La bulle de coton vacille. Le jeune homme fait un mouvement. La brune le regarde. Une moue s'affiche sur son visage. Etsu le sentit alors. La soirée était finie.
Ce n'était ni un air inquiet ou paniqué, ou bien dérangé au possible qui peignait les traits de Susanoo tandis qu'il décrochait son portable et composait un message qui resta inconnu de la jeune femme. Il se redressa ensuite, un peu maladroitement, un peu hésitant. Avant de lui offrir un sourire. Un doux sourire. Mais la nuit touchait à sa fin. Leur nuit touchait à sa fin. Et Saturne n'avait alors plus du tout envie de sourire.
Pourtant, elle se força.
Etsu ne répondit pas à la remarque, elle n'en eut pas réellement le temps, ni l'envie. Elle lui dirait la prochaine fois qu'elle se disait, quand elle le verrait à nouveau. Puis il lui donna son numéro de téléphone. Un peu précipitamment, dans un courant d'air qui ébouriffa ses cheveux bruns. Dans un courant d'air qui couvrit légèrement les oreilles de la brune qui, dans un clin d’œil et une œillade malicieux, regarda Jupiter s'en aller. Saturne eut un petit pincement au cœur, laissée toute seule sur le bord de la rivière, alors que l'air qu'elle jouait n'était pas encore vraiment terminée. Elle resta là, toute seule, avec ses anneaux et les derniers points brillants du ciel à se demander quand est-ce qu'elle pourrait à nouveau danser avec Jupiter. Quand elle pourrait à nouveau le voir. Rapidement, elle l'espérait.
Une seconde s'écoula. Puis une minute. Puis une dizaine d'autres. Un courant d'air caressa la nuque de la japonaise qui se rendit alors compte qu'elle n'avait plus d'écharpe, Susanoo étant parti précipitamment avec. Un sourire, un vrai et amusé, étira ses lèvres fines alors qu'elle sortait son cellulaire de son sac pour le lui indiquer. Mais alors qu'elle notait les chiffres qui composait le numéro du garçon, Etsu eut un doute. Un gros doute. Ses sourcils se froncèrent. Son cœur battit plus vite. 01 ? 020 ? La jeune femme tenta les deux options, quitte à tomber sur un faux numéro... mais aucune réponse. Ses lèvres se pincèrent, son corps se redressant tandis que ses jambes tremblantes la soutenaient. Elle recommença à nouveau. 01. 020... et si elle avait mal entendu ?
"Susanoo c'est Etsu. Rappelles moi, tu as gardé mon écharpe."
Une minute. Puis deux. Puis dix. Toujours pas de réponse. Il aurait déjà dû répondre. Jupiter aurait dû répondre. Saturne se retrouve démunie, perdue, délaissée. Elle s'est trompée.
Elle n'a pas le bon numéro...
Une expression déçue étirait les traits de la jeune femme qui récupérait ses affaires avant de retourner à son appartement. Le garçon devait déjà être loin et elle ne risquait pas de le rattraper. Elle n'avait en plus que son prénom et ne pouvait pas le retrouver en allant demander à l'accueil de l'agence. Si il vivait à l'agence. Etsu émit un soupir, un peu groggy, plutôt penaude. La nuit était terminée, bientôt le soleil viendrait se lever. Et elle n'avait aucune idée de quand elle pourrait revoir le jeune homme. C'était dire si elle était triste. Non. Elle était horriblement triste de ne pouvoir le retrouver. Sans vraiment l'expliquer. Sans vraiment savoir pourquoi. Etsu était horriblement triste au point que son cœur en était serré.
Elle retourna à l'agence, retrouva son appartement calme et ses chats venus lui réclamer des caresses. Elle retrouva sa chambre, s'installa dans son lit en silence, sentit sa gorge lui faire mal à cause du froid qui l'avait enveloppé et oublia son portable sur sa table de chevet qu'elle laissa sur silence. Au réveil, Etsu ne pourrait sûrement pas aller travailler. Ni même quitter sa couette. Et elle n'en avait pas du tout envie. Pas après la déception qu'elle venait de vivre. Elle ne désirait plus rien pour l'heure. Ou plutôt, elle souhaitait juste revenir en arrière.
Pour danser avec Jupiter.
Plus tard, elle recevrait un message disant qu'elle s'était trompée de numéro. Elle retenterait le coup avant l'autre option, appelant directement Susanoo. Mais tomberait sur une boite vocale lui disant que ce numéro n'était attribué. Elle éternuerait une partie de la journée, aurait 40 de fièvre et resterait clouée au lit, ses colocataires l'enjoignant d'autant plus de le faire. Mais surtout, elle passerait son temps à repenser à cette nuit et à regretter que le temps ne se soit pas arrêté.