Oopsies ! Chère complice, va falloir courir ! ∞ ft. Lisa Onoda

Hm… Ces deux commerçants ont l’air de s’apprécier un peu trop. Après tout, quels idiots installeraient un magasin qui propose les mêmes articles que son concurrent juste de l’autre côté de la rue ? Y’a forcément un truc louche là-dessous.

Ça commence juste à devenir long. Très long. Trop long, de les observer.

Même si ça fait que dix minutes. C’est déjà dix de trop qui auraient pu lui servir pour une activité plus intéressante. Passons au plan R.

Il est grand temps de réveiller ces nullards !

∞

Ainsi, il se présente à la première boutique en tant que critique de boutiques. Il présente même une fausse carte stipulant son métier en guise de preuve. Il invite le commerçant à l’attendre à l’extérieur, le temps qu’il aille chercher celle de la boutique d’en face.

Bien que le soupçonnant évidemment, le vendeur concède à sa demande.

Il se rend dans la deuxième boutique pour répéter la même chose. Et bien vite, il se retrouve face aux deux marchands au milieu de la rue.

Les bras croisés, il regarde sérieusement les deux individus pendant quelques secondes.

Puis il commence ses explications inventées. Il raconte qu’il a décidé d’organiser une compétition de la plus belle vitrine entre les deux concurrents. Et qu’il récompensera le gagnant. Il leur laisse une heure pour essayer d’embellir au mieux la présentation de leur vitrine.

Les deux commerçants se regardent, un mélange de méfiance, d’intrigue et de défi se lit dans leurs yeux. Il sait qu’il les a déjà motivés. Sûrement grâce à cette soi-disant ’récompense’.

Quelle que soit la raison exacte, l’homme et la femme retournent dans leur boutique respective et s’affairent immédiatement à modifier leur devanture.

Pendant l’heure qui s’écoule, il vient naviguer de temps à autre entre les deux boutiques, mentant sur le fait qu’il vérifie l’avancée ou posant des questions comme les idées qu’ils ont. Il en profite pour chaparder discrètement des éléments de chaque vitrine et les glisser dans celle du concurrent.

Il fait de son mieux pour que ces éléments modifiés soient à la fois romantiques et subtils. Tout en étant évidents qu’ils viennent de l’autre. Donc il les place pour aider à rendre les vitrines encore mieux.

L’heure passe enfin. Le verdict vient.

« Hm… Me trompé-je ou cet article ne vient-il pas normalement de votre boutique ? Comment est-il… » Il fait semblant de s’arrêter en regardant l’autre magasin. « Ah, mais vous aussi, votre vitrine a des produits qui ne proviennent pas de chez vous. Comment cela se fait-il ? »

Les deux vendeurs échangent une nouvelle fois des regards, les sourcils froncés. « C’est toi qui as fait ça ? Tu as essayé de me saboter pour avoir la récompense ? Je pensais que tu… »

« Non ! Je promets que je ne me suis même pas approchée de ta boutique ! En plus, j’ai tout fait pour la rendre moins bien que la tienne ! Je t’aime, je voulais que tu gagnes ! » La femme réplique, complètement sur la défensive et commençant à paniquer. Elle ne réalise même pas ses mots sur le moment.

Mais alors un silence se pose. Et une compréhension mutuelle s’installe.

Ah, ah. Il va être temps de courir.

Au moment où la pensée lui traverse l’esprit, les deux marchands se retournent comme un seul vers lui, prononçant le même mot. « Vous ! »

Il esquisse un large sourire, fier de sa plaisanterie. Il semblerait qu’il n’en soit pas de même pour les deux, qu’il les ait aidés ou non. Comprenant, il pivote sur ses talons et part au quart de tour, très vite pourchassé par les deux amoureux.

Courant à sa vitesse… pas si maximale – mais peu importe –, il manque presque de bousculer une jeune femme sortant d’un magasin.

Il fait un arrêt brusque, et… Oh. Il commence à sangloter, regardant par-dessus son épaule régulièrement. « Oh mon dieu, oh mon dieu ! S’te plaît, aide-moi, chère complice ! » Il jette un nouveau coup d’œil derrière lui, voyant ses deux poursuivants se rapprocher. « Aaah ! Ils arrivent ! Fuyons ! »

Et… avant que cette noble inconnue puisse dire quoi que ce soit, il l’attrape par le poignet et l’embarque avec lui à travers les rues et ruelles commerciales pour semer ses traqueurs.

Ni une, ni deux, se foutant complètement de son avis, il l’embarque avec lui. N’ayant aucune idée de l’endurance de sa nouvelle complice, il garde la même allure semi-rapide. Il veut pas l’essouffler, encore moins se retrouver à la porter en cours de route.

