L’humain est un animal simple.
Il suffit d’un rien pour le combler.
C’est ce que tu croyais.
Et cela s’avère vrai.
Mais il est tellement plus que cela.
A mesure que vos échanges arrivent. A mesure que vous vous voyez. Tu ne cesses d’être surprise. D’être emportée. Dans un monde auquel tu ne pensais pas appartenir. Encore une fois, tu peux te voiler la face. Refuser l’évidence même. Mais tu as déjà tout donné à ton Dieu, Siska. Tu l’as dit toi-même dans cette forêt. Que tu lui laisserais posséder chaque partie de toi. Que tu lui laisserais voir tes instants de faiblesses car tu n’as pas peur. Si c’est lui. Tu as déjà prononcé tous ces mots.
Mais encore à cet instant tu refuses la vérité.
Au fond, tu as peur de perdre ta domination.
Tu as peur de perdre tout ce que tu as bâti.
Tout ce que tu représentes encore dans ton esprit. Une défense mécanique pour une jeune femme qui a sacrifiée sa vie personnelle pour devenir une déesse. Qui a sacrifiée son droit d’avoir une famille. De donner la vie. Pour donner de l’espoir aux autres. Pour sauver des vies. Et en détruire aussi. Tu as passé tant de temps à t’enfermer. A réprimer tes sentiments pour être digne qu’il t’es si difficile d’être apte à les voir. A les entendre. A les écouter. Il est tellement plus simple de s’amuser. De tout laisser en surface. De ne vivre que sur cette légèreté. Une existence pleine, mais des sentiments superficiels.
Et s’il fut un temps où ce n’était pas grave.
Aujourd’hui, c’est un problème.
Car tes sentiments se font troubles.
Et finissent par te rendre agacée de ta propre fébrilité.
Que tu juges comme une faiblesse inadmissible.
Tu croyais venir ici.
En reine et en maître.
Tu croyais trouver les réponses.
Et reprendre le dessus.
Mais finalement, tu restes là.
Écoutant ses aveux. Ressentant l’apaisement que tu cherchais si ardemment. Tu croyais t’énerver et le faire plier. Tu croyais le manipuler, mais tu ne sais plus. Alors que tu te sens mieux au simple son de sa voix. Alors que tu avoues qu’il te manquait. C’est stupidement naïf et puéril à ton sens. N’ayant pas conscience que c’est humain.
Et il s’excuse.
T’arrachant non pas un sourire triomphant, mais un battement. Ce sentiment qui s’enlise dans ton estomac. Qui ne cesse de vriller depuis des jours. Il vient de changer. Si simplement. Et tu cherches à l’ignorer. A détourner ton attention. Préférant jouer sur un terrain que tu connais. Toujours muée par tes désirs réprimés. Par tes émotions étouffées. Tu cherches son contact parce qu’il te rassure, mais cela aussi, tu n’oses pas l’accepter. Tu n’as pas besoin d’un homme.
Tu n’as pas besoin d’un homme pour être qui tu es.
Alors pourquoi.Pourquoi est-ce que tu te sens si bien. Près de lui. Depuis quand est-ce ainsi. Depuis quand as-t-il commencé à te manquer de par son absence. Son silence. C’est sa déclaration qui a causé tout cela. C’est évident, mais tu ne lui en veux pas. Parce qu’il t’offre ce que nul autre ne peut t’offrir. Parce qu’il se donne à toi comme nul autre n’en a le droit. Parce que tu n’autorises que cet homme auprès de toi.
“ Je vais finir par croire que c’est moi qui suis manipulable. A force de t’entendre et d’être prête à te pardonner sans sourciller, je te croirais capable de m’entourlouper, mais ce n’est que la force de tes sentiments comme toujours. Il m’est difficile de nier ta sincérité à mon égard. Tu n’as pas à t’excuser d’avoir travaillé si dur pour m’offrir un tel présent. Je te concède que… pour une fois… Eh bien, j’aurais pu venir te voir à l’inverse.” oui, tu concèdes cela. Sans comprendre comment c’est possible, tu le fais.
