je crois qu'il y a erreur sur la marchandise. & wynn

ft. @Kaoru Kamiya

Wynn le voit se lever et par réflexe, il serre la mâchoire. Il espérait secrètement que le vendeur ne se lèverait pas, gardant la distance plus que confortable qu’il y a entre eux. Mais il ne recul pas pour autant et sur son visage la colère peut se lire, encore calme mais sur le point de se transformer en véritable tempête s’il ne trouve pas les réponses à ses questions. Il serait presque étonné de voir que le vendeur, lui, semble suffisamment surpris -mais est-ce vraiment de la surprise, pour reculer légèrement. Le silence s’installe alors que Wynn lâche sa dernière question avant de croiser les bras légèrement.

« Oh, je-

Oui ?

Les avez-vous mangées crues ? Ou préparées ? selon, je peux vous aider.

Je ne vois pas en quoi cela répond à ma question. »

Le ton est cassant, froid, mordant. Il n’a pas envie de perdre du temps ou d’accepter la moindre aide ; il est curieux. Il veut savoir. Il n’a aucune autre idée en tête que de comprendre pourquoi un magasin se permettrait de vendre quelque chose qui semble suffisamment dangereux pour le rendre malade ; et pas qu’un peu. Le sourire brillant du vendeur qui le mettait si mal à l’aise il y a encore deux semaines l’énerve maintenant. Et en plus, il a du mal à comprendre pourquoi il lui propose de l’aide alors qu’il vient chercher des réponses. Peut-être qu’il ne sait pas que ces produits sont impropres à la consommation, tout simplement.

« Je peux aussi vous aider pour d'autres désagréments si vous le souhaitez. »

Wynn lève un sourcil, les bras toujours croisés.

« Comme l'odeur. Ça arrive à tout le monde.

Pardon ? »

Les bras de Wynn se décroisent, les yeux battants des cils. Une certaine incompréhension s’installe à la place de la colère qui semble passer au second plan. Il ne comprend pas les propos du vendeur et il comprend encore moins le rapport avec ses questions. Il l’observe se rapprocher alors que Wynn, à son tour, esquisse un mouvement de recul.

« Du moins, ne vous inquiétez pas. Chaque problème a sa solution, dites-moi lesquels vous avez.

Attendez, attendez. Je n’arrive pas à vous suivre. Comment ça l’odeur ? »

La colère s’est calmée aussi vite qu’elle semble être venue. Comme un réflexe, Wynn prend le col de son tee-shirt pour le tirer légèrement alors qu’il sent sa propre odeur avec l’air confus. Il a beau avoir été malade il est plutôt sûr que son hygiène corporelle est irréprochable ; surtout que c’est très important pour lui. Peut-être que le vendeur le confond avec un autre client ? Il ne voit pas d’autre explication. Il pousse un soupir en fermant les yeux quelques instants avant de les ouvrir et chercher du regard quelque chose. Ses yeux se posent sur les fameuses pommes dorées ; maintenant il doit se prêter au douloureux exercice d’entamer une discussion.

« Écoutez. Peut-être que vous me confondez avec quelqu’un d’autre mais vous voyez ces pommes là-bas ? J’en ai acheté une il y a une quinzaine de jours. Et je sais que vous n’êtes que le vendeur mais ces fruits m’ont rendu malade. Très malade. Je ne pense pas qu’un établissement devrait avoir de genre de pratique. »

Il soupire de nouveau.

« J’ai choisi de la manger en suivant une de vos recettes, si cela peut vous aider. Mais je suis plutôt sûr que c’est cette pomme qui m’a donné autant mal au ventre. Alors oui, j’aimerais avoir des explications. »

ft. @Kaoru Kamiya

« Je vois...

Tant mieux parce que moi non. »

Il est confus -et perdu. Comment ça il voit ? Est-ce qu’il est au courant, finalement ? Ça agace Wynn mais la colère semble s’éteindre pour de bon, ne laissant qu’un vague sentiment de frustration. D’avoir l’impression de s’être fait avoir, bêtement. Ce qui le vexe un peu, lui et sa fierté qu’il semble bien cacher mais qui est bien là, dans un coin. Le vendeur le regarde et Wynn doit détourner un peu les yeux pour éviter un contact visuel direct -il a déjà assez de mal avec son sourire permanent pas besoin de rajouter de l’inconfort en plus. Soupir. Peut-être que vouloir en savoir plus était une mauvaise idée, c’est épuisant et désagréable.

« Je m'excuse pour les désagréments. Vous êtes tombé sur la mauvaise pomme ou vous la digérez mal, c'est aussi possible.

Mmh. »

Il n’est pas convaincu. Il en a vécu des situations étranges depuis sa mort -enfin depuis sa … vampirisation. Vivre dehors, dormir à même le sol et le bitume, ne pas savoir où aller. Alors des choses un peu particulières il en a mangé. Trop. Il fallait survivre après tout ; même si au fond à cette époque il n’avait aucunement envie de rester dans cet état, le chien en cage qu’il abrite au fond de lui ne voulait pas abandonner. Et malgré tout il a été que très rarement malade ou en tout cas, pas à ce point. Il n’est pas étranger aux douleurs à l’estomac puisqu’il vit avec de manière quasi-permanente au point de l’oublier parfois, mais là … C’était étrange. Même pour lui qui a parfois du mal à comprendre des subtilités, il sent que quelque chose ne tourne pas rond dans le discours du vendeur. Peut-être qu’il essaye de protéger saon patron·ne ? Difficile de savoir.

« Si ça vous va, je peux vous offrir quelque chose dans le magasin ? voyez ça comme un geste commercial.

