Il sent son souffle, son odeur et il ne sait pas quoi en penser. Si ce n’est qu’au moins son odeur n’est pas désagréable -à défaut de mieux. Lui-même inspire, expire, incapable de savoir quand elle décidera de le mordre.
Finalement les dents d’Huia percent la chair de son cou, subitement, sans le moindre avertissement. La sensation est étrange, déroutante et surtout douloureuse. La force de sa mâchoire, les dents plus coupantes qu’un rasoir, la chaleur de sa bouche contre sa peau. C’est perturbant de se retrouver d’un coup de
l’autre côté, d’avoir l’impression de devenir la proie. Une fois de plus. Il n’aime pas ça. Mais la curiosité et la douleur le cloue sur place et seul sa main bouge pour venir se tenir en vain au mur situé à sa droite, recouvrant la faïence de traces de sang. Ça coule et il s’attendait à sentir du sang froid mais il est étrangement tiède -ce qui le dégoûte encore plus. Il ouvre les yeux et il ne voit rien d’autre la longue chevelure noire d’Huia. Elle cache la vision probablement sanguinolente de son cou et il est loin de s’en plaindre.
Et puis la douleur se fait plus vive. Il se sent un peu faible et surtout une émotion semble le submerger. Il ne comprend pas laquelle et il ne comprend pas quoi faire, quoi penser -mais il commence à avoir envie de fuir. Il s’agite un peu plus mais les mains qu’elle pose sur ses épaules le fige de nouveau sur place. Ça le révulse de se sentir incapable de la repousser, ses forces le quittant de plus en plus. Pourtant sa vue ne se trouble pas
tant que ça et il parvient à rester debout malgré ses jambes qui lui paraissent plus légères. Son tee-shirt lui paraît atrocement humide et seuls les bruits de gouttes tombant contre la céramique de la baignoire se font entendre. C’est inconfortable, c’est pénible, c’est éprouvant. Une étrange pensée lui parvient :
il espère au moins avoir bon goût. Et il est bien incapable de comprendre pourquoi il pense à ça, tout d’un coup.
Elle le lâche, il titube légèrement. Ses dents quittent sa peau et il voit enfin son visage. Le menton couvert de sang, une partie de son cou également. Il n’arrive pas à comprendre ce qu’elle peut bien penser et lui-même ne sait quoi dire, quoi faire. Alors il fini par s’asseoir sur le rebord comme pris d’une grande fatigue -avant de voir l’étendue de sang tapissant le fond de la baignoire. Cela explique sûrement la sensation de faiblesse qui le traverse, la vue très légèrement trouble et ses mains qui tremblent. La douleur, elle, est vive mais largement supportable ; ce qui ne l’étonne pas. Il a toujours réussi à endurer et il n’a pas d’explication quant au pourquoi. Il pose sa main contre son cou et elle se retrouve teintée de rouge. Ça brûle, un peu, et il a l’impression que le sang continue de couler.
« Ça va?
Je sais pas trop. »Il marque une pause.
« Ça brûle un peu, ça fait mal, mais je crois que ça ira. »Un soupir. Ses yeux quittent enfin le visage d’Huia pour regarder la flaque de sang à ses pieds, puis son pantalon maculé de sang et enfin son tee-shirt. C’est poisseux mais au moins la tiédeur du sang a laissé place au froid –et il préfère autant.
« Je vais me nettoyer dans la cuisine.
Attend je – »Il n’a pas le temps de finir sa phrase que la voilà partie. Il aurait préféré, de loin, qu’elle se rince dans la salle de bain. L’idée même de devoir nettoyer derrière elle l’agace mais après tout il prend déjà toute la place dans cette salle de bain bien trop petite. Inspirer, expirer. Les tremblements s’arrêtent, la douleur s’atténue et le sang ne coule plus. Il fixe ses mains un moment ne pouvant s’empêcher de se demander
quel goût il a. La langue sur le bout de son doigt recouvert de sang, il grimace légèrement avant de se relever. Le poids du regret sur les épaules, il hésite à retirer son tee-shirt mais il n’a pas pensé à prendre des vêtements de rechange. Une longue hésitation et le voilà qui se déshabille à la hâte, retirant que son tee-shirt et son pantalon avant de se rincer et s’essuyer du mieux qu’il peut. Dans la glace, la vue de la morsure le fait papillonner des yeux de surprise : c’est plus laid qu’il ne le pensait.
Se glissant de la porte de la salle de bain à sa chambre, il se change en enfilant un autre tee-shirt ainsi qu’un pull -puisqu’il a étrangement froid. Le jean rapidement boutonné, il marche lentement vers la cuisine comme redoutant … Il ne sait pas, au fond. Il la fixe un long moment, sans rien dire. Il se sent mal à l’aise.
« … Je t’ai ramené des vêtements de rechange. Je … je crois que tu as tâché le haut de tes vêtements. »Cela évitera aussi qu’elle mette encore plus de
sang dans sa cuisine.
« Tu peux te changer dans la salle de– »Il s’interrompt. Elle ne peut pas se changer là-bas puisqu’il n’a pas encore nettoyé. La cuisine est ouverte tout comme sa bibliothèque. Il ne reste qu’un endroit. Il grimace, grogne ; après tout il est responsable de ses propres choix. Il pousse un long, très long soupir avant de murmurer comme résigné.
« … Tu peux te changer dans ma chambre. Mais ne touche à rien, s’il te plaît. »Résumé
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Tellement désolé pour le pavé my god
Bon ben Wynn douille un peu, il est pas ravi de voir Huia se nettoyer dans la cuisine mais il fait un effort ÉNORME de lui prêter des vêtements et l'autoriser à mettre un orteil dans sa chambre
(pour les fringues c'est sûrement un vieux sweat thème étoilé/NASA un truc du genre et un vieux pantalon noir)