Stalker Alert

Stalker Alert

- Albert Reporter -

Je suis finalement arrivé au bureau de tabac. D’un air malaimable je demande une cartouche de cigarettes - c’est le plus économique pour moi, vu ce que je fume -. Et puis… Je dois sûrement un ou deux paquets à Eden. Il faudra que je lui parle de ma rencontre d’ailleurs, même si je n’ai pas de nom à lui filer. Il faut vraiment qu’on endigue ce phénomène car ça commence à devenir sérieusement flippant.

Des personnes me collent aux basques à présent. Bientôt ils vont faire quoi? Fracturer ma porte et venir se rouler dans mes bras? Égorger un pigeon sur mon bureau et répandre ses entrailles encore pulsantes partout sur les murs puis le clouer sur ma porte? Quelle est la limite de ces personnes derrière leurs écrans, protégés de tout, sans peur puisqu’ils n’ont jamais eu à s’impacter à la réalité du monde.

Je place mes ossements devant le vendeur, faisant difficilement le compte. Je ne suis toujours pas habitué à la monnaie d’ici et j’ai tendance à sur-estimer le coût de la vie. Habitude sûrement… Je ne sais pas. Il me rend ma monnaie, la cartouche que je déballe en m’éloignant un peu de la caisse. Nerveusement je défais le plastique de l’emballage et enfonce dans mes poches internes tous les paquets. Le dernier je le garde, en tire une clope et la porte à mes lèvres.

Ha merde. Je suis trempé. J’essuie difficilement mon front avec ma manche mouillée et soupire. Quelle putain de galère. Il m’a réellement mis à bout alors que la journée devait bien se passer. J’avais réussi à éviter tous les improbables locataires du Bchobiti pour me retrouver là avec un merdeux qui me marchaient sur les talons? A ce train là ça aurait été bien plus rapide de taxer un paquet à @Eden Indentshi, à ce compte là je suis sûr qu'il finira par me les filer en automatique.

Enfin… La pluie semble s’être arrêtée et je discerne ce moucheron non loin. Ok c’en est trop. Je le sème à la première occasion. De plus, hors de question qu’il sache où je réside.

Je passe la porte, lui adresse un doigt d’honneur et commence à tracer dans les rues. Une succession improbable, gauche, droite, tout droit, droite gauche… A m’en perdre presque. Heureusement que j’ai toujours le plan qu’il m’a filé pour m’y retrouver.

De fil en aiguille, peu à peu je lui mets de la distance et disparais dans les rues tortueuses de la ville. Le ciel a l’air d’avoir repris de ses couleurs bleues et… Je sais pas. Je me suis laissé aller à marcher, comme ça. Juste pour voir où mes pas allaient me mener.

Loin de ce geek je termine ma journée sur un banc en inspirant ces volutes blanchâtres et désordonnées. Mes écouteurs sur le crâne et simplement le néant nécessaire à se poser. J’ai besoin d’être seul, ne reviens jamais dans mes pattes l’otaku.