Probablement parce qu’il s’agit de lui.
Comme il est prêt à faire bien des concessions parce qu’il s’agit de toi.
Et il t’arrache un sourire. Cet air qui ne dévoile ni malice, ni séduction. Qui te donne un air parfaitement humain, Siska. Ce sourire d’une simplicité qui ne convient guère à ton allure princière. Qu’il est le seul à avoir le droit d’apprécier.
“ Alors je le ferais lorsque tu auras fini de travailler et que tu voudras m’emmener quelque part pour des vacances. ” car tu n’as pas oublié ce qu’il a dit. Tu n’as rien oublié. Tu n’oublies jamais rien à dire vrai. Tu entends tout. Tu perçois tout. Même lorsque tu feins l’ignorance, tu sais.
Comme tu sais qu’il attend une réponse.
Que ce que tu as pu dire dans la forêt n’a vraisemblablement pas suffit à lui faire comprendre.
Mais il s’agit de Viktor alors tu n’es pas surprise.
Et tu pourrais être vexée qu’il ne t’accorde pas ce baiser. Mais pour une fois, tu te fais compréhensive. Reculant d’un pas. Retombant sur tes talons. Tu viens t’appuyer contre son plan de travail. Ne disant rien pendant de longues secondes. On croirait l’éternité, mais tu réfléchis.
Comment le lui faire comprendre.
“ Crois-tu, Viktor, que je me permettrais d’être si proche physiquement d’un autre zombie ? Il est vrai que j’ai l’habitude de l’odeur de la mort, du sang et de la pourriture. Ces odeurs font partie de ma vie. C’est pour cela qu’il ne m’a jamais été difficile d’être à tes côtés, néanmoins… Crois-tu que je me tiendrais si près d’un autre ? De plus avec tant de sueurs sur le corps ? Je veux bien croire que je n’ai pas toujours eu le luxe et que j’ai dormi à même le sol plus d’une fois, mais il ne me viendrait pas à l’idée d’accepter cela. Si ce n’est pas toi.” il t’es difficile de trouver les mots pour le convaincre enfin. Et tu croyais y être parvenue dans la forêt, mais il ne cesse de t’en demander plus. Comme tu le fais. Alors tu te fais conciliante, ne souhaitant pas terminer cette rencontre sur la même note que la dernière fois.
“ Si je ne voulais pas que ce soit toi qui comble cette solitude, je ne serais pas là parce qu’alors, elle n’existerait même pas. Je crois l’avoir déjà dit, mais ça ne peut être que toi. Si je dois rencontrer ce sentiment un jour, ça ne peut être que mon Dieu qui pourra me l’offrir.”Tu le nommes comme il doit l’être.
Car si tu es
reine, il est
roi.Si tu es
déesse, il est
dieu.“ Je te regarde, Viktor. Je te regarde avec la même sincérité que tu le fais. Je te regarde avec toute l’affection que je te porte. Tu me fais me répéter, mais je veux bien te le redire encore une fois, car aujourd’hui je n’ai pas envie de t’éloigner de moi. Alors écoute bien. Je te donnerai tout de moi tant que tu m’offres tout ce que tu as. Et cela peu importe ton apparence, car je sais parfaitement qui tu es depuis le premier jour.”il n’y a toujours aucune malice, ni aucun charme dans le fond de tes yeux orangés. Rien de plus que ce que tu tentes désespérément de lui transmettre encore. Que cette fois-ci il comprenne qu’il n’a pas le choix que d’être à toi. Que d’être avec toi. Que c’est ce que tu as choisie. Parce que tu l’as fait. Et il n’a pas droit d’en douter.
De le remettre en question.
Évidemment que c’est à lui de combler ta solitude. Puisque c’est lui.
Qui doit rester à tes côtés.
Il l’a promis.