés… Pfff… Elle doit passer des heures chaque matin à en prendre soin! Son regard redescendit doucement vers sa silhouette aux courbes délicates mais agréables avant de remonter à son visage. Non mais regardez-moi ça… Ses belles formes gracieuses et séduisantes. Elle a été gâtée par la nature elle en tout cas! Ses mensurations sont parfaites… Les hommes doivent se jeter à ses pieds, alors qu’en vrai elle ne doit rien avoir dans le crâne. Sans parler de son visage. Des beaux yeux en amandes et des beaux traits fins qui expriment l’innocence même… Elle a dû en émouvoir plus d’un. Elle a de belles lèvres aussi, pulpeuses et désirables. Non mais franchement. Que c’est injuste. En plus, cette froideur qui marque son visage, quel gâchis… Oh, elle doit bien avoir quelques années de moins que moi, aussi. Ses traits sont un peu moins fatigués. Dans une expression méprisante, Shirley plissa les yeux en la dévisageant. Connasse.
Un bruit inquiétant résonna dans la cabine d’ascenseur. Une violente secousse l’agita, si bien que la jeune femme dû se rattraper sur la rampe pour ne pas tomber. La lumière au-dessus d’elles vacilla un peu. L’élévateur était immobilisé… Shirley avait perdu son dédain, désormais inquiète. Elle se dirigea vers les boutons et essaya d’appeler de l’aide. Ça ne fonctionnait pas…
L’inconnue posa sa main sur l’épaule de Shirley et la dégagea. La jeune femme s’écarta, même si elle savait bien qu’elle ne réussirait pas à faire opérer le tableau de commande. Elle promena son regard dans les alentours à la recherche de quelque chose qui pourraient les sortir de là. Ses recherches fut vaines, évidemment. Il n'y avait rien dans la pièce qui pourrait les aider à forcer la porte... La panique commençait doucement à s’emparer d’elle. Tranquille, pas besoin de s’inquiéter… Ils vont bien finir par se rendre compte qu’il y a quelque chose qui cloche! Ils vont pas nous laisser mourir UNE DEUXIEME FOIS, franchement..!
À nouveau, la lumière menaça de s’éteindre pour de bon. La peur envahissait un peu plus les deux jeunes femmes prisonnières de ce foutu élévateur. La belle étrangère craqua et frappa avec violence les portes, comme si cela pourrait les aider. Shirley qui aurait normalement cherché à la réconforter et à la calmer était trop concentrée à contenir sa propre terreur. Tout va bien aller, tout ira bien, on est coincées mais les techniciens vont réaliser que l’ascenseur est bloqué et ils vont venir nous aider! La brune lança un regard terrifié à la métisse comme lui demander si elle savait ce qu’elles devaient faire. Une nouvelle secousse fit trembler la cabine. Cette fois-ci, Shirley n’arriva pas à se rattraper à la rampe pour préserver son équilibre et s’affala. Près d’elle, la jolie demoiselle était aussi au sol. En tombant, elle sa tête s’était fracassé contre le mur. En voyant le sang, Shirley perdit son sang-froid. Son attitude froide et méchante était désormais bien loin…
—Tout va bien? s’enquit-elle d’une voix tremblante et inquiète.
Les lumières s’éteignirent d’un coup. Les deux jeunes femmes apeurées se retrouvaient dans l’obscurité la plus totale. Shirley poussa un petit gémissement effrayé. La respiration bruyante de l’inconnue ne la rassurait point. Elle sentit une main s’agripper à sa manche.
—Ça va aller, tout ira bien, dit-elle d’une voix peu convaincue, plus pour elle-même que pour la spectre qui s’accrochait à elle.
Un grincement sinistre se fit entendre. Shirley mit à trembler. Puis, le silence retomba. Un silence pesant, un silence inquiétant, un silence qui précéderait peut-être même leur mort… Quelques instants s’écoulèrent. Les ténèbres les enveloppaient toujours et la cabine était immobile. Dans l'esprit de la brunette, une image terrifiante : l'élévateur oscillait doucement, suspendu par un câble qui menaçait de se rompre. Comme pour se rassurer, Shirley s’était elle aussi agrippée à l’étrangère.
—…Je pense que c’est fini… chuchota-t-elle, comme si elle craignait que seule sa voix suffise à faire céder les câbles qui les retenaient.
Ses mains se détendirent un peu sur les vêtements de la Lémure. Elle se sentit aussitôt gênée, mais ne trouvait pas le courage de s’éloigner.
—Il faut juste attendre, le pire est passé...
—Oui le pire est passé, ça va aller, on va venir nous chercher.
