Ils jouaient, rieurs, elle avait provoqué ça, elle avait su dès la première seconde qu'elle perdrait ce match mais l'avait lancé quand même parce qu'elle aimait jouer avec Toulouze, elle aimait ces jeux dénués de sens, sans aucun but, elle aimait ce regard de défi, ce regard de gagnant qu'il arborait avant d'avoir commencé, et elle aimait perdre dans ces moments là. Elle le regardait tout entier là, assis sur son tapis alors qu'elle ne maîtrisait rien , c'était une des rares fois où elle ne contrôlait rien, il jouait avec elle comme avec une poupée et elle le laissait faire, elle se noyait jusqu'à l'asphyxie dans cet entre-deux. Le plafond de l'appartement trop haut pour ses rêves, pas assez loin pour eux deux, leur fumée de cigarette à peine exaltée, à peine consumée.
Elle avait volontairement mais pas si consciemment noté ses initiales sur son front, comme clamées haut et fort, cette envie qu'il soit juste à elle, ce besoin de le sentir près d'elle, elle se fichait de tout, il était là, ses mains sur son corps, sa respiration dans l'espace, son contact au delà de tout le reste. L'alcool suivait son cours, verre après verre, il remplissait le vide, comblait le tout, restait au delà de la finalité Il l'avait suivie, presque encouragée en grand gagnant, elle le savait, il gagnerait, il gagnait toujours, surtout avec elle mais au delà du reste, au delà de leur réalité, de leur nature, il était là. Elle l'embrassait, elle laissait ses mains se balader sur sa nuque, son visage, ses bras. Elle vérifiait qu'il était là, et oui, il était bien là, il se moquait d'elle, elle avait triché plus que ce qu'elle ne l'avait pensé, une erreur de mots qu'elle ne regrettait pas. Le dernier, le premier, elle avait eu ce qu'elle voulait, son menton au creux de ses mains, les traces presque indélébiles sur la peau du zombie.
Elle était seule sur le tapis, il l'avait fait marcher, elle avait cru qu'il allait l'embrasser, l'avait attendu, mais elle était seule sur le sol, grognant à moitié, frustrée et en attente de la suite, elle le regardait se regarder, contempler son œuvre sublime alors qu'il revenait déjà, sa main sur sa jambe, lui provocant des frissons, elle suivait son contact le long de sa longue jambe mate. Il lui écrivait aussi dessus, la chatouillant tandis qu'elle se tortillait dans tous les sens pour s'en débarrasser, elