Orange et Viviane sont les serveuses les plus connues du Bchobiti. La maghrébine est d’ailleurs très joyeuse aujourd’hui dans une robe d’hiver et un bonnet à pompon. Quand elle voit arriver l’enfant et la femme, elle va rapidement à leur rencontre en levant un bras en l’air pour leur faire signe. Viviane s’est saisi de l’enfant par la main et l’a pris dans les bras sans qu’il ne bronche. Il est habitué à la serveuse et ne s’inquiète plus de ses contacts.
Viviane gronde gentiment, rigolant un peu, elle regarde les traces de nourriture sur les lèvres et les nettoie rapidement d’une lingette. Le petit, lui, ne cesse de parler. Il est impatient d’aller demander à Eden de partir à Londres pour voir son papa. Il est vraiment pressé et Viviane passe du sourire à l’ennui sur le visage. « C’est-à-dire, Simon …
- Je veux aller voir papa à Londres ! » Si seulement, elle pouvait trouver les mots pour que ce ne soit pas à moi de le faire. Seulement Viviane part en retraite, déposant l’enfant, elle salue plusieurs fois Juunko en signe de respect et lui indique que Orange va les conduire à Eden. Elle se méfie de mes colères lorsque j’entendrais l’enfant parler et sans doute qu’elle a des raisons de les redouter.
Tout bonheur et insouciante, Simon a attrapé la main de Juunko pour suivre Orange à la chevelure brillante et portant une couronne de glace en direction des couloirs dissimulés derrière la bibliothèque secrète. Elle ne va pas dans mon bureau. Elle sait que je ne m’y trouve pas. Son pas flotte, alors que sa robe identique à celle de Viviane danse sous son pas vif.
Simon ne cesse de répéter qu’il veut aller à Londres et une certaine inquiétude commence à naître dans les yeux de la femme. Jusqu’à ce que soudainement, au détour d’un couloir menant aux jardins, elle tombe sur ma propre personne qui en revient.
Mes bras se sont refermés sur l’enfant qui a couru dedans. Je l’ai enlacé, immédiatement, et je l’ai grondé de s’être sauvé. Avant d’avoir le temps d’élever la voix pour marquer d’une gravité ce fait, il me demande :
«Je peux aller voir papa à Londres ? » Mes yeux se sont posés sur lui en silence et j’ai perdu mon sourire. « Simon, on en a déjà parlé. Et … »
….
…
Il se met à pleurer et je l’ai déposé à terre sans intention de le consoler. « Tes caprices n’aideront pas. Ton père travaille. »
Un couloir n’est pas le lieu pour parler de ça. J’ai voulu prendre Simon par la main et faire partir les deux femmes, mais il a été attrapé la main de Juunko. Orange m’a signalé qu’elle devait retourner bosser et je lui ai fait signe de partir avant de faire deux pas en arrière, d’ouvrir la porte de la serre pour y faire rentrer mon amie et mon filleul. Je vais avoir besoin d’une explication.
Pour l’heure, Simon est rentré au bercail.
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