Ronger ses ongles toujours impeccablement manucurés, c’est pas dans ses habitudes. Il consacre trop de temps à se vernir les ongles d’arc-en-ciel et il détruit le travail en une morsure.
Marqueur de stress, pour sûr mais le seul qui le trahit puisque sinon tout droit, cherchant à imiter les mouvements du tuteur que tu serais. Yeux rivés sur ta posture plus nonchalante, il prend une cigarette pour arrêter de massacrer le vernis. Tantôt il enfouit l’inquiétude dans le mug qui masque son visage s’il sirote.
Vernis, clope ou café, faut croire que quelque chose doit bloquer sa bouche pour éviter de lâcher une autre connerie. Il s’est précipité sur tes feuilles, il ne doit plus se hâter et sait que c’était pas brillant comme move. Il doit occuper ses dents de n’importe quoi parce qu’il a faim de réponse que tu tardes à lui soumettre.
À l’inverse presqu’endormi, il hésite à te relayer sa tasse de café ou te la jeter à la figure pour te réveiller une bonne fois pour toutes. T’es lent, Constantine. Il voudrait te tirer non seulement les vers du nez mais ta langue plutôt que s’accommoder à ton débit. Il s’y concentre péniblement, plissant les yeux. Pas méchamment, juste pour espérer un indice avant coureur. Faut dire que Cassian comprend pas ta compassion ou en général. Et ça dans les deux sens donc tout espoir, en général aussi, est vain.
Tu le remarqueras peut-être tôt ou tard, si ce n’est maintenant. Il a l’air confus quand tu lui refuses l’approche des patient·e·s. Si leur demandait directement, l’apprenti est certain que la réponse serait tout autre parce qu’après tout il pense n’avoir rien de méchant en lui ! Nul besoin de pressentir une once de danger en sa présence.
Il ne pipe pas un seul mot parce qu'il n'a pas compris (encore). Également parce qu'il agit comme obéissant. Sa mine n'est pas déçue, plutôt neutre et acquiesce dans un hochement de tête semblerait-il positif.
«
Si ça te va, ça me va. T'as l'air de faire confiance facilement aux gens. Je me demande d'où ça te vient ? Je pensais pas que tu tiendrais autant parole, déjà à la base. »
Une énième gorgée de café pour avaler difficilement le véto qu’il s’est mangé. Puis sa face se révèle à nouveau, pleine de positivité. Avaler l’intégralité de son café pour voir le verre à moitié plein.
Sa joie n’est pas. Juste complètement sardonique. Deux mois, sans intervenir et être si patient, il n’a pas ton temps. Ça risque d’être long et de l’agacer. Alors il n’essaye de pas avoir si peur de commettre une erreur et de te déplaire. Comme sa devise le dit, faut faire vivre le pire entretien, après tout...
Dans le monde des morts, c’est expérimenter ou rien. Il ne va pas rester les bras croisés comme toi. À te regarder davantage, ta posture l’importune alors il la brise sans mot, prenant ton avant bras dans sa main. Si c’est lui qui doit jouer le responsable de sa propre éviction très bien. Mais en attendant, voilà qu’il s’installe en tes lieux, l’élève volant la place du maître.
C’est ça ton siège dans lequel t’interroge les autres ? Il s’y est invité et t’invite à prendre place dans l’autre face à lui, rigolant de son petit jeu.
«
C’est peut-être un peu trop facile de m’engager comme ça. Si tu veux pas savoir si je suis fiable, tu veux même pas que je teste mes compétences sur toi ? »
Les jambes croisées, penché vers toi et redressant sur son nez de fausses lunettes, il prend la première feuille et le stylo à sa portée pour prendre des notes. Une position stéréotypée mais ça l’amuse. S’il doit être déjà remercié, il pourra dire qu’il a passé la dernière minute à plaisanter et que c’était peut-être pas fait pour lui. (Il serait temps de s’en rendre compte.)
Et toi, tu veux bien, plutôt que travailler, jouer ?
Notes
670 mots
Autant de temps, c'est une honte. bref, pardon.
La lenteur de Constantine est en contradiction avec son impatience. Cassian mange difficilement le refus mais agit comme élève enthousiaste quand même. S'il peut pas faire d'entretien, il va en faire faire un à Constantine ! Il les assied aux fauteuils non respectifs.