Peek a Boo ! •• V.4.2
Peek aBoo !
Forum RPG paranormal • v.4.2 • Rp libre
Tout commence après la mort : découvrez un au-delà chatoyant où les rires remplacent la douleur.

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dans le Monde des Morts


Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.

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Personnages attendus

Yvan, son ex-compagnonpour Abraham Zakarian

起死回生

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#11
Terminé22.08.18 14:01
Live Volcano
Pandora & Kazoo Ses remarques narquoises sur mon style de vie et sur ma dépendance à Deathflix ne m’avaient pas empêché de tout de même lui proposer mon aide. Visiblement, j’étais naïf à ce point. Cette danseuse ne savait pas comment s’adresser aux gens, pire encore, elle était tout simplement incapable de communiquer correctement avec les autres. Pandora était peut-être gracieuse lors de ces spectacles de ballet, mais elle laissait visiblement toutes traces de délicatesse sur scène. À force de pratiquer un sport aussi élégant, cette femme avait possiblement épuisé les dernières miettes de gentillesse qui lui avaient été transmises à la naissance. Elle était désormais qu’une petite boule de remarques superflues, moqueuses, insupportables.

Cette zombie que je ne voyais que très rarement s’imaginait me connaître. Elle insinuait que je sortais de ma taverne que pour m’acheter à boire et à fumer. C’est en y repensant plus tard seulement que je réalisai qu’elle n’avait pas totalement tort… C’était seulement sa façon de m’envoyer le message qui n’était pas approprié du tout. J’avais mieux à faire que d’écouter une inconnue me rabaisser davantage quant à mes états d’esprits que je ne pouvais déjà à peine contrôler. Elle savait comment dénicher les plus faibles pour se valoriser. La preuve : elle m’avait trouvé.

Cette menace qu’elle me lança et qui disait que tous à l’appartement envisageait de m’y sortir si je n’arrêtais pas de me plaindre m’inquiéta… En fait, pendant un instant, je crus tout ce qu’elle racontait. Et si c’était vrai? Je sentis mon cœur se serrer. Ces petites voix dans ma tête se nourrissaient des mots de ma colocataire. Je ne pus m’empêcher de me répéter que j’étais toujours une nuisance, même après la mort.

Elle me fit même oublier pendant un cours instant que je ne pouvais pas être un réel fardeau pour les autres habitants de l’appartement. Après tout, j’étais l’un des plus silencieux. S’il y avait quelqu’un à détester à Jules Verne… C’était bien elle.

C’est seulement après m’avoir « délicatement » affirmé que je n’étais pas utile et que mon aide ne lui était en rien essentiel que la neige dévala dans son cou. C’est sans surprise qu’elle me répondit agressivement lorsque je m’assurai qu’elle allait bien. Vu sa réaction vigoureuse, je devinai qu’elle ne pouvait pas tomber malade vu les spectacles qu’elle devait tenir. Ce moment choquant me prouvait que mêmes les gens horribles pouvaient être dotés de grandes passions.

Elle accepta tout de même de me trouver une petite place lors de ces prochains spectacles. Du type dramatique, la bête de scène m'avait presque fait changer d'idée en me répondant. Je ne m'y attardai pas plus longtemps. Elle était comme ça. Rien d'important n'était à signaler. (L'inverse aurait été fort plus inquiétant et potentiellement présage de mauvaises fortunes.)

Je ris un peu alors qu’elle me demandait si j’étais « du genre girouette ». Elle n’avait pas tort. Je lui avais tout de même proposé mon aide, même si je ne l’aimais pas particulièrement… Pire encore, je trouvais cette zombie totalement détestable. Alors pourquoi je l’aidais?

- Je dirais plutôt que je suis du genre sympathique.

Je soupirai et marmonnai, beaucoup moins fort :

- Et avec certaines personnes qui ne le méritent pas, parfois.

