Il rit et ce rire provoque chez Wynn une moue de dégoût ; c’est viscéral, instinctif. Il n’aime pas l’entendre rire car il n’arrive
jamais à réellement comprendre ses intentions derrière. Et malheureusement, surtout avec les gens comme Antonio, il sait que la plupart du temps cela ne présage rien de bon. Pour lui et pour sa tranquillité d’esprit, déjà bien ébranlée par les questions étranges et quasiment cryptiques de son compère vampire. Le malaise ne se dissipe pas, bien au contraire il prend en intensité graduellement. Il s’agite un peu comme si, subitement, son siège lui semblait particulièrement inconfortable. Peut-être qu’il pourrait se lever, s’en aller sans se retourner, ne plus avoir à l’écouter ? Mais la curiosité le ronge -un peu. Suffisamment pour le pousser à rester, à écouter -quand bien même c’est particulièrement désagréable.
« Ne t'inquiète pas, c'est réciproque.
Tant mieux. »Loin d’être surpris, il se contente d’accompagner ses mots d’un léger hochement de tête. Le visage d’Antonio change une fois de plus. Et une fois n’est pas coutume Wynn ne comprend pas ce qui peut bien se passer dans sa tête. Toujours aussi pâle, soupirant, agité, il esquive son regard autant que possible.
« Nous sommes monstrueux et tu t'évertues à jouer aux saints. Qu'est-ce que tu essaies de prouver ? Je ne pense pas que ce soit vivre en tant que vampire qui démontre une supériorité, mais bien faire semblant que cette noirceur ne nous habite pas. »Les poings se resserrent d’un coup. Chaque mot fait l’effet d’un crachat et il haït chacune des syllabes qui sortent d’entre ses lèvres. Il redresse son dos, d’un coup, abandonnant sa précédente position plus avachie. Les traits tirés, le regard sombre, la mâchoire serrée. La curiosité laisse place à une colère froide, glaciale. Il ne connaît rien, ne comprend rien et pourtant le voilà qui le prend de haut. Qu’est-ce que ça peut lui faire, après tout ? Il n’a pas de compte à lui rendre, pas de justifications à lui donner, rien. Et pourtant. Et pourtant quelques choses dans ses mots l’agace, le confronte à une partie de lui qu’il préférerait taire -étouffer même. Rien de bon ne peut en sortir, au contraire, cela pourrait ruiner des décennies de travail. Sur lui-même, sur sa
condition. Il inspire longuement, remplissant d’air ses poumons au point d’en avoir mal, avant de souffler et de regarder Antonio.
Dans les yeux.
« Pour qui tu te prends à la fin ? »La réponse est instantanée : il tape du point sur la table, faisant trembler les verres. Le sien menace de se renverser mais par un pur miracle, il revient à sa place sans répandre son contenu partout.
« Pour qui je me prends ? Je te retourne la question. Tu n’arrêtes pas de sortir inepties sur inepties, de me questionner avec ton air suffisant. De pousser encore et encore pour des réponses que je n’ai pas envie de te donner. Qu’est-ce que tu cherches ? »Il se mord légèrement la lèvre ; il sent les canines prêtes à sortir à tout moment. La soif et la colère n’aidant en rien, le poing pourtant se desserre très légèrement mais reste fermement collé à la table.
« Je ne joue pas aux saints et je n’ai rien à prouver. Tu arrives à vivre en tuant des gens sans problème grand bien t’en fasses. Je sais qui je suis. Je sais ce que ça implique que de devoir se nourrir pour pouvoir continuer dans ce simulacre de mort et je refuse de faire comme si c’était normal. C’est pas être supérieur, mais simplement conscient des conséquences de ses actes. Tu devrais essayer d’apprendre ça, ça te changerait. »Ses mots sont acides, lui brulant la gorge. Pourquoi essaye-t-il de parler à quelqu’un qui ne peut de toute façon pas le comprendre ?
Résumé
644 mots
Wynn aime vraiment pas se sentir au pied du mur du coup il devient un peu vnr et acide avec Antonio
Mais il lui répond quand même