Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
C'était une Opale irritée qui arpentait aujourd'hui les rayons du supermarché.
Pourtant, l'après-midi commençait bien : après un bon repas, elle s'était faite une manucure, tranquille, dans sa chambre baignée par le soleil. Tout était parfait : elle n'avait pas dépassé une seule fois - il faut dire qu'elle était devenue experte en la matière - et les couleurs - un dégradé de rouge et d'orange - étaient, selon elle, superbes.
Sauf qu'au moment de finir le dernier ongle, Plume était venu se plaindre. Monsieur voulait manger, et il n'y avait plus rien dans sa gamelle. Et pour se faire remarquer, il était venu se planter sous le nez d'Opale, qui, absorbée par sa tâche, ne l'avait pas entendu. Motivé la toute-puissante Faim, il avait sauté sur la table, renversant le vernis de sa maîtresse au passage.
Et encore, s'il n'y avait eu que ça.
Vous comprendrez qu'un chat de sept kilos, c'est imposant.
Naturellement, cela signifie que ses poils sont entrés en contact avec certains des ongles fraîchement vernis de la jeune fille.
Une catastrophe.
Je vous passe la suite, mais grosso modo, cela pouvait se résumer à : Opale ne fut pas contente et Plume se réfugia sous un canapé.
Après bien des grommellements et un épisode de Murder Party, elle se décida tout de même à le nourrir. Mais là, ce fut le drame : plus de croquettes pour chat. Plus rien.
C'était ainsi qu'Opale se retrouva dans ce lieu, au bon moment semblait-il. Elle n'allait tout de même pas laisser son chat mourir de faim. Pas aujourd'hui, en tout cas. Actuellement, c'était probablement l'être dont elle se souciait le plus - ce qui ne voulait pas forcément dire grand-chose.
Elle sursauta lorsqu'elle entendit les coups de feu. Elle perçut les consignes des braqueurs, qui s'adressaient à une personne non loin d'elle, et ricana. Voilà une excellente occasion de se changer les idées. Elle lança, d'un ton sarcastique :
« Oh, toutes mes félicitations, vous venez de braquer un pauvre petit super-marché. »
Elle n'avait pas levé les bras. Au contraire, elle porta sa main droite à son menton comme pour réfléchir. Ses yeux, en revanche, brillaient d'amusement.
« Pourquoi vous n'avez pas attaqué une boutique de luxe, plutôt ? C'était trop bien gardé pour vous ? »
Oooh, alors comme ça, Opale n'était pas la seule à se sentir d'humeur à contrarier des braqueurs ?
Et une chimère, en plus de ça. Voilà qui tombait à point nommé, parce que même si Opale avait réagit comme elle l'avait fait, ça l'aurait un peu ennuyée de souffrir aujourd'hui. Ou de se faire abîmer les mains, par exemple. Après tout, un nouveau vernis attendait patiemment d'être utilisé - quitte à sortir faire des courses, autant se faire un peu plaisir en même temps.
Elle jeta un coup d'œil à la caissière qui commençait à suer à grosses gouttes et lui fit son plus grand sourire, rayonnant d'innocence. Elle écarta les mains et lui dit, pleine d'assurance :
« Ne vous inquiétez pas chère madame, comme vous le voyez, les super-héroïnes sont arrivées. »
Le mot "super-héroïnes" sembla l'inspirer puisqu'elle enchaîna tout de suite :
« Hey mais attends, en tant que pauvre petit fantôme sans pouvoir, ce serait moi l'acolyte ? Roh. »
Elle dévisagea le braqueur qui s'était approché d'elles. De son visage n'étaient visibles que les yeux. Mais ce qu'elle y vit lui suffit. Il était largement dépassé par les événements. Ses deux compagnons également, au vu de leur absence de réaction. Peut-être n'avaient-ils pas prévu de rencontrer de la résistance ?
Quels lâches. Quand on invente un plan pareil, il faut se préparer à aller jusqu'au bout.
Elle se tourna vers la principale super-héroïne et lui fit un clin d'œil. Je compte sur toi si ça part en cacahuète.
« Oh mais. J'avais oublié. »
Lentement, tout sourire, elle avança d'un grand pas léger vers l'homme. Elle se posta devant lui, plaça ses mains dans son dos et, toujours en le fixant, susurra :
« Moi aussi je suis spéciale. Tu veux savoir quel est mon pouvoir ? »
Je ne suis pas un second couteau. Enfin, dans les faits, elle espérait bien que personne ne lui tirerait dans la tête.
Elle ne savait pas trop ce que ça faisait, mais elle sentait que ça l'ennuierait plus qu'autre chose de le découvrir.
Opale sourit intérieurement. Décidément, elle était chanceuse, aujourd'hui.
Elle était tombée sur une bien belle distraction et était accompagnée d'une alliée de choix. Elle était très chanceuse.
Enfin, si on oubliait la bêtise de son imbécile de chat.
En parlant d'imbécile, celui en face de la petite tête blonde semblait avoir repris du poil de la bête. Ou, à défaut d'avoir récupéré ses capacités mentales - s'il en avait -, avait commencé à montrer les crocs.