La question qui suit était des plus basiques, mais l’intérêt qui traversait son regard prouvait de nouveau que le ballet lui tenait grandement à cœur. De mon vivant, je n’avais jamais eu l’occasion d’y assister.

- Malheureusement, non. Les seuls auxquels j’ai eu la chance d’assister étaient des spectacles de musique… De piano surtout.

Ayant pratiqué le piano pendant quelques années de ma vie, j’avais régulièrement assisté aux performances de plus grands pianistes que moi. Lors de compétitions, je prenais aussi plaisir à écouter les notes défiler sur les instruments de mes compétiteurs. C’était une excellente façon d’inviter l’inquiétude et l’angoisse dans mon petit cerveau déjà fortement en demande. Toutefois, en raison de ce stress qui se déposait sur moi tel une tempête glaciale, je n’avais jamais gagné une quelconque place de valeur lors de ces compétitions. Ces bêtes noires figeaient mes mains, les empêchant ainsi de danser sur les notes de cet imposant instrument à corde. Parfois, elles me faisaient oublier les touches sur lesquelles je devais appuyer.

- D’une certaine façon, j’ai moi aussi déjà été danseur.

Ces mots étaient sortis tout seul. Je n’avais pas remarqué que la métaphore ne faisait pas nécessairement sens en dehors de tout contexte, j’ajustai.

- Eh bah, j’étais pianiste, en fait.

Petit sourire. Je regardai au loin comme Pandora l’avait fait. La brume qui couvrait le ciel ne pouvait pas être de bon augure. Je la suivis tandis qu’elle partit en direction de l’appartement, me recommandant de la suivre. Le vent commençait à se lever.

- On ne voudrait surtout pas que ça arrive. Sarcastique, je rigolai un instant avant de reprendre mon sérieux. J’étais plutôt sincère cette fois. Je ne voudrais pas que le froid te rendes malade et t’empêches de danser.

Peu importe à quel point son attitude me dégoûtait, je ne voulais pas l'empêcher de pratiquer sa passion. Je lui laissais le bénéfice du doute. Cet individu détestable avait peut-être ses raisons... Son vécu la poussait sans doute à agir d'une façon aussi déplorable. Du moins, je l'espérais.

- Et on dirait bien que la mémoire ce n’est pas ton fort, hein?

C’est parce que j’étais persuadé qu’elle le faisait exprès que j’avais osé lui dire. Autrement, Je n’aurais jamais fait une telle remarque.

J’accélérai le pas jusqu’à l’atteindre. Le vent était désormais bien plus fort… bien plus froid. Conscient qu’il nous restait quelques minutes à marcher avant d’approcher les appartements, je voulais mettre toutes les chances de mon côté pour éviter ses commentaires blessants, oui, mais aussi ces bourrasques glaciales. Et quoi de mieux que de la faire parler de sa propre personne? Imbue d’elle-même, elle allait probablement prendre un grand plaisir à le faire.

- En fait, tu fais du ballet depuis longtemps? Tu as un rôle particulier dans ce spectacle que tu vas faire dans le temps des fêtes? Tu sembles mettre beaucoup d’énergie dans tout ça.

Le seul avantage que j’avais trouvé à entretenir une relation avec Pandora était que sa grande présence faisait souvent une ombre sur moi. Avec elle, je passais inaperçu, je n’avais pas à parler de moi et c’était parfait ainsi.

Pris entre ma colocataire et le froid, j’étais conscient que la danseuse allait sans doute trouver une façon de m’embêter, mais que voulez-vous : Elle avait été créée ainsi.

- Je ne veux pas te couper la parole, mais on dirait que le vent n’est pas prêt de partir.

Effectivement, le froid devenait de plus en plus insupportable et me faisait regretter les vêtements que je portais. Ceux-ci qui n’étaient pas du tout appropriés pour les hivers, quoique moins froids que ceux que j’avais expérimentés, du monde des morts.

