Fishes and Mice are both cat's toys..| ft. Takeshi Koï

Sortir. C’était cela. Swann était sortie de son appartement. Cela faisait deux semaines et quatre jours qu’elle n’était pas sortie. Elle en avait soudainement eut le besoin. Besoin de prendre l’air ( aussi frai soit il ), de changer de décor, d’entendre autre chose que la musique mise à fond dans les chambres de ses colocataires. Juste, sortir.

Elle avait enfilé ses vêtements, toujours aussi larges pour elle, et elle avait prit un livre avec elle. Quel livre ? Peu importait, tant qu’il pouvait lui permettre d’apprendre. C’était un après midi d’hiver et la jeune femme avait froid, malgré les nombreuses couches de vêtement qu’elle portait. C’était peu agréable, et elle n’en avait plus agreable. Mais ça faisait du bien, et elle en avait besoin. Alors elle restait dehors, malgré ce froid.

Swann s’était assise contre un arbre, les oreilles rabattues contre le crâne. Elle avait eut du mal à se concentrer sur sa lecture en premier lieu. Un mal de crâne et la peau frissonnante, elle regardait l’eau glaciale qui coulait près d’elle. Elle se trouvait proche d’une rivière, l’eau émettait un bruit apaisant qui l'empêchait de détourner ses yeux des flots.

La chimère avait prit certainement une bonne une demi heure à se souvenir de l'existence de l’ouvrage dans sa main. Depuis sa mort, la jeune femme avait parfois des troubles de la concentration assez dérangeant, comme parfois des moments d'absence quand elle ne se souvenait plus d’un détail qui lui paraissait évident. Comme à l’instant d’avant, quand elle s’était perdue à observer l’eau.

Finalement, quand elle avait ouvert l’ouvrage, elle avait plongé son regard entre les mots japonais dont il fallait qu’elle se souvienne, qu’il ne fallait surtout pas qu’elle oublie. C’était fou, comme ça lui faisait du bien de se perdre à lire quelque chose, à oublier que son renouveau n’avait pas eut lieu. Oublier qu’elle était comme dans une bulle depuis plusieurs mois, comme en arrêt, un film sur pause. Que tout ce qu’elle faisait, c’était apprendre par coeur des livres...qu’elle avait déjà lu...et qu’elle oublierait certainement dans quelques mois...

Swann n’y arrivait pas, elle n’arrivait tout simplement pas à se concentrer sur cette tâche pourtant si simple qui consistait à lire un foutu livre qu’elle avait déjà lu un bon nombre de fois. Elle soupira alors qu’elle fermait son livre, reposant sa tête contre l’arbre. Elle regardait devant elle avec un air ennuyé. Que fallait-il qu’elle fasse pour aller mieux ? C’était bête parce qu’elle était là pour rattraper ses erreurs de sa vie...Mais elle restait renfermée sur elle même et se morfondait sur ce qui n’allait plus. Elle n’avait plus sa mémoire d’autrefois, elle avait plus de mal à se concentrer.

La chimère souris regardait les flots en silence, ne faisant attention qu’au mouvement de l’eau et des êtres qui y vivaient. C’était reposant, il n’y avait pas à dire, mais cela la coupait du monde au point qu’elle ne remarqua pas tout de suite qu’elle n’était pas seule. Ce n’est que quand quelqu’un passa devant son champ de vision qu’elle cligna plusieurs fois des yeux en se demandant ce qui se passait. Elle regarda l’autre mort avec un air interrogateur dans les yeux.


“Dans les bassins, les bas-fonds, les rois sont...Vous ! Mes jolis et mignons poissons !”

Swann sursauta quand l’homme haussa la voix. Eh bien, il avait l’air passionné. Il n’y avait pas à dire. Elle pencha la tête sur le côté, bougeant les oreilles. Il n’avait pas l’air bien méchant, à s’extasier devant les êtres aquatiques qui peuplaient la rivière, mais il fallait toujours se méfier. Elle ramena doucement ses jambes contre son torse tandis que l’inconnu semblait enfin se rendre compte de sa présence. Il se tourna vers elle et lui adressa la parole.


“Hum, toi aussi tu les admires ?”

Elle ne sut pas quoi répondre en premier temps, prise de court. Mais elle ne resta pas silencieuse bien longtemps, parce que bien qu’elle se méfiait, elle n’était pas impolie. Elle l’observa en montrant son livre.

“Je n’arrivait pas à me concentrer sur ma lecture, alors je les observais, oui.”

Il ne semblait pas connaître le livre qu’elle tenait dans la main, alors elle ne s’attarda pas sur le sujet. Restant dans cette position qui lui donnait l’impression d’être protégée, Swann le regardait en retroussant son petit nez. C’était une bien étrange personne, même s’il ne semblait particulièrement méchant. Il avait l’air de bien réagir à la réponse qu’elle lui offert, très bien réagir même. Elle baissa une oreille, alors qu’elle abordait un regard interrogateur en direction de l’inconnu.

"Je le savais ! Faut avouer qu'elles sont belles !
Je pourrais installer un siège et une ombrelle,
Puis les observer des heures pour m'détendre...
J'ai envie de toutes les prendre
Dans mes bras, contre mon cœur
Et que l'instant dure en longueur...
Ah... Ce que je les aime mais au fait...
J'espère que je ne te gêne pas avec ma causette.", avait-il répondu peu de temps plus tard.

Swann sembla tiquer à sa façon de s’exprimer. Il semblait donner de la musicalité à chacun de ses dires, comme s’il parlait sous forme de poème. Et il fallait dire que la chimère souris aimait les poèmes. Elle adorait lire après tout. C’était bien étrange comme façon de parler, mais c’était assez beau à entendre, même s’il ne disait rien de spécial. La chimère se demanda si elle saurait faire cela elle aussi, mais elle n’osa pas essayer. C’était un inconnu après tout.