« Oooh, vous êtes sûrs de ne pas vouloir faire durer le suspense plus longtemps ? son visage se tordit en une moue boudeuse. C'est nul, lorsque l'on apporte trop vite les réponses. Vous connaissez Agatha Christie ? Ses romans, pas la personne. Elle est géniale pour ce genre de choses. Vous devriez en lire, à l'occas-
- La ferme ! l'arme trembla.
- Allez mec, tire ! Tu vois bien qu'elle ne lâchera pas le morceau. »
Tiens, un deuxième lâche venait de l'ouvrir. Il n'avait qu'à tirer, lui. A voir leur manque d'assurance, ils n'avaient probablement jamais tiré sur qui que ce soit auparavant.
Ce devait être un beau bordel actuellement, dans leur tête.
Amusant.
Cependant, il allait finir par craquer, d'une façon ou d'une autre. Lui tirer dessus, ou au moins la frapper. D'un côté, Opale était curieuse de voir ce moment, ce point où la panique prend le dessus. Sauf que de l'autre, elle n'avait pas l'intention d'en subir les conséquences.
« Bien bien bien, j'ai compris, je me tais. »
Elle esquissa un petit sourire résigné, leva les mains en signe d'apaisement. Et donna un coup de pied en plein dans les bijoux de famille. Plein de grâce et d'élégance, le braqueur s'écroula au sol. Avant que quiconque ne puisse réagir, elle se saisit de son arme tombée en même temps que lui ; il l'avait lâchée sous la surprise.
« Au fait, mon super-pouvoir, c'est de savoir viser. »
Et elle braqua l'arme vers un des deux braqueurs (lul) restant.
« Ca- »
Opale s'interrompit lorsqu'une douleur vive la transperça.
Respirer. Prendre son temps. Parler doucement.
Et prier pour que personne d'autre n'hausse la voix encore une fois.
Elle s'était effondrée au sol sous la puissance du cri, mais s'était redressée peu après que celui-ci se soit arrêté. Elle tentait tant bien que mal de reprendre ses esprits, assise par terre, la tête entre les mains.
Beaucoup moins en forme que lorsqu'elle tenait tête aux braqueurs, elle finit par articuler :
« Ca va. »
Elle n'avait pas tout compris à vrai dire. Tout était allé très vite, et avec le mal de tête carabiné qu'elle venait de se prendre, ses capacités de réflexion étaient mises à mal.
Mais elle s'en était sortie, et ce sans trop de dégâts. Pour couronner le tout, elle avait pu voir le pouvoir d'une chimère en action. Elle aurait préféré ne pas être sur le devant de la scène à ce moment-là, mais soit.
Elle l'avait un peu cherché. Juste un peu.
« Joli coup de poêle, dis donc. Ils vont mettre du temps à s'en remettre. » dit-elle en redressant la tête et en lançant un regard complice à la chimère.
Elle avait été très courageuse. Etait-elle simplement extrêmement je-m'en-foutiste, à l'instar d'Opale, ou plutôt une défendeuse de la veuve et l'orphelin ?
La petite blonde se releva péniblement.
« Je crois que je t'en dois une ; le mal de tête, ce n'est rien à côté de ce que j'aurais pu avoir s'ils m'avaient tiré dessus. »
Elle jeta un coup d'œil aux alentours et vit que les clients se remettaient eux aussi de leurs émotions. Ils semblaient rassurés bien que relativement déboussolés ; quelqu'un avait probablement appelé les autorités.
« Donc, en échange, du fait que tu m'aies empêchée de finir avec une balle dans la tête, je te propose... Hmmm. Ce que tu veux ! Une pâtisserie, un café, de nouveaux vêtements, une session manucure - c'est équitable, non ? »
Opale sentit sa tête tourner et s'arrêta de parler quelques secondes.
« Booon, pour l'instant je ne suis pas trop en état de bouger énormément, et j'ai très très envie d'aller dans un endroit silencieux, mais vraiment, ça me ferait plaisir de discuter un peu plus avec toi ! »
Parce qu'elle était vraiment curieuse de connaître ses raisons - d'avoir agi ainsi, mais également celles qui l'avaient poussées à devenir une chimère.
De l'aspirine ?!
Cette jeune femme était fantastique.
Un véritable cadeau de La Faucheuse.
Opale n'avait jamais autant savouré le fait de prendre de l'aspirine qu'à ce moment-là. C'était comme si elle en sentait déjà les effets - même si c'était, évidemment, totalement impossible.
Ceci dit, sa sauveuse avait raison : elle n'était certainement pas en état de papoter tout l'après-midi. D'autant qu'elle espérait bien grapiller quelques informations sur son état de chimère.
« Aaaah, tu as tout à fait raison. On n'a qu'à échanger nos numéros et on voit ça plus tard ? »
Opale soupira.
« Je crois que je vais aller dormir jusqu'à demain, là. Bon, on peut dire qu'on a bien mérité un peu de repos, quand même, hein ? Au fait, moi c'est Opale, et toi ? Après, si tu veux, tu peux garder le mystère et je peux t'appeler "ma sauveuse", ça serait être drôle. » fit-elle avec un clin d'oeil.
A dire vrai, rien que pour voir la tête des gens aux alentours, elle serait capable de l'appeler comme ça pour le restant de ses jours.
Bon, là tout de suite, elle avait surtout hâte de retrouver son chat et de lézarder avec lui jusqu'à demain - les chats, le meilleur modèle à suivre au monde quand il s'agit de s'allonger et de ne rien faire.
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