« Fuis l'ennui des villes livides si ton cœur lui aussi s’abîme. » ; Merle

L'animal semble paisible. Dans cette pièce inconnue, il semble calme. Quelque part, il te laisse comprendre. Que cet endroit lui convient. Malgré les différences de son monde. Malgré la peur primaire. Il reste serein à présent. Allongé simplement. Et cela te soulage, Issui. Tu peux t'en aller sans un bruit. Sans y penser. Sans réfléchir à ce que tu ne comprends plus. À ce sentiment trouble qui t'empoigne si fortement. Qui explique encore ta présence en ces lieux.
Ce besoin.
Dans un silence glacial, tu patientes. Sans un mot. Sans un bruit de plus. C'est de ta faute. Ce malaise qui se peint brièvement sur ses traits. C'est la froideur d'un gamin abandonné qui transparaît. Qui s'est laissé échapper. Tu ne perçois pas tout dans ta solitude, mais tu as vu. Ce bref instant. Tu déglutis, passant une main dans ta crinière brunâtre. Pendant une seconde, tu penses à partir. À te détourner de lui. Pour fuir comme tu sais le faire. Mais sa voix retenti. Brisant la scène qui se dressait jusqu'à maintenant.

Entre vous.

Tu as érigé un mur en quelque mots. Comme tu sais si bien le faire. Parfois contre ton gré. C'est la seule manière de garder un quotidien morne. Vide. À l'abri du monde. Lentement, vous prenez le chemin de la sortie. Laissant la bête sauvage seule à présent. Pour se reposer et se relever sainement. En sortant, tu l'écoutes. Craignant qu'il ne tente de te retenir pour en discuter. Pour chercher plus loin, mais l'homme ne souhaite que tes coordonnées. À ce stade, tu n'as plus le choix. Hochant la tête, tu fais un pas. Un seul et unique. « Je vais vous donner mon nom et mon numéro. Vous avez de quoi noter ? » tu demandes, attendant de voir la suite. Lorsque tu remarques qu'il est prêt, tu commences. « Mon nom est Issui Miura et mon téléphone est le … Vous pouvez me trouver à l'agence dans l'appartement Gargarine si jamais. »
Simple.
Et efficace. Un bref soupire passe à nouveau la barrière de tes lèvres, laissant un silence. Un silence que tu écourtes cette fois-ci. « Je reviendrais demain. Contactez-moi s'il se passe quelque chose de grave. » c'est tout ce que tu as à dire, Issui. C'est tout ce qu'il reste.

La dernière politesse.

Ce n'est pas de la politesse à vrai dire. Ce n'est pas ce qu'il te manque. C'est la dernière essence de sociabilité possible. Sûrement. C'est plus juste à ce stade alors que tu commences à reculer. Pour sortir. Pour t'en aller. Déjà. Tu n'as pas envie de passer une minute de plus dans ces pièces. Parce qu'il n'y a plus rien pour te retenir. Le renard est soigné. En sécurité. Tu es venu ici avec lui. En le portant à bout de bras. Pour l'aider. Dans un élan de bonté. Croisant la route de cet homme. Un peu poussé par le destin peut-être. Jusqu'à cet instant. Jusqu'à ses mots. À présent, tu ne souhaites que mettre de la distance. Retrouver la solitude et la paix. « Je vous laisse pour aujourd'hui. Merci pour votre aide, monsieur. » c'est vrai, tu ne connais pas son nom, mais ce n'est pas nécessaire. Ce n'est pas vital.
Pour toi.
Dans un signe respectueux lié à ce pays, tu finis par sortir. Par passer cette porte, sans te retourner.