Grognement.
Dans ta rage, touche-tu l'innocent ? Non. C'est une bête. Le loup dans sa tenue d'agneau. Mais tu connais son vrai visage, tu connais le monstre qui se cache sous ce masque. Llewellyn. Medelwr gwaedlyd. Le Faucheur sanglant. Et tu souris. Malgré cet horrible surnom, c'est Wynn qui a le Diable sous les yeux.
Petit faucheur, sais-tu dans quel pétrin tu t'es embarqué ? Bien sûr qu'il ne sait pas. Après tout, tu caches bien ton jeu, Adrien. Malin goupil, ton masque est bien accroché. Poison mortel que ton sourire, tes yeux de malices. Tu le sais ; son passé est sombre. Aurais-tu été dans la même position, tes actions auraient été pire.
Toujours la soif.
Elle vous unie.
Qu'il est facile, lorsqu'on trouve, de fouiller dans les secrets d'antan. Vie révolue, archaïques souvenirs. Ancien mots perdus à jamais. Non, pas pour tous·tes. Pas pour toi. Mais qu'importe, tu n'es pas le monstre qui a hanté les gallois. Wynn, petit Wynn, il n'était pas méchant. Enfin, pas trop. Mais de tous les esclaves de la Camarilla, c'était le seul qui trouvait un semblant de grâce. Seul qui avait le droit à ta divine présence. Ta main, doucement près de son visage. Comme une grâce, bénédiction pourtant inatteignable. Tes doigts ne touche pas sa peau, mais presque.
Et la Bête s'est précipitée
Sur sa proie désorientée
Leurs regards croisés
Par la cruelle pitié
Attirer son regard, voilà ton but. Moqueur, tu l'es. Toujours. Un de tes rares talents. Examen attentif de sa personne, frappé par ton bleu si vif. Presque transperçant, la lance de tes yeux aurait pu passer au travers du gallois, et pourtant, son visage a toute ton attention ; sa barbe mal rasée, ses boucles brunes, ses joues blanches. Wynn, silencieux agneau. Wynn, il ne prend pas trop de place, pas trop d'énergie, pas trop de temps. Mais Wynn, ce n'est pas ton ami. Ce n'est qu'un étranger que tu connais, et c'est très bien ainsi.
— «
Pardonne-moi, je ne t'avais pas reconnu sous cet horrible brassard. »
Moquerie, tandis que ta main descend pour pointer la source de ta colère, comme si Wynn avait été seul responsable et que tu lui faisais la grâce de le pardonner. Après tout : seul qui avait le droit à ta divine présence. Nécrose émotionnelle à chaque que fois qu'on te rappelle l'existence des ordures à sang. La Camarilla, organisation d'escroc.
Pourtant, si tu la haïssais, le service qu'elle offrait t'était bon. Nécessaire.
La faim.
Mais duquel est la victime ?
Sentiment illégitime
De ta supérieure estime ;
Du divin, tu es verbatim
— «
Si tu n'étais pas membre de ces chiens, tu n'aurais pas à recevoir une juste punition. » Tu rejettes la faute. Encore. «
Enfin bon. T'es là par choix, par punition ou est-ce que ces trouillards ont trop peur de faire leur boulot ? »
Comme si tu n'étais pas responsable. Comme c'était toujours de leur faute. Car après tout, il est plus facile de blâmer les autres ; tu en as fini de t'accuser du problème des autres. Et des autres, tu libères l'espace, laissant Wynn libre de ta portée, préférant te soucier du carton qui t'attends devant toi. Tu tentes de rester calme, ralenti. Mais tu te doute déjà du contenu : le sang. L'unique méthode qui te permettra enfin de te débarrasser de la faim, enfin. Tu veux garder le peu de contrôle qu'il te reste.
— «
C'est déjà l'heure de la livraison ? Vous les faites de plus en plus souvent, ou quoi ? », comme si tu ne les attendais pas avec plus d'impatience à chaque fois.
La faim éternelle,
Sensation irréelle :
Te détrône du surréel,
Plongée passionnelle