Puisque le froid intense venait tout juste de s’installer, mes os ne faisaient toujours pas mal, mais je savais qu’il ne tarderait pas si nous restions à l’extérieur ainsi.

Je m’approchai inconsciemment de Pandora, ainsi nos corps se cachaient l’un l’autre du vent glacial

- Cache bien ton cou. Vu la neige qui est tombée sur ta tête tout à l’heure, le col de ton manteau semble toujours humide. Tu seras rapidement gelée.

Et moins fort, j’ajoutai :

- Y’a des risques que tu tombes malade si on se dépêche pas... On préfère éviter.

J’avais dit ces mots par politesse, peut-être?


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#12
Terminé28.08.18 14:08
Being powerful is like being a lady.
Ft. Kazuki // PAST Décembre 2013
A deux doigts de me mettre à claquer des dents, je sens le froid s’insinuer au travers de mes vêtements. La température semble chuter à vue d’œil, et, même si je peux donner l’impression de faire ma maligne, je n’en mènerai pas large si je suis coincée au lit le jour du ballet. Hors de question que je tombe malade, encore moins si c’est la faute de mon incapable colocataire.

Resserrant mon manteau, je le darde d’un regard en coin. Je suis certaine que c’était son plan : il m’attendait là pour mieux me coincer, jaloux de ma supériorité, jaloux de moi, tant transi de jalousie qu’il n’a d’autre moyen que de se battre déloyalement pour mieux tenter de m’abattre. Mais je ne vais pas me laisser faire, loin de là, mon petit Kazuki ! Tes plans ne m’empêcheront pas de monter sur scène. Rien ni personne ne m’en empêchera.

Fronçant les sourcils, je l’écoute d’une oreille distraite. Lui qui a l’air si naïf et manchot sur les bords, il serait capable de telles bassesses uniquement parce qu’il crève d’une admiration maladive ? Comme quoi, l’habit ne fait pas le moine, même chez les ados dépressifs. J’hausse les épaules en maintenant le col de mon manteau contre moi. Puis un sourire s’étire sur mes lèvres. En attendant, cela signifie qu’en quatre mois de cohabitation, je l’ai tellement subjugué qu’il souhaite déjà ne plus contempler, impuissant, ma grandeur.

M’enfin il pourrait juste se crever les yeux, ça arrangerait tout le monde. Quoique. S’il ne peut plus me voir, il se laissera certainement dépérir pendant les huit prochains siècles au moins. Je soupire. Pauvre petit, je suis ravie de l’intérêt qu’il attache à ma personne, mais je ne voudrais pas être complice de son suicide mental !

Je n’ose pas relever le menton de peur que l’air froid ne me glace la nuque, mais mes yeux brillent de joie. Maintenant tout me paraît plus logique : en réalité Kazuki est l’un de mes plus fervents admirateurs mais crève de jalousie au point de se terrer dans sa nullité dès que sa misérable existence est écrasée, effacée par la mienne.

Ce doit d’ailleurs être pour cela qu’il se mure dans un silence prolongé. Mine de rien, mon colocataire n’a pas grand-chose pour lui : il est ennuyeux, pue la clope et ne parle pas beaucoup.

Ma mâchoire tremble, il fait de plus en plus froid.

En attendant, mes paroles, pleines de sagesse, ont l’air de le faire réagir, à en croire par la lueur d’inquiétude qui traverse un instant ses yeux.

— Ne t’en fais pas, toutes les addictions se soignent, je lui glisse, l’air faussement préoccupée, pour corroborer mes propos.

Soufflant sur mes doigts, je sens la neige fondre le fond de mon échine avec un frisson terrifié. Il nous faut nous presser. Peut-être que si on rentre rapidement, l’effort me réchauffera et me permettra de ne pas attraper de maladie. Je presse donc le pas, mes pas crissant sur la neige. Attendant un remerciement en bonne et due forme quant à la place que je concède à lui offrir, je ne peux m’empêcher de le regarder en haussant un sourcil circonspect en constatant qu’il n’a pas l’air de vouloir se prosterner à mes pieds en hurlant des remerciements.

