tu m’en veux pas vrai
ne dis pas ça
tu ne réponds pas à ma question
…
tu m’en veux
tu vois
tu m’en veux...
L’air n’était pas lourd. Il ne faisait pas sombre. Peut-être un peu froid. c’était un jour comme un autre.
Comme un autre.
Le soleil déclinait derrière les grands bâtiments de béton et de métal, gris, bleu foncé, presque noir alors que la lumière chatoyante de l’astre disparaissaient à l’horizon. La ville se paraît de mille lumières aux couleurs de l’arc-en-ciel, artificiels et éblouissantes pour les yeux de ceux qui prenaient le temps de les observer. Petites boules de lumières, petites fées fabriquées de toute pièce par les mains habiles des hommes qui savaient s’y prendre. C’était un jour comme un autre. C’était un soir comme un autre…
Réveil aux aurores. Dans les cris. Les larmes. La douleur. Comme souvent. Trop souvent. Un matin comme un autre. Une journée de travail, lente. À nettoyer. À astiquer. À ranger. Une journée comme une autre. Puis une après-midi tranquille. Bien trop tranquille. Bercée par le ronron rassurant du poste de télévision qui diffusait des programmes pour enfants sur cette chaîne dédiée pour eux. Des heures lentes, tranquilles.
Quand soudain le noir.
tu m’en veux
tu ne le dis pas
mais je sais que tu m’en veux
ne dis pas ça…
…
moi je m’en veux
Un profond sentiment de solitude. Un profond sentiment de mal-être. Une sensation de vide. Si forte que le reste n’existe plus. qu’il n’y a plus rien. À part la douleur. Cette douleur qui tape contre les côtes, contre les parois du crâne, comme pour en sortir. Comme pour s’enfuir. s’enfuir le plus loin possible. Si loin, qu’on ne pourrait jamais la retrouver. Qu’on n’entendrait plus jamais parler d’elle. Si seulement elle pouvait s’enfuir cette douleur. Si seulement elle pouvait s’en aller à tout jamais et ne pas revenir. Si seulement…
Mais tu sais parfaitement qu’elle ne partira pas Liam.
Pas comme ça.Le souffle court. Les yeux révulsés. La douleur est trop grande. Beaucoup trop grande. Tu tires sur tes vêtements, sur ta peau, sur ta chair. Qu’elle parte. Qu’elle parte.
C’était à n’en plus finir. Comme éternelle. Une éternité de douleur, comme un châtiment des dieux. C’était trop. Beaucoup trop. Alors, d’un coup d’un seul, tu sors. Tu pars. Loin. Très loin. Beaucoup trop loin pour que l’on puisse te suivre. Tellement loin pour laisser derrière toi la peine, la douleur et les larmes. Mais la seule chose que tu laisses derrière toi est un poste de télévision toujours allumée. Et quelques boules de plumes jaunes.
je crois…
que je t’en veux un peu
je te le disais
mais tu ne dois pas t’en vouloir
… c’est trop tard pour ça
Les larmes coulent sur tes joues. Tel un torrent. Un jour comme un autre. Une nuit comme une autre. Durant laquelle, alors que la pénombre prenait le pas sur le jour, un jeune fantôme déambule, les pieds nus, dans la ville de Tokyo. Les joues brillantes de larmes. Il ne parle pas, ne crie pas, se fait à peine remarquer. Une ombre. Tu n’es plus que l’ombre de toi-même Liam. Toi et ta douleur. C’est à n’en plus pouvoir. S’en est trop.
C’est beaucoup trop.C’est un soir comme un autre. En apparence.
Mais rien n’est réellement semblable à hier en ce monde.
tu me pardonneras un jour ?
surement… et toi ?
je ne sais pas...
u.c