Un inconnu passionné, il n’y avait pas à discuter sur cela. Il aimait venir ici, et il aimait ces petits êtres aquatiques. Swann souris légèrement, sans réellement s’en rendre compte parce qu’elle n’en avait pas vraiment l’habitude. Elle n’avait rien qui la rendait aussi enthousiaste que lui et les poissons, si ce n’étais l’idée d’apprendre de nouvelles choses. Elle se demanda d’ailleurs s’il pouvait lui en apprendre un peu plus sur ses êtres des flots.

"C’est vrai que ça me détend aussi, de les regarder. Je n’ai pas l’habitude de venir ici, mais quand je viens je me sens bien.", elle bougeait les oreilles quand elle parlait de ce sentiment d’apaisement. "Tu ne me gêne pas du tout !", elle réfléchit un instant après cela, hésitante. "Hum...tu en sais beaucoup sur elles ? J’aime apprendre...ça m'intéresse !"

Swann sourit légèrement en voyant l’air ravi de l’homme. Elle se détendit légèrement et se redressa, elle s’approcha des flots, tout en restant néanmoins à une certaine distance de l’homme. La chimère s'asseyait en tailleur cette fois, regardant les flots en bougeant les oreilles. Elle posait son regard de temps à autre sur l’homme qui reprit la parole, aux anges.

“Dans ma vie précédente j'étais vendeur !
Ces êtres sont loin de tous ces glandeurs,
Elles rêvent de grandeur dans leur lagon.
C'est ce que raconte le mythe de la Porte du Dragon.
À contre-courant, peu importe les cascades et les monts,
Et qu'avec la force de leur volonté, seules face au monde;
Rien à faire d'une méchante mère ou d'un père sévère,
Elle restent, se démènent et persévèrent.
Elles sont un exemple pour tous !
Puis, elles ont l'air si douces !”

La chimère souris écouta toutes les paroles du passionné avec attention, essayant de se souvenir de tout. Il avait été vendeur ? Vendait-il des poissons dans une animalerie ? Swann retroussait son nez alors qu’elle réfléchissait. Elle ne connaissait pas non plus le mythe dont il avait parlé. En y repensant, la souris ne s’était jamais interessée de très près des mythes et légendes. La jeune femme fut de cette façon très intéressée par ses paroles. La façon dont il expliquait les choses donnait un air de conte à ses dires. Swann finit par regarder de nouveaux les flots. Est-ce que l’on pouvait réellement prendre les carpes pour un exemple ? Il était vrai qu’elles étaient silencieuse et téméraires...Elle passa sa main sur le bord de l’eau, les poissons ne semblaient même pas apeurés.

“Malheureusement, on ne peut que les observer, si on s’approche de trop, elles s’en vont. C’est comme un objet, un bijoux que l’on ne pourrait pas toucher.”, elle semblait réfléchir intensément.

Tout à coup les êtres de l’eau semblèrent s’agiter et s’en allèrent plus loin. La petite souris sursauta quelques peu avant d’éternuer. Automatiquement, comme à l’instinct, elle baissa les oreilles et regarda tout autour d’elle en bougeant son nez. Proche d’eux, à quelques mètres se trouvait un chat blanc ( du moins taché par la crasse ) qui touchait l’eau avec ses pâtes. Swann éternua une seconde fois avant de mettre sa main sur son nez, se reculant.


“..Un chat..Je suis allergique !”

La jeune femme se tendait à la vue de l’animal qui était la cause de ses éternuements. Elle semblait de nouveau se tendre, pas seulement à cause de la présence de l’animal mais aussi parce que cela la mettait dans une situation très inconfortable. Son interlocuteur quant à lui, réagit au quart de tour et se précipita vers l’animal. La chimère, les oreilles plaquées contre le crâne, l’observa. Il fit de grands gestes des bras afin de faire fuir la bestiole, qui d’ailleurs prit en effet la poudre d’escampette. Swann resta bien sagement assise, se recroquevillant de nouveau, éternuant encore un peu.

“Et que je ne te revois pas, sale chat !
Je les hais, ils ne méritent que mes crachats,
Il faut toujours que je les chasse...
En plus ils n'ont aucun charme…”

La petite souris ne détestait pas les chats, mais il était vrai que ces animaux parfois pouvaient vraiment être cruels, et leurs poils dérangeaient particulièrement la jeune femme. Alors que l’homme revenait vers elle, Swann passa sa main de nouveau dans l’eau, les yeux larmoyants à force d’éternuer sans arrêt. Elle lui fit un léger sourire en hochant la tête comme pour le remercier, alors qu’il prenait de nouveau la parole.

“Toi non plus tu n'as pas l'air de les apprécier.", dit-il.

Swann secoua la tête négativement, les oreilles baissées alors qu’elle s'essuyait les yeux. Elle se remise en tailleur alors que l’homme s’asseya de nouveau auprès d’elle. Elle lui fit un petit sourire avant de prendre la paroles.

“Je suis littéralement allergiques à leur fourrure...ce n’est pas pratique, en plus l’un de mes colocataires a un chat.”, elle rit doucement.

Elle regardait de nouveau les flots, observant les habitants de l’eau revenir timidement vers eux, le danger éloigné. Les poissons avaient quelques points communs avec elle, la petite souris. Elle haussa une oreilles.

“J’ai l’impression..de voir mon reflets en les poissons…”, elle haussa un sourcil. “Enfin, ils sont calme et doux...ça me fait un peu penser à moi..”, elle rit. “Et puis les poissons et les souris sont tout les deux les victimes et les jouets des chats…”, elle se gratta l’arrière de la tête, retroussant son nez.