Elle avait parlé d’une voix claire et assurée qui avait un peu calmé Shirley. Elle sait ce qu’il faut faire! Même si elle a paniqué, maintenant elle est si confiante! On va s’en sortir! assumait-elle en restant toujours près d’elle. Dans les moments de crises, elle n’avait jamais été très bonne pour se rassurer elle-même et les autres. En bonne trouillarde, elle préférait laisser la rôle de leader aux autres et se laisser diriger… La jeune femme sentit quelques délicates caresses sur le dos de sa main. Puis, celle-ci perçut un mouvement et des gémissements de douleur. La tête de la plus jeune devait la faire souffrir.
—Merde, souffla l’inconnue. Je vais vous lâcher maintenant, sussura-t-elle cette fois-ci tout près de son oreille. J’ai perdu beaucoup de sang et je ne pense pas pouvoir en perdre plus. Il me faudrait un bout de tissu pour arrêter le saignement. Je vais le prendre de ma chemise. Pourriez-vous m’aider ?
En guise de réponse, Shirley geignit faiblement, toujours aussi effrayée, et lâcha à contrecœur le vêtement auquel elle s’était agrippée. De ses mains tremblantes, elle tâta les poches de son pantalon. Souvent, la jeune femme gardait des bandages sur elle au cas où son pansement pour dissimuler sa cicatrice se défasse. C’était de simples précautions pour éviter de montrer la balafre qui ravageait le côté gauche de son visage, mais elles auraient une tout autre utilité maintenant…
—Attends, attends… fit la brune en continuant de chercher.
Dans sa poche arrière, la spectre trouva enfin les bandages en se demandant si ça suffirait à bander la plaie.
—Pas besoin, j’ai quelque chose pour ça…
Panser une blessure n’était pas une tâche bien compliquée pour elle qui avait presque terminé sa formation en tant qu’infirmière dans le monde des vivants. Mais l’obscurité rajoutait définitivement du challenge… Elle ne savait pas si elle pouvait le faire. De plus, la pauvre femme n’était pas du tout en état de s’occuper de qui que ce soit. Des frissons d’effroi à chaque fois que l’élévateur tremblait la parcourait et son cœur battait si vite sous l’effet de la peur, si bien que Shirley savait déjà qu'elle aurait bien du mal à se concentrer sur les soins à prodiguer à sa comparse.
Elle chercha la main de l’étrangère, puis la trouva enfin après avoir palpé le sol à la recherche de celle-ci.
—Je vais le faire, il faudrait juste que tu me guides. C’est un peu difficile de faire ses propres bandages soi-même, crois-moi… Suffit juste que tu me montres où est la blessure, je m’occuperai du reste.
Avant d’exécuter le moindre geste, la métisse prenait le soin d’expliquer à la brune ce qu’elle faisait pour ne pas l’inquiéter d’avantage. Après lui avoir dit qu’elle se rapprocherait, Shirley et elles se retrouvèrent près, si près qu’elles pouvaient deviner son visage à quelques centimètres du sien à peine. Heureusement, ces mouvements n’avaient occasionnés aucunes nouvelles secousses. Guidée par la main de la blessée, elle trouva rapidement la blessure et évita de toucher directement avec ses doigts, un peu écœurée par ce sang qu’elle ne voyait pas.
—J’ai beaucoup saigné, je suis désolée si cela te gène un peu.. s’excusa-t-elle.
—Ça va…
Concentrée sur les soins, Shirley en oubliait presque qu’elles étaient coincées dans un ascenseur dont le câble céderait peut être…
—Ça va aller ne t’en fais pas, ils vont arriver. Maintenant que tu sais où est ma blessure, passons aux bandages
—Hm.. se contenta d’acquiescer son interlocutrice qui attrapa les bandages pour commencer à panser la blessure.
L’étrangère se rapprocha à nouveau, puis conduit les mains de l’infirmière improvisée sur son front pour qu’elle puisse bander la plaie. En plus de la noirceur, ses longs cheveux rendaient la tâche plutôt ardue. Pourtant, elles y arrivèrent. Alors que la brune allait déchirer le tissu pour faire le nœud, sa patiente détourna la tête.
—Ne bouge pas s’il te plait…
L’inconnue ne l’écouta pas : elle se rapprocha à nouveau et posa sa tête sur son épaule.
—C’est dur de travailler si tu es aussi près, recule, demanda Shirley.
Aucune réponse… Mais elle sentait sa poitrine se soulever et s’abaisser régulièrement contre la sienne, lui indiquant qu’elle était toujours en vie. Elle devina qu'elle était endormie. Un peu paniquée, la Lémure s’empressa de replacer avec difficulté les bandages et de faire le nœud pour qu’ils tiennent en place. Shirley la secoua très délicatement pour la sortir de sa torpeur, ne voulant pas affronter la peur toute seule.
—Réveille-toi. Réveille-toi, c’est pas le temps de dormir…!
