haut les cœurs ,.
les hautes lumières
c'est de nouveau blanc —
C'est difficile à décrire, c'est presque impossible même -- de trouver tous les mots sur toutes les émotions qui le traversent ; c'est un mélange subtil de soulagement et d'espoir, comme reprendre sa respiration, comme si finalement -- il recommence à vivre. Ça l'enveloppe d'une chaleur réconfortante, ça le transporte vers une lumière bien moins angoissante. Il n'est plus au-dessus du vide, à quelques pas de la chute. Il est bien plus haut, dans les étoiles et à côté des planètes, dans l'univers et pas sur terre.
Personne n'intervient.
Personne ne brise ce moment qui leur appartient.
Saturne & Jupiter
les deux planètes
au souffle éphémère
Parler l'oblige à se concentrer sur une idée fixe, à flouter ses pensées vertigineuses, à masquer d'un revers le sol six pieds sous terre. Il ne voit que les prises de couleur et le visage d'Etsu, confiant, où un joli sourire dessine ses lèvres. Elle l'écoute patiemment mais de cette attention, Susanoo ne remarque rien, trop occupé à choisir ses mots pour ne pas tomber. Tout ce qu'il retient de cet instant, c'est sa présence -- comme une flamme qui reste affronter le souffle d'un vent violent, elle ne s'éteint pas ; elle brille, elle brille si fort qu'il a presque peur de se brûler.
c'est réconfortant
ce feu
si ardentalors on peut dire, que Saturne et Jupiter contrôlent le système solaireOn peut le dire.
On peut l'écrire.
On peut même le hurler à la mer et à la terre, le crier au cieux et aux dieux. Ces deux planètes sont définitivement des électrons libres et la plus belle des métaphores pour la relation qui se tisse entre Etsu et Susanoo -- des opposés qui violemment s'attirent, des contraires qui joliment s'opposent ; Susanoo ne comprend pas ce qu'il ressent, ne saisit pas l'importance de cette relation mais son esprit ne peut s'empêcher de tenter d'analyser cet océan d'émotion, ce concentré de sentiment incontrôlé. Il y a quelque chose, quelque chose qui lui fait peur mais qu'il sait nécessaire -- l'attachement.
je n’irais nulle part sans toi(je sais)
(moi non plus)
(mais j'en suis pas encore certain)
je t’attendrais, comme toujours(j'ai dit que je partirai plus)
(tu n'auras pas à m'attendre)
(car je ne disparaîtrai plus)
De toutes ces pensées, Susanoo ne dit rien mais répond simplement un léger sourire ; peut-être moins grand que les autres mais plus authentique -- son sourire à lui. Un peu timide, un peu maladroit ; bien moins sûr de lui mais bien moins hypocrite aussi. En silence, il continue de suivre les pas d'Etsu, il continue du regard à suivre son chemin qu'elle trace pour deux. Il n'y a pas besoin de mots, il n'y a pas besoin d'indication pour connaître ses prochaines actions.
Deux mètres.
Un mètre et demi.
Un mètre.
Quelques centimètres.
De la paume de sa main, Susanoo tend le bras pour toucher le plafond.
IL EST TOUT EN HAUT
Et brusquement, sans pouvoir se retenir, Susanoo éclate de rire -- réellement, tel un enfant. C'est l'enfant de douze ans qui a si longtemps pleuré qui rit enfin en cette fin de journée. Il rit pour évacuer toute cette peur, pour supprimer tous ses malheurs. Il rit pour oublier, il rit pour effacer -- plus jamais il ne regardera un mur d'escalade avec regret, plus jamais il ne retiendra ses larmes face à ce monde qui, aujourd'hui, semble lui avoir ouvert une porte. Certes, il sait qu'il ne fera jamais les parcours réalisés auparavant, ces si grandes hauteurs qu'il ne pourra pas affronter de nouveau ; mais cependant, il est là. Le grand pas, la petite avancée -- le progrès, immense.
Il rit.
Il rit si longtemps, qu'il se demande s'il ne va pas en mourir.
c'était à mourire
à mourir de rireLe son finit par mourir sur ses lèvres, son souffle reprend son rythme et il se tourne alors vers Etsu, regard chocolat plongé dans regard ambré. Il ne dit rien, pas tout de suite. Il ne veut pas que la magie s'envole. Tout en haut, avec les étoiles et les astres, il ne veut pas faire disparaître cette illusion d'un monde sans contrefaçon. Il veut continuer à rêver, à garder son esprit dans ces points lumineux jusqu'à la fin de sa vie.
Et puis --
Dans un murmure mais qui semble résonner dans toute la pièce --
▬
Merci.
merci d'avoir illuminé cette vie —