La voix est l'interprète du cœur et de l'âme, expression de la vérité et des plus tendres sentiments.
Le temps semble comme figé. Nous avançons dans la nuit, et en même temps c’est comme si nous n’avancions pas. Sans nous en rendre compte notre allure est lente, sans vraiment l’apercevoir, nous prenons notre temps. Nous conversons sans tabou, nous discutons sans nous cacher car c’est ainsi dans ce monde. Nul besoin de nous cacher, de toute façon nous sommes déjà morts.
Si au début elle semblait gênée en ma présence, le fait de la voir ne pas se presser me fait penser qu’elle est à l’aise avec moi. Elle n’a pas de raison de ne pas l’être, mais au vu de son passé tout ceci aurait été plus que naturel. Je n’aurais même pas pu lui en vouloir. Et lorsque je lui révèle ma nature, elle aurait pu prendre peur et fuir, même si nous ne faisons pas de mal aux êtres déjà morts. Mais rien de tout cela ne semble la repousser et elle continue de me tenir le bras tout en même temps que nous marchons.
Seulement toutes les bonnes choses ont une fin. Parfois trop rapide.
Elle ralentit jusqu’à s’arrêter en fixant un bâtiment à peine plus loin. Je soupçonne que c’est chez elle et je m’arrête à mon tour, fixant l’immeuble et me disant que c’est bien dommage qu’il ne soit pas plus loin. Même si d’un autre côté je suis rassuré de savoir qu’elle ne fait pas trop de trajet le soir pour rentrer chez elle. Je ne devrais guère me soucier de ça, je connais à peine cette femme et pourtant, je me sens réellement soulagé.
- C'est ici.. Je vous remercie encore de m'avoir raccompagné. Votre seule présence m'a rassuré... Et j'ai beaucoup apprécié notre discussion évidemment!Je relâche sa main pour lui faire face et m’incline à peine, main sur le cœur alors que son rire remplit mon cœur. Je sais qu’elle ne se rit pas de moi, c’est un rire un peu gêné mais en même temps je pense qu’elle est heureuse.
- Cela a été un plaisir pour moi. Je suis heureux d’avoir pu apaiser vos craintes le temps de ce trajet. Le silence s’installe et nous nous regardons droit dans les yeux. C’est si rare, les personnes qui n’ont pas besoin de parler pour se faire comprendre. Le silence n’est pas dérangeant, le silence n’est pas inquiétant. Le silence est respectueux, il est apaisant et me désoriente. Je la connais à peine, et pourtant je crois que je serais capable de la regarder ainsi pendant des heures. Est-ce que cela fait de moi un psychopathe ?.. Certainement mais je me tairais bien de lui dire.
- J'espère... Que nous nous reverrons,William.Sa façon de dire mon prénom me fait frissonner sans que je ne puisse rien contrôler. Je lui souris timidement en retour.
- Je serais là la semaine prochaine, et vous raccompagnerais avec le plus grand des plaisirs. Sachez aussi que si vous avez besoin de quelque chose, n’importe quoi, ma porte vous sera toujours ouverte.Et je le pense sincèrement. Elle peut venir pour boire un verre, elle peut venir pour parler, elle peut venir pour me chanter une chanson si elle en a envie (même si c’est surtout moi qui le désire plus que tout). On se connaît à peine, mais j’espère devenir un confident pour elle, un ami sur lequel elle peut compter.
Je m’incline une dernière fois alors qu’elle se tourne, marchant vers son appartement. Une fois à la porte, un dernier échange de regards avant qu’elle ne rentre. Ce n’est qu’une fois disparu de mon champ de vision que je me tourne et marche à mon tour, pour rentrer à la maison.
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