Elle l’allongea au sol en soutenant sa tête pour éviter qu’elle se blesse davantage. La terreur s’emparait à nouveau d’elle. Sa respiration s’accélérait comme tout à l'heure. Tout va bien..! On ne va pas mourir ici… Non? .. Non? … La jeune femme releva les yeux et essaya vainement de distinguer son environnement malgré les ténèbres. Rien. Elle ne voyait rien. Un voile noir indestructible couvrait sa vue. Elle sentit le calme qu’elle avait regagné plus tôt se dissiper. Bien sûr qu’on va mourir ici! Ils auraient déjà dû venir nous chercher!! S'ils ne viennent pas dans trente secondes... Le câble va se rompre! Affolée, Shirley saisit le bras de l’étrangère sans délicatesse cette fois-ci et la secoua plus vivement. Elle n’a pas le droit de me laisser comme ça! Aller, réveille-toi! Câlice!
—Réveille-toi! Réveille-toi!
Dans sa panique, elle qui surveillait généralement son langage poussa quelques jurons.
La belle étrangère sortit de sa torpeur. Elle finit par se redresser et trouva l’épaule de Shirley pour y poser une main rassurante. Ce n’était pas suffisant. La lémure paniquée continuait de s’agiter en ignorant la métisse qui cherchait à la réconforter.
—Hey.. souffle un peu, ça va aller.
Ses paroles lénifiantes ne suffirent pas à la détendre, mais Shirley était un peu moins tendue. Puis, elle sentit des bras autour d’elle, un corps contre le sien, une douce caresse sur son dos. La spectre l’étreignait elle avec douceur. Progressivement, la respiration de la jeune femme se calma. Cette présence la détendait : elle n’était pas seule et elle pouvait s’accrocher à cette inconnue alors qu’elles allaient peut-être mourir. Elle sentit une main remonter doucement dans ses cheveux, puis sa propriétaire lui glissa quelques mots à l'oreille.
—Je suis là.
Comme en réponse à ses paroles, la lumière s’alluma brutalement et illumina la petite cabine de sa lumière blanche et désagréable. L'élévateur se remit en marche comme si rien n'était jamais arrivé. Après avoir compris que l'ascenseur était à nouveau fonctionnel, Shirley aperçut la belle chevelure noire et se tendit à nouveau. Non mais… En plus, elle est bienveillante et attentionnée… pensa-t-elle en serrant les dents. Elle est parfaite! Elle en a de la chance! Petite pute. L’obscurité n’enveloppait plus cette beauté, Shirley pouvait voir désormais ses beaux traits et sa superbe silhouette qu'elle enviait tant…
—Tu vois, tout va bien maintenant.
Jalouse, elle se dégagea vivement de l’étreinte et se leva. Il fallait que la jeune femme se maîtrise, qu'elle n'aie pas l'air aussi méchante... Pas après ce qui venait de se passer. Ainsi, ne voulant pas passer pour une ingrate, la brunette s’efforçait de paraître indifférente, voire même touchée par la bonté de sa comparse.
—Merci, lâcha-t-elle d’un ton sec, mais tout de même moins froid que tout à l’heure.
Elle jeta un œil aux bandages qu’elle lui avait faits tout à l'heure. Ils étaient déjà imbibés de sang. Bien fait pour toi. Elle réalisa ensuite l'ampleur de cette pensée... Shirley ne s’était jamais réjouie du malheur des autres auparavant et n'en était pas fière du tout… Quelle horrible personne elle faisait. Comme pour se faire pardonner même si son interlocutrice n’avait pas la moindre idée de ce qui se passait entre ses deux oreilles, la jeune femme s’efforça de lui sourire, puis de lui tendre la main pour l'aider à se lever.
—Il faudrait que tu ailles à l’infirmerie pour ta blessure. Ils vont s’assurer que tu n’as rien de grave et désinfecter la blessure.
L’ascenseur émit un « ding » avant qu’elle puisse répondre. Shirley leva les yeux vers l’afficheur au-dessus de la porte pour voir à quel niveau elles se trouvaient. Voyant qu’il s’agissait de l'étage en question, elle s’empressa de poser sa main sur son bras pour la retenir et ajouta :
—On est au bon étage. Je viens avec toi, je suis inquiète.
Elle mentait. La jalousie prenait le dessus sur son empathie et sa compassion habituelles. Shirley ne le faisait que pour se donner meilleure conscience et pour prouver se prouver à elle-même que ses pensées désobligeantes ne faisaient pas d'elle une personne foncièrement méchante. Et même… Même qu’elle allait tenter de devenir son amie! Ses agissements étaient hypocrites et peu sincères, mais ces intentions qu'elle ne s'obstinerait pas à garder très longtemps lui permettaient de se sentir déjà mieux.
La jeune femme sortit de l’ascenseur en tenant la porte pour son « amie ». À nouveau, la Lémure lui adressa un sourire doucereux.
—Viens!
|
|