Et bien je …

Sinon, je peux aussi vous la rembourser. »

Arrêté dès le début de sa phrase, il prend quelques secondes pour réfléchir. Des secondes qui deviennent une bonne minute de silence alors qu’il ferme les yeux en soupirant. Il n’est pas venu pour ça, au fond, tout ce qu’il veut c’est comprendre pour éviter de refaire la même erreur. Est-ce que c’était vraiment un souci de produit défectueux ? Est-ce que c’était le type de pomme ? Ou bien juste une coïncidence malheureuse qui s’est mise sur son chemin ? Il ne sait pas à quel point le vendeur est sincère mais ses excuses lui semblent … Un minimum légitime. Surtout s’il lui propose un remboursement ou un geste commercial. Mais ça met Wynn grandement mal à l’aise ; il ne sait pas trop comment réagir face à cette proposition. Sa part comptable lui dit d’accepter un remboursement et sa part très lui dit de partir sans répondre. Autant faire un compromis.

« Comme vous voulez, je suis à votre disposition.

Je … vous remercie. Mais je ne souhaite pas être remboursé, je me doute que vous n’êtes qu’un vendeur et en aucun cas responsable du stock du magasin. »

Petit silence.

« Je cherche juste à comprendre pour éviter d’avoir à revivre ce malheureux incident. Ça ne m’était jamais arrivé, ou presque alors j’ai été surpris. Mais j’accepte vos excuses. »

Petit soupir. Il n’a rien à gagner à garder de la rancœur contre une personne qui n’est pas responsable. C’est rare, mais ça lui rappelle un peu lorsqu’il était bien plus jeune, dans les mines. Se voir crier dessus de manière injuste pour une erreur qui n’était en aucun cas sa faute. Il se demande si ça existe, des syndicats pour fantômes ? Surtout celleux qui travaillent en épicerie. Il faut dire qu’il ne s’y connaît pas beaucoup en droit et politique du Japon -et c’est bien dommage.

« Oh et je dois avoir des potions pour les maux de ventre, si vous le désirez.

Des potions, vous voulez dire comme des médicaments ? Vous faites épicerie et pharmacie ? »

C’est un peu étonnant aux premiers abords mais pourquoi pas.

« Je veux bien, en échange comme … Geste commercial. Si cela ne vous pose pas de problème avec votre hiérarchie, bien sûr. »

ft. @Kaoru Kamiya

« Merci, ça me touche.

Mmh mmh. »

Il hoche la tête, mal à l’aise. Peut-être que ça le touche, en effet. Mais Wynn n’a pas l’habitude des remerciements et encore moins d’entendre que quelque chose qu’il a dit, ou fait, puisse toucher quelqu’un. Le sourire du vendeur semble moins radieux et dans un sens, ça fait du bien au vampire. Ça le rend moins méfiant, fuyant même, il réussit à le regarder quelques secondes dans les yeux avant de détourner le regard pour une énième fois. Les mains légèrement moites, il continue de jouer avec ses doigts sans savoir où regarder, quoi fixer. Il n’a pas l’impression de mériter ces remerciements, après tout demander un remboursement serait juste bien plus pénible que de refuser. Et après tout, c’est aussi parce qu’il se reconnaît dans le rôle de l’employé -ou ouvrier, qui ne peut rien y changer et sur lequel les choses retombent. Hochement de tête de la part du vendeur.

« Nous faisons de tout ici.

Oh, c’est … pratique, j’imagine. »

Il se demande si c’est compliqué pour la gestion des stocks. Et en termes de comptabilité, ça doit être un sacré challenge. Lui aussi secoue légèrement la tête comme pour chasser ses questions inutiles ; qu’est-ce que ça lui apprendrait de toute façon. Hormis satisfaire sa curiosité mal placée. Il lui sourit de nouveau et Wynn sent que ses paumes redeviennent un peu moites. Il aimerait presque lui demander, poliment, s’il peut arrêter avec le sourire. Il n’a pas besoin de ça et bien qu’il se doute que c’est commercial, ça lui pèse. Mais il préfère se racler la gorge et juste faire quelques pas au milieu de la boutique, mains croisées dans le dos, alors que le vendeur semble très occupé à fouiller des étagères. Lorsqu’il revient vers lui, Wynn souffle intérieurement avant de prendre sur lui pour ne pas reculer de plusieurs pas en arrière.

« Buvez ça et ça devrait vous soulager pendant au moins 6h.

Merci. »

La fiole a une forme intéressante et plutôt … jolie. L’avantage des médicaments liquide c’est que c’est bien plus simple à avaler, au moins. Il regarde la couleur presque transparente du liquide avant d’ouvrir la fiole et de la boire sans plus de cérémonie. Il pourrait paraître étrange de voir Wynn avaler aussi facilement quelque chose proposé par ce même vendeur partiellement responsable de son mal de ventre ; il considère simplement qu’il lui dit la vérité. Pourquoi douterait-il de lui, après tout ? Rien ne lui semble particulièrement suspect dans son comportement.

« Ça devrait être sans danger pour vous.

Oh. C’est … bon à savoir. Surtout maintenant que je l’ai bu. Est-ce que vous tenez à récupérer la fiole ? »

Étrangement, il lui semble que son estomac est déjà plus … Calme. Ça l’étonnerait que ça soit aussi efficace. Mais après tout, il ne pensait pas tomber malade à cause d’une pomme OGM ou non.

« Merci, en tout cas. C’est … intéressant de connaître une adresse avec une boutique aussi variée. »

Silence.

« … J’ai apprécié lire vos recettes. Est-ce que vous accepteriez de m’en partager d’autre, lorsque je reviendrais ? »

Sa propre question le surprend ; il faut croire que l’appel de sa dent sucrée le rend un peu plus sociable.