V comme Vampire

V pour vampire

- Ouais mais t'es lémure. -

Je sens quelle est sur le point de craquer et ses dernières phrases ne sont que plus de preuves de son état. Je retiens un soupire et manque de lever les yeux au ciel. A la place j’hausse simplement les épaules et lui réponds de façon plutôt monotone (comme à mon habitude il faut l’avouer).

— Ça nous fait au moins un premier point commun.

Que dire de plus? Et « mortel »? Pourquoi cette appellation. Enfin, soit. J’ai ouvert la porte et l’ai invité à me suivre en faisant signe au garde qu’elle était désormais avec moi. Nous n’allons pas quitter l’agence mais pas non plus tourner autour de cette porte comme deux mouches autour d’un pot de miel.

A la place j’ai tout bonnement décidé de l’amener dans le bureau où je bosse avec Akio. Au moins j’y ai un cendrier, un second paquet de clopes et les sièges sont plutôt confortables alors pourquoi chercher plus loin. Je reste silencieux en marchant dans les couloirs, fouillant ma poche pour en sortir l’étui à cigarettes dont j’extrais une clope que je porte mécaniquement à mes lèvres, je recommence la manipulation pour trouver mon zippo afin d’allumer ce qui me tient entre les lèvres.

Je ne pige pas pourquoi ce monde n’a pas un seul putain de psychologue dédié à l’arrivée des morts. Ce bon roi Josh’ n’a pas le temps de nous accorder plus de trois mots à notre arrivée mais crapahuter dans le pull d’une blonde en plein pôle nord ça… J’te jure. Encore heureux qu’Akio se prenne pas pour une princesse Disney sinon ça aurait été le pompom.

— Raconte-moi ton arrivée dans le monde des morts, est-ce que le roi a pris le temps de t’expliquer quoi que ce soit un peu ou…?

Ou il t’a expédié comme bon nombre de nous.

De rencontrer cette fille me fait me rendre compte qu’il ne s’agit pas simplement d’encadrer les vampires avec ces pulsions sanguinaires qu’ils ont. Il y a les spectres en général, lémures, nécromanciens, zombies, chimères… Constater sa mort n’est pas une mince affaire. Il faudrait qu’on arrête de nous prendre pour des guignols et que l’on tente à minima de créer une cellule de crise avec un centre de tri pour voir qui est en état de choc, qui a besoin d’un soutien psychologique, ceux qui vont aller droit dans le mur puis ceux qui ont juste besoin de prendre une grande inspiration avant d’entamer leur mort sereinement.

Nous arrivons devant la porte du bureau. J’attrape les clefs dans ma poche et les insère dans la serrure. Je retire aussi ces quelques posts-it indiquant que d’autres services ont besoin de divers documents ou encore de signatures de la part d’Akio. Je vais lui demandé de me filer une dérogation ça ira quinze fois plus vite. Akio je sais pas ce que tu fous mais parfois j’me demande si tu fais pas de l’aquaponey rien que pour m’emmerder.

Je pousse la porte et fais signe à la jeune femme d’entrer.

— Mon bureau, enfin, celui du roi des vampires. Installe-toi je t’en prie.