un réveil complexe
Tout ce dont tu avais besoin, là, maintenant, c’était d’un peu de sommeil.
Juste un tout petit peu.Et évidemment, comme toutes les autres fois où c’était le cas, le destin en avait décidé autrement.
Hier soir, de vagues connaissances t’ont traîné dans une soirée où l’alcool premier prix coule à flots, et où la musique pourrie bat son plein.
Alors tu t’es forcée à boire, et tu t’es forcée à danser, histoire de pas casser l’ambiance.
T’aurais pas dû, tu le sais très bien. Ton crâne tambourine, la lumière à travers la fenêtre te brûle la rétine, et v’la pas que tes colocs se mettent à piailler dans la pièce d’à côté pour te casser les oreilles.
D’humeur massacrante, tu te couvres un minimum avec un sweat bien trop long pour être le tien avant de les rejoindre dans le salon.
“Grmbl… Kessskissspasss… ?”
Pas sûr que quiconque réussisse à interpréter ta question, vu comme tu marmonnes indolemment.
Et maintenant que t'es debout, tu ressens enfin ta déshydratation alarmante : comme un robot mal huilé, tu te traînes jusqu’à la cuisine, où tu découvres à l’odeur les expériences terrifiantes de ton ami pirate.
Après la vue et l’ouïe, ça te fait un troisième sens que tu adorerais pouvoir éteindre.
Un très bon début de journée, donc.
“Ça n'est pas comme si elle doit être loin…”
“De quoi… ?”
Tu marmonnes dans ton verre d’eau, personne ne t’entend. Reste plus qu’à arranger la scène comme un puzzle rendu bien trop complexe par ton état pour comprendre ce qu’il se passe.
Les secondes passent, les accusations fusent, et tu réalises enfin que les pass ont disparu.
Toi, tu te contentes de hausser les épaules : t’es pas assez consciente pour t’en inquiéter maintenant, ni même pour chercher à savoir si le tien a été lui aussi égaré.
“J’parie qu’ils sont dans la tarte du cap’taine, moi.”
Tentative d’humour plus ou moins ratée, au fond, ça t'étonnerait qu’à moitié si c’était vrai.