Heureusement, elle se débrouille bien. Elle doit faire un truc assez sportif, elle aussi. Quoi, cependant, il en sait rien.

Il continue droit devant lui dans la rue commerciale, esquivant habilement les passants grâce à sa réactivité plus élevée que la normale. Occasio’, il jette des coups d’œil par-dessus son épaule. Non pas pour voir l’état de sa collègue, mais pour checker la position des deux commerçants.

À un moment donné, il les voit plus. Sûrement semés pour quelques minutes.

Alors il s’arrête pour reprendre son souffle. ’Fin… Mimer de le reprendre, plié en deux, les mains sur ses genoux. Il est pas si épuisé que ça.

Sa complice arrache son poignet hors de sa prise, et commence à baragouiner… qui sait trop quoi, en fait. Il comprend rien. Du moins, si, il capte qu’elle cherche où ils se sont rencontrés. Alors elle énonce des possibilités au hasard, on dirait.

La vraie réponse ? Nulle part.

Oh ouais, et elle déteste être touchée. Okay, pas de problèmes. Il y pensera à l’avenir. P’t-être.

« Ouais, non, j’ai aucune idée d’qui tu parles, mais non, on s’est jamais rencontrés, t’inquiète. J’t’ai juste mêlée à mes ennuis pour le fun. » Il hausse les épaules. Être aussi direct le mène souvent à se faire détester. Il est habitué. « C’est quoi ces histoires de son drill ensemble ? Ou faire des clips ? T’es chanteuse ? »

Il la connaît pas. Ou il connaît peut-être quelques-unes de ses chansons sans connaître la personne derrière pour autant. Il écoute plus des groupes de rock que des chanteurs solo, faut dire.

Une nouvelle voix – masculine – vient se joindre à leur petite discussion. « Vous voilà, vous deux. Vous allez venir avec nous. »

Il se retourne pour voir que le couple de commerçants les a finalement rattrapés. « Ooooh ! C’est vous ! Vous en avez mis du temps ! Je courais pas vite, pourtant ! » Ce qui est franchement vrai. Et il sait aussi que ça va encore plus les énerver. C’est tout le but du jeu !

Cependant, sa complice fait quelque chose qui le surprend totalement.

Elle leur signe un autographe ! Rien qu’ça ! Trop cool ! Dommage que ça foire totalement ! Parce qu’apparemment, ils la connaissent pas. Ça tombe bien, lui non plus ! Mais il veut bien un autographe aussi !

Les yeux brillants, il la regarde. « J’peux en avoir un aussi !? » D’ailleurs, elle est bien chanteuse, de ce qu’il capisce.

Et, attendez, sérieusement ? Ils ont plus de 700 ans ? C’est une blague, pas vrai ? Ils se tournent autour depuis combien de siècles ? Il espère franchement que ça fait pas si longtemps, parce que wow ! Il peut pas croire que des vieux soient aveugles si longtemps !

Miss Complice l’abandonne alors pour se rendre à… un distributeur. Euh. Ouais ? Okay ? Quoi, elle veut faire des emplettes chez eux maintenant ? Il lève les yeux vers les deux vendeurs tout aussi pris au dépourvu que lui. Au moins, ça l’épargne de potentielles représailles.

Bon, elle prend pas trop d’temps pour revenir non plus. Avec 1000 ossements. Qu’elle leur donne. Juste comme ça.

Il cligne des yeux, encore plus sous le choc. Le duo de vieux aussi. Mais ils prennent l’argent avant de tourner les talons sans un mot de plus. Il se ressaisit à ce moment-là et les salue d’un geste du bras. « La prochaine fois, prenez pas si longtemps pour vous déclarer votre flamme ! »

À peine disparus, il reporte son attention sur sa complice-sauveuse, excité. Les poings serrés devant lui, les yeux à nouveau brillants, il la regarde. « Du coup, t’es quoi et qui ? Une vraie chanteuse ? Quel genre ? J’t’ai p’t-être déjà écoutée sans même le savoir ! Tu peux vraiment regagner autant en si peu de temps !? C’est fou ! » Il marque une pause. Il parle sûrement trop vite. Pas sûr qu’elle ait tout compris. C’pas grave.

Il essaye de se calmer. Mais l’excitation palpite toujours sous sa peau, et il a du mal à tenir en place.

« Moi, c’est Ethan, au fait ! » Au même moment qu’il se présente, il tire une pluie de confettis au-dessus d’eux de nulle part. Un des tours de magie qu’il a appris et maîtrise bien maintenant. « Sowwy, not sowwy de t’avoir embarquée dans tout ça ! » Parce qu’il est réellement pas désolé, non. Il est très fier de lui, au contraire.