« Ô saison, ô châteaux ! / Quelle âme est sans défaut ? »
– Rimbaud
L'été allait arriver bientôt. Avec elle, la chaleur, le soleil, les souvenirs. En son cœur, la foule, le bruit, les rires. Tu aimais bien l'été. Les beaux jours revenaient avec
elle, la divine solaire. Sans réellement le dire, te laisser découvrir, tu avais hâte, comme un enfant. Le ciel se dégage, et avec lui, les étoiles. Tu voyages. Tu t'évades. L'été. Le moment unique où tu fuis la pollution, pour découvrir les mythes des anciens, pour te laisser bercer par les douces lueurs. Une habitude, née de souvenirs.
Mais l'été n'était pas là. Pas encore, même si les jours beaux - passion solaire - se laissaient revenir. Administrativement, tu avais l'impression que la saison nouvelle était la pire. Avec le printemps, vient de nouvelles gens, de nouveaux problèmes. L'un d'entre eux était une jeune fille.
De mauvaises langues diraient que toutes les femmes apportent leur lot de problèmes. Ces langues-là, il faut les couper. Non, le problème était la personne. Terri Taylor, 20 ans, colocataire et célibataire. Quoique, pour ce que tu sais, c'est peut-être pas le cas. Et de toute façon, tu t'en fous, en fait ? Des détails qui encombre l'esprit des autres. Sa vie n'est pas la tienne, tu n'as pas à te soucier de ça. Terri n'est qu'un
détail dans ton existence, qui tôt ou tard disparaîtra.
Dans ce capharnaüm, tourbillon de papiers et de cartons, se traîne ta carcasse, attendant l'heure, ou plutôt la fin de l'heure. Car sous ta responsabilité, elle y est, cette enfant- à 20 ans, on n'est pas grand. À 20 ans, on prétend être un adulte. Encore maintenant, tu as l'impression de faire semblant. Dans l'éclat de l'horloge, tu attends patiemment. Peut-être que tu n'as tout simplement pas envie de travailler, et c'est pourquoi tu préfères attendre, tasse à la main, regardant la porte comme si le monde en dépendait - il faut dire que c'était le cas pour le monde administratif. Café brûlant, noir, saveur amer comme ton âme.
Et enfin, accueillons la venu de la divine enfant ; retardataire. À son retard, une punition s'imposerait. Tandis que la porte s'ouvre, une gomme s'envole en direction du front de la blonde.
— «
Cinq minutes de retard à ton deuxième jour. », lâches-tu après l'avoir maltraité à coup de matériel de bureau. «
Comment t'arrives à être en retard quand on habite à même pas TROIS minutes ? »
Ton venin se crache à son visage, sans véritable méchanceté, juste ta pensée lâchée au vent. Comme si toi, tu n'étais jamais arrivé en retard. Oui, mais dans ton cas, personne ne t'avais chopé.
Mais si elle continuait sur cette voie, tu pouvais d'ores et déjà garantir qu'elle allait devoir photocopier et classer seule tout le dossier "
John Johnson".