N'attendant pourtant rien, elle a été extrêmement sincère en lui révélant ne rien attendre de plus qui pourrait contrarier Liam à l'avenir. Pourtant, le garçon fait preuve d'un courage certain lorsqu'il lui annonce cette plus que bonnes nouvelles. En un temps record, Liam tente de lui affirmer qu'il veut bien changer. Peut-être, selon ses lacunes de confiance, pensait-il qu'il ne pouvait pas, justement mais qu'avec un peu de persuasion il arrive à en faire au moins le souhait en acceptant de telles conditions.
Ceci dit, c'est un mal peut-être guéri par la récompense de pouvoir toucher aux meubles. Si la fascination de l'ectoplasme est fidèle qu'il l'assure, il sera ravi que dans les clauses du contrat que s'apprêtent à établir, elle glissera entre les lignes cette mission si chère à ses yeux qu'elle lui confie.
La méfiante dame de glace semble s'être défait de sa position hautaine et dubitative trop facilement. Ce serait-elle laisser fondre par les joues roussies d'un si adorable individu ? C'est sans doute son instinct de protection maternelle qui a dû sonné pour qu'elle se laisse ainsi affaiblir. Elle n'a finalement jamais de rencontrer de spectres perfides qui prétend jouer la carte de l'émotion larmoyante pour l'apitoyer et la dérober. Nul doute que Liam ne peut jouer ce jeu malsain et elle sera conquise plus les jours passeront.
Or, elle doit formuler par l'écrit un tel pacte passé entre eux. Se tapant la jupe et le gilet, elle remarque qu'elle n'a pas de poche de quoi dégoter un stylo et encore moins des papiers administratifs qu'elle aurait pu glisser puisque elle n'aurait ni la place et surtout pas pensé à en insérer parce qu'un employé non désiré au départ se serait présenté à sa porte pour lui en faire signer. D'un doigt silencieux, elle n'ordonne pas à l'invité de rester immobile mais tel pourrait être la signification. Elle signifie en tout cas juste son besoin de se déplacer et rechercher les matériaux nécessaires. Toutefois, elle revient de son comptoir comme de l'arrière boutique au bout de quelques minutes bredouille. Peut-être y a-t-il vraiment des papiers pour ça mais le bazar de la boutique l'empêche de fouiller plus longtemps. Elle pourrait d'ailleurs attribuer à Liam la lourde tâche de débarrasser sa remise et en salaire supplémentaire, garder ce qui lui plaît. Ceci dit, Filomena n'aime pas vraiment donner sans avoir vu au préalable. Et de toute manière, il s'agit d'une mission future qui ne verra peut-être pas le jour.
Ainsi donc, désolée, elle claque ses bras contre son corps, abandonnant, même si, en levant un doigt, elle pense à tout de même reprendre son carnet auquel elle arrache une page. Elle sort ensuite un feutre rouge qu'elle a tout de même pensé à prendre lors de sa petite absence au comptoir pour y inscrire son numéro de téléphone qu'elle donne au garçon.
— J'aurais aimé te faire signer un papier mais je n'ai rien d'assez « officiel » pour le moment. Néanmoins, je peux m'en charger avant ta prochaine visite. Si tu as besoin d'autres renseignements d'ici là, tu peux m'envoyer un message sur ce numéro ou même me téléphoner. C'est comme tu veux.Constatant les yeux encore brillants mais retenus de son futur employé, elle se penche encore une fois sur la table pour, non pas lui donner un mouchoir, mais le paquet déjà entamé. En repensant à sa maladresse, elle se met à rire et essaye de relativiser, pour donner à Liam, sans doute trop étriqué dans les dogmes de l'italienne, une chance ou plutôt un choix plus libre, plus réfléchi, sans avoir affaire à elle :
— Remarque, au moins, ça te donne le temps de réfléchir au cas où ça ne te dirait plus. Il vaut mieux y réfléchir à tête reposée, à mon avis.Elle ne souhaite aucunement chasser son invité puisque finalement, à part lire ce livre dont elle a déjà oublié le titre, elle n'a strictement rien à faire. Par contre, elle pense que laisser traîner le garçon dans sa boutique n'est pas une si bonne idée pour qu'il puisse vraiment y songer avec sagesse. Elle pense de toute façon avoir fait le tour et, s'il advenait qu'une information ne lui soit pas parvenu, il n'avait qu'à composer son numéro. Encore faut-il, cependant, qu'il est l'audace de le faire.
Montrant qu'elle ne veut bien entendu pas le faire sortir avec force mais juste l'inviter à prendre une telle décision, elle emboîte le pas vers la porte sans le regarder. Léandre a tout de même cette manière de vouloir prendre les devants même si elle ne l'impose pas oralement ou même directement. Liam peut bien entendu interrompre sa course s'il le désire mais la blonde à talons se trouve déjà près de la porte et s'il arrive à sa hauteur, elle lui présente une poignée de main plus cordiale que professionnelle.
— Bonne journée, Liam. Rentre bien ! Et même si tu ne veux pas de ce travail, tu peux toujours venir me voir, ça me fera plaisir.Et pour cause, elle ne le salue pas seulement avec ce geste technique. Elle lui accorde, finalement, un sourire en demi-lune, plus relevé que les autres qu'elle a voulu offrir mais que ses habitudes l'ont empêché de faire. Ca ne dure, hélas, qu'une poignée de secondes car cette affection se change furtivement en une ouverture surprise de sa bouche. Juste derrière elle, elle saisit un parapluie à rayures bleues qu'elle offre au garçon en lui donnant dans les mains, la canne.
Même s'il décide de ne pas revenir pour le travail, elle se dit qu'il se sentira au moins obligé de lui rendre derechef visite pour lui rendre cet objet emprunté. Il lui tarde de revoir Liam, en effet.