— Un « merci » t’arracherait la langue ou vivre en ermite t’as fait oublier tes bonnes manières ? je lâche d’un ton acerbe. C’est pas comme si tu en avais besoin, de toutes façons.

Lorsqu’il reprend enfin la parole, c’est pour démontrer l’étendue de sa limitation, une fois de plus. Je lève les yeux au ciel en l’entendant se jeter des fleurs. Non mais jusqu’où ira son égocentrisme, je vous jure.

Sans relever son murmure, tout simplement parce que je n’ai pas pu l’entendre correctement, je réponds seulement à la première partie de ses propos.

— « Sympathique » ? je répète ironiquement. Je crois que tu caches surtout bien ton jeu, je lui assène avec un sourire de défi.

Avec cette pique plutôt gentillette, j’essaie de lui faire comprendre que ce n’est pas en faisant le cadavre faiblard victime de la vie qu’il va me la faire à moi. Il est trop faux pour que je ne lui fasse pas remarquer.

Mais mon colocataire enchaîne sur son expérience culturelle et, encore une fois, je vois là une nouvelle opportunité pour le faire tourner en dérision. Un de mes passe-temps favoris.

— Je vois. Tu aimes particulièrement le piano ? je demande innocemment.

La réponse à ma question ne se fait pas attendre, même si je ne vois absolument pas le rapport entre un danseur et un pianiste. Réfléchissant à cette étrange comparaison, je l’entends m’emboiter le pas mais je me contente d’hocher la tête d’un air vague.

— Et tu as arrêté d’en faire avec ta mort ? Tu pourrais reprendre, on a du temps à tuer ici, je raille avec cynisme. Sauf si Deathflix a plus d’importance, bien sûr, chacun ses priorités.

Marquant une pause, je stabilise la hanse de mon sac sur mon épaule et reprend avec un ton amusé :

— Et le théâtre ne t’a jamais intéressé ? je demande en laissant un moment ma question en suspens, avant de reprendre : pourtant tu devrais t’y reconnaître… ou essayer ! Je suis certaine que tu aurais du succès dans un rôle tragique, cela t’irai à merveille !

Le vent me mord les joues, qui doivent blanchir faute de pouvoir rougir. Je ne sais jamais comment peut réagir mon état de zombie face aux aléas météorologiques. Soupirant en grelottant de plus belles, je déglutis péniblement tandis que je tente de repousser le froid par ma volonté. Mes pensées ne forment plus qu’une lente litanie de « pas malade, pas malade, pas malade ». A tel point que je n’entend que la moitié des paroles de Kazuki.

Sursautant en reprenant conscience de sa présence, je me tourne vers lui avec une moue faussement désolée.

— Oups, j’avais oublié que tu es là. Que veux-tu dire par « la mémoire n’est pas mon fort », au juste ? je demande d’un ton innocent en papillonnant des cils.

Ce doit être le « Marcel » qui ne lui a pas plu. Faut dire que les japonais ne comprennent pas le français, en général, et ne se rendent pas compte de la beauté des prénoms occidentaux. Ceux japonais… je suis encore incapable de les écrire correctement pour la plupart.

— Réflexe d’étrangère, je glisse, pour me dédouaner sans pour autant m’excuser.

L’entendant me harceler de question, je ricane.

— Pourquoi est-ce que cela t’intéresse soudainement ? Tu t’es enfin décidé à avouer ta grande admiration pour moi ?

Je ponctue mes propos d’un rire qui résonne dans le parc vide, avant de reprendre d’un air sérieux.

