Simon t’observe de la tête aux pieds. Il est fasciné par tes longs cheveux soyeux et il aime bien ne pas avoir besoin de lever la tête pour te parler. Tu lui parles et il t’écoute, il est anglais : il parle anglais. Il ne peut pas savoir ce que les chiens affamés peuvent manger – voir les hommes. Il a vécu dans une famille aisée avant sa mort, il mangeait à sa faim. Il pouvait se permettre de faire le difficile. Ses yeux ont du mal à te fixer. Ils ont du mal à maintenir un point et il regarde la direction que tu lui indiques pour aller chez moi.
Le voilà un peu perplexe, c’est qu’il était persuadé que c’était l’autre chemin. Il n’aime pas tellement se tromper, ni encore moins être en tort. Ses yeux vont à nouveau vers toi et il est à nouveau distrait par ta chevelure. Tu les remues devant ses yeux et il veut les attraper, de ses petites mains sales, il veut pouvoir voir s’ils sont aussi doux qu’ils semblent l’être. Il jouera avec si tu le laisses faire, sinon, il affichera quelques minutes une mine un peu plus contrariée.
- « Ils sont très beaux. » Ils le sont encore plus quand tu es nue, si tu veux mon avis et qu’ils deviennent tes seuls vêtements. Evidemment, il est loin de penser à tout cela. Il trouve qu’il ressemble à des cheveux de fée ou de princesse. Il se demande si tu es l’une d’entre les deux. Il n’est pas certain. Mais il faut avouer que tu y ressembles beaucoup.
La question sur la couleur de ses cheveux le fait sourire. Il retire son sac à dos, ouvre la fermeture éclair et tire un sachet de bonbons où il n’y a plus de bleu et sans doute bientôt plus de verts. Il les secoue devant toi, rapidement, et joyeusement :
- « Des bonbons de magicien ! Ils rendent les cheveux et les yeux de plein de couleurs. » En fonction de ce qu’il mange. Des bonbons aux effets différents, il en a des tas. Je dois reconnaître que j’en suis responsable. Je suis du genre à aimer les confiseries, du coup je lui en achète un peu excessivement. D’ailleurs, il te tend un bonbon. Un simple bonbon à l’effet qu’il ne connait pas lui-même. A ta place, je ne le mangerais pas où tu risques de changer de couleur, de sexe, d’âge ou je ne sais quoi encore. C’est un farfadet le petit Cinemont.
- « Dis, madame la fée, tu veux un bonbon ? Et tu m’emmènes chez Eden ? » Car ça reste son but premier : arriver avant le loup dans la maison de la grand-mère. Evidemment, le loup y vit depuis longtemps, mais ça : il n’a pas besoin de le savoir.
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