Got a whole tank of dopamine, flush it. You're only as low as you think, fuck it. Your never as low as you think, nah, nah...
Lumière blafarde. Les réverbères à moitié pétés du quartier n'étaient rien à part des morceaux de bitume craquelé. Dans la nuit aussi noire qu'un puits sans fond, mieux valait ne pas traîner à cet endroit. Surtout à cette heure. Qui pouvait savoir ce qu'il allait arriver, quel fou allait sortir de derrière un poteau pour vous détrousser et vous malmener ? Personne. Et personne d'un minimum respectable ne viendrait pointer son nez dans un lieu aussi sordide, crade et dangereux.
Mais tu n'es pas respectable. Pas vrai Toulouze ?
Des nuages noirs, sombre comme le vide dans son âme. La pluie n'allait pas tarder à tomber et déverser ses larmes sales sur ce monde pourri dans lequel il était tombé. Peut-être pleuvrait-il jusqu'au matin, l'averse l'obligeant à rester sur place un bon moment. Peut-être allait-il devoir rester là, à rester sur ses gardes pour qu'aucun dealer ou crétin n'essaie de lui piquer ses affaires. Combien de fois un truc pareil avait failli lui arriver par le passé. Des centaines de fois. Heureusement qu'il se méfiait bien plus des gens à l'heure actuelle.
Ça, c'est ce que tu dis.
Ses lèvres affichèrent une grimace, un sentiment grondant emplissant sa poitrine. Le manque se faisait sentir, dangereux, violent. Il allait le pervertir, l'enrager, le corrompre. Comme toujours. D'ordinaire, il prenait ses précautions, faisait attention à ne pas tomber dans un tel état d'insuffisance. Sauf qu'il n'avait pas prévu d'être aussi irritable ces derniers jours.
Et bien Toulouze, tu perds la main.
Ses pas résonnaient dans l'usine à peine éclairée, ses yeux remplis de méfiance scrutant les environs. Cela faisait plus de deux heures que Toulouze vagabondait dans le coin, après s'être réveillé dans un coin dans un immeuble abandonnée. Il n'avait eu aucun souvenir de ce qu'il avait fait les heures précédents son arrivée, sa mémoire ayant, comme bien souvent, effacé une partie de sa journée. Le zombie avait totalement oublié comment il avait fait pour se retrouver par terre, à moitié nu et sa gourde vide. En plus de cela, il n'avait rien noté sur cet événement sur son portable. Alors comment se souvenir de quoi que se soit.
Mais sa mémoire n'était pas son plus gros problème. C'était bien cette sensation de manque. Toulouze la connaissait, par cœur. Comme une femme que l'on a aimé mais qui nous torture plus qu'autre chose. Toulouze savait que d'ici peu, il se sentirait mal, qu'il aurait envie de hurler, de frapper quelque chose. Il lui fallait une potion, rapidement. Avant de tomber dans la folie.
T'es mal barré mec...
Une voix. Une voix de femme. Dans les décombres de cette usine désaffectée, une voix de femme résonnait. Intrigué, l'homme se dirigea vers elle, espérant trouver une dealeuse pas trop chiante pour le fournir. Quand il la découvrit. Cette nana aux longs cheveux clairs. Toulouze sourcilla en la voyant, en l'entendant également. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire là, vêtue de cette tenue tout sauf adéquate, dans un endroit pareil ? Le zombie en avait vu des choses en presque trois siècles d'existence dans ce monde. Mais cette fille restait l'une des choses qui l'intriguait le plus. Sans parler de sa façon de l'énerver.
Tentant de ne pas relever sa remarque moqueuse et acerbe, le grand métis se dirigea jusqu'à elle, l'observant avec le plus de calme possible afin de voir si elle pouvait lui servir à quelque chose. Elle ne portait que ce costume de lapin ridiculement vulgaire et des escarpins qui n'étaient pas sans lui rappeler sa nécromancienne de colocataire. Vraiment, que foutait-elle ici ? Toulouze voulut grogner, son sang tournant trop vite dans ses veines. Il ne se souvenait même plus de son nom.
Comme si tu en avais quelque chose à faire.
- Qu'est-ce que tu fous là ?
L'homme rabaissa sa capuche et observa la lapine trop peu couverte. Il tenta de ravaler sa colère, son manque et ses paroles grossières pour se poster devant elle, les mains dans les poches.
Mais on sait bien Toulouze que tu ne resteras pas calme bien longtemps...