— Je pratique la danse depuis… eh bien presque un siècle ? je réfléchis, c’est fou comme on peut ne pas se rendre compte de notre âge, dans ce monde. Depuis que je suis enfant, donc ça fait un moment oui… Quant à mon rôle pendant les fêtes : il est décevant. Me connaissant, tu sais parfaitement que je mérite la première place sur scène, parce que c’est naturel chez moi ! Mais le metteur en scène, incapable, a doublé le premier rôle et m’a refourguée une empotée. Autant te dire que le spectacle sera fastidieux, alors je dois au moins m’assurer d’être parfaite dans mon rôle pour remonter la barque, je soupire avec un air las, créant un nuage brumeux dans le froid nous entourant.

Effectivement, si mes coéquipiers foncent certainement droit dans le mur, l’énergie que j’investis est pour m’assurer que malgré leur incapacité je puisse briller de mille deux, puisque je demeure la clef de voûte du spectacle ! Quelle magnanime et dévouée camarade je fais, je verserais presque une larme face à ma bonté.

Ce que Kazuki lâche ensuite est un avertissement. Je ne sais que trop bien que le mercure descend à vitesse grand V, la main tenant mon sac étant en partie congelée.

— Merci cap’tain obvious, je grommelle en tremblant de partout.

Changeant mon sac d’épaule, je constate que Kazuki s’est rapproché, peut-être mu par l’instinct de survie. Je ne proteste pas, mécontente mais pas inconsciente pour autant. L’entendant me donner des conseils, je lève cependant les yeux au ciel et pousse un soupir exaspéré.

— Kazuki, je martèle son nom, j’ai pas 10 ans mais presque un siècle, alors es bien gentil mais je n’ai pas besoin de toi pour savoir comment me couvrir correctement.

Souriant pour faire mine d’affronter le froid sans peur, je continue sur ma lancée de remarque glaciale :

— Et puis, tu serais ravi que je tombe malade, en réalité, non ?

Comme tout admirateur maladivement jaloux, bien sûr, cela ne fait aucun doute !



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#13
Terminé29.08.18 16:29
Live Volcano
Pandora & Kazoo La brise glaciale passait au travers de ce petit manteau qui était censé me protéger et traversait ainsi ma peau, mes os. Hostile, elle blessait mon squelette telle une lame mal affûtée qui se découpait un trajet sur mon corps. Le froid me transperçait tout autant que les petits regards douteux que Pandora m'offrait. À quoi pensait-elle encore? Je l'imaginais prendre plaisir à pondre des insultes et je craignais l'instant où elle allait être prête à me les balancer d'un coup. Ce fut donc un soulagement lorsque le vent souffla davantage. Même si celui-ci me faisait frissonner, il forçait aussi la zombie à baisser sa tête. La température allait peut-être l'empêcher de parler.

On marchait lentement, lorsque celle-ci ajouta une couche supplémentaire à ce qu'elle avait dit quelques instants plus tôt. « Ne t'en fais pas » ? J'avais du mal à comprendre comment elle pouvait soutenir de tels propos après m'avoir insulté bon nombre de fois à ce sujet. Elle voulait être sympathique, maintenant? Je commençais à la connaître trop bien pour la croire. Elle n'était pas inquiète à mon sujet. Mettre fin à mes dépendances allait l'empêcher de m'embêter à ce sujet... Elle ne voulait certainement pas qu'une horreur du type arrive. Je me contentai de soupirer.

Avec le vent qui soufflait, il n'était pas impossible qu'on le confonde à celui-ci.

Je restais silencieux un moment ensuite, du moins jusqu'à ce qu'elle ouvre sa gueule de nouveau. Elle cherchait quoi encore? Elle voulait que je la remercie maintenant? La miss drama était un peu mal placée pour parler de politesse. Dans l'échelle de l'impolitesse, insulter les gens figurait fort probablement dans le top 3. Pour la suite, elle n'avait pas tort. Je n'avais pas à utiliser mes bonnes manières, surtout pas avec elle. J'aurais voulu lui dire le fond de mes pensées, mais je n'y arrivais pas. J'étais trop faible pour le faire, mais sur le moment, je tentai de me convaincre que je restais muet de façon à garder un soupçon de diplomatie entre nous. Je me contentai de la remercier, doucement.

Et maintenant, elle doutait que je sois sympathique? Certes, je cachais mon jeu, mais le faire nous permettait d'éviter une guerre d'insultes qui pourrait finir par se transformer en événement plus grave. Je ne souhaitais pas me battre contre elle... Je restai silencieux, encore une fois, accumulant ma colère.

La conversation pris une autre tournure -pas totalement, elle arrivait tout de même à m'insulter- tandis que l'on parlait de nos passions... Ou celles du passé, pour ma part.

- Oui, j'aimais bien le piano et oui, j'ai arrêté d'en jouer après ma mort, parce que tu sais... On n'a pas de piano à l'appartement.

Je savais très bien que là n'était pas la raison, mais elle me semblait adéquate pour éviter ses commentaires... Quoiqu'elle allait sans doute mentionner que je m’inventais des échappatoires. Avant qu'elle le mentionne, j'ajoutai:

- Mais je compte bien recommencer, oui.

Tandis qu'elle me parlait de théâtre et insinuait qu'un rôle dramatique serait parfait pour moi, je rigolai d'un rire qui n'avait rien de sincère. Rien. Pour éviter de la claquer, je me contentai de dire:

- Je suis trop timide pour le théâtre.

Et voilà qu'elle jouait les innocentes. Elle savait pertinemment pourquoi je lui disais qu'elle n'avait pas de mémoire. D'ailleurs, celle-ci trouva la cause avant que je lui dise. Bien.

J'étais la narcissique parler de sa passion pour le théâtre et du rôle qu'elle aurait dû avoir avec attention. Toutefois, à l'entendre se vanter ainsi, je serrais la mâchoire pour ne pas grincer des dents. Je n'avais jamais rencontré un individu aussi vaniteux, ça me donnait presque la nausée. On lui avait peut-être refusé le rôle, parce qu'elle n'avait pas le talent nécessaire?

- Eh bah, la prochaine fois, va falloir travailler fort pour avoir ce rôle

Mais cette fois-ci, je ne pus m'empêcher de lancer:

- Pour revenir sur ton doute de tout à l'heure : y'a certaines personnes qui balanceraient des coups à d'autres pour beaucoup moins que ça. Si je « cache mon jeu », comme tu dis, c'est justement pour garder mes bonnes manières... T'sais celles que je n'ai apparemment pas?

Une certaine voix me répétait : Ta gueule, Kaz. Ferme ta putain de gueule.
Mais les mots dévalaient.
Encore.
Et encore.

- Je suis sympathique, parce que j'essaie de comprendre pourquoi tu es chiante comme ça, pourquoi tu prends plaisir à m'insulter, alors que je t'ai absolument rien fait... Mais en fait. Je crois que j'vais jamais te comprendre. Tu es trop... tarée. J'avais pitié de toi, presque. Je me disais qu'un individu autant désagréable ne pouvait pas l'être naturellement. Je pensais que t'avais vécu des trucs bien horribles pour être comme tu es: un gâchis.

Et ma voix intérieure, mon surmoi, pris de nouveau une chance à me calmer, en vain.

- Donc oui. En vrai, je me fous totalement de ce qui peut arriver. On pourra dire que le Karma a joué son rôle.

En disant tout ce que je pensais, j'avais gaffé. Le seul avantage de cette soudaine colère est que celle-ci dissimulait le froid qui était si mordant un peu plus tôt.

Je la regardai dans les yeux, la mâchoire tendue, avant de me retourner. J'accélérai légèrement le pas.
Je regrettais déjà.
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#14
Terminé14.09.18 9:05
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Ft. Kazuki // PAST Décembre 2013
Au fur et à mesure que Kazuki semble lâcher prise sur son self-control, je ne peux m’empêcher de jubiler. Je crois que je ne l’ai presque jamais vu dans cet état, voire pas du tout : d’un naturel discret, il passe presque inaperçue en ma présence - comme le reste du monde, que j’éclipse, bien entendu - et ne cherche pas à attirer l’attention sur lui, trop occupé à s’apitoyer sur son sort. Le faire craquer pourrait se révéler être une expérience plus qu’amusante, et, au vu de son regard de plus en plus dur et de la crispation de ses traits, je ne suis pas loin du but. J’affiche un sourire, malgré le froid, malgré mes dents qui craquent, par pur sadisme. Dénuée de toute empathie, je n’ai aucun remord à m’amuser avec les nerfs d’un lémure à peine mort, un bébé pleurnichards à mes yeux.

En plus, je suis presque sûre que s’il craque, cela va lui faire du mal. Comme plus tôt, il voudra presque s’excuser de lui-même, sans que je ne bouge le petit doigt. En tous cas, il reste silencieux, en parfait accord avec la vision que j’ai de la plupart des japonais en public - quoi que l’au-delà permette de se lâcher -, c’est-à-dire explemple de retenue et d’impassibilité. Cependant, quelque chose dans son ton, lorsqu’il me répond à propos du piano, me fait ricaner. Comme si c’était une raison.

— J’imagine qu’en réalité, c’est aussi ta timidité qui t’empêche de jouer du piano, c’est dommage, les passions sont tout ce qu’il nous reste, ici, je murmure plus pour moi-même.

La suite de ses propos me fait éclater de rire. J’en pleure et j’en suis complètement essoufflée ; si le sol n’était pas enneigé, j’aurais été capable de me rouler par terre tellement sa remarque est absurde.

— Travailler dur ? Travailler dur ? j’articule avec peine en reprenant mon souffle. Mais pour qui tu me prends, Kazuki ? Pour une larve qui passe son temps à regarder des trucs dans son lit ? Tu peux m’accuser de beaucoup de choses, mais certainement pas de ne pas me donner à fond. Le rôle était prévu pour deux, étant la meilleure il était normale que je fasse partie de ce binôme, point.

Je darde sur lui un regard acéré et aussi froid que le souffle que j’expire en parlant.

— Je ne te permets pas d’insinuer que je ne travaille pas dur.

Touchée en plein cœur, même s’il ne s’agit pas vraiment de mon estime personnelle mais bien d’une vérité, je braque mon regard sur un point fixe, devant moi, et redresse le visage autant que mon écharpe, maintenant réchauffée, me le permet. Le froid mord presque autant que ses mots, de plus en plus acérés dans la nuit glaciale.

Je l’écoute en silence déblatérer sur ce qu’il pense de moi, s’échauffer contre ma personne, s’insurger contre ma façon d’être. Que je sache, je ne lui ai pas demandé son avis. Pour la première fois depuis que je le connais, je le vois vraiment péter une durite et se lâcher. La bouche légèrement en dehors de l’écharpe, j’affiche un sourire moqueur, les commissures de mes lèvres se retroussant à chaque attaque. Pauvre petit Kazu, malmené par sa tyrannique colocataire. Il est vrai que je n’ai pas été tendre avec lui, mais je ne le suis avec personne. Et encore, je lui ai offert à manger, c’est tout de même quelque chose !

Le voir s’énerver contre moi avec autant d’ardeur me rassure : finalement c’est un être humain comme les autres, et pas seulement une pauvre larve en détresse. Je commençais à avoir de sérieux doutes. Les mains dans les poches, je ne lui accorde aucun regard alors qu’il continue de s’acharner et de m’insulter allègrement. En vérité, j’ai l’habitude. Le succès, le talent et la beauté apportent souvent jalousies mal placées et autre humeurs négatives. Sans piper mot, je l’écoute cependant.

Chiante ? Peut-être mais est-ce que tu t’es regardé en face, Kazuki ? Je veux dire, je le suis certainement à ma manière, mais au moins je ne m’apitoie pas à longueur de journée sur mon sort, comme un déchet trainant ma carcasse d’une pièce à une autre ou d’une chambre à une supérette. Je n’accuse pas le monde d’être à l’origine de mon état. Je glousse en l’entendant dire que je ne suis qu’une pauvre folle sans aucune raison de l’être, comme si je n’avais rien vécu, comme s’il en savait quoi que ce soit.

Ses remarques sont acerbes et visent clairement mon égo. Pas de souci, Kazuki, j’ai l’habitude, tu n’es ni le premier, ni le dernier, et dans le genre déchet, je te pense tout de même tout en haut de l’échelle. J’ai de plus en plus l’impression que les jeunes d’aujourd’hui ne comprennent pas ce qu’est le respect, une pensée qui m’arrache un soupir las.

A la fin de son petit quart d’heure de caca nerveux, nos regards se croisent. J’esquisse un sourire, l’air de dire « ça y est, t’as fini ? » mais ne dit rien. Lui se remet en route sans rien ajouter, malgré le fait que dans ses yeux transparaît comme une pointe de regret.

On va pouvoir continuer à s’amuser, alors je le suis tranquillement, en restant d’abord à bonne distance, le nez enfoncé dans mon écharpe pour mieux cacher mon sourire. Il commence vraiment à faire froid, on va mourir si on reste plus longtemps dehors. Je presse le pas et me rapproche de lui, presque assez pour le dépasser, sur mes grandes pattes.

Arrivée à sa hauteur, je ne manque pas de lâcher :

— C’est que tu en as gros sur ton petit cœur, dis-moi. J’ai été méchante avec toi, c’est ça ? Et comme tu en veux au monde entier tu t’es trouvé le parfait bouc émissaire en ma personne, je me trompe ? Ne répond pas, c’est purement rhétorique, j’ajoute avec une moue amusée.

Marquant une pause, je glisse un regard vers lui. On arrive enfin au portail de l’interminable parc.

— T’inquiète, Kazuki, avec moi tu n’as pas besoin de faire semblant : si tu n’éprouves aucune sympathie à mon égard, pas besoin de te forcer. Je n’ai besoin ni de toi, ni de ton hypocrisie, je préfère de loin que tu me détestes. Je crois d’ailleurs que je ne t’ai jamais vu aussi sincère depuis que tu as débarqué.

J’accélère le pas pour arriver la première à la sortie. Jetant un coup d’œil par-dessus mon épaule, je lui adresse un sourire narquois.

— Je ne veux pas de ta pitié, trouve-moi tarée, folle à lier et insulte-moi si tu le veux, cela ne me fait rien si ce n’est me conforter dans l’idée que je me fais de toi. Tu n’es qu’un pauvre petit mort bien malheureux et qui te permets de juger les gens sans les connaître : qui te dit que je ne travaille pas ma danse ? Qui te dit que rien ne m’a rendue comme je suis ? Qui te dit que tu peux t’estimer supérieur à moi ou prétendre me connaître sous prétexte que tu ouvres ta bouche pour une fois dans ta misérable existence ? Demeure dans l’ombre, Kazuki, cela te sied mieux.

Mon ton est sec et mon visage maintenant impassible.

— Et merci pour ta sincérité, ça change de tes habitudes.

Voilà un bon moyen de lui faire comprendre que je ne suis pas forcément ravie de ce qu’il vient de me balancer à la figure. En soi, j’ai l’habitude, mais aussi gratuitement alors que j’ai été généreuse et patiente à son égard - des qualités qui ne font bien sûr qu’un avec moi -, cela me révolte. Rehaussant mon sac sur mon épaule tout en tournant la tête, un air supérieur collé au visage, j’accélère encore le pas et le distance, pour quitter le parc vers l’appartement. De toute manière, il va me falloir une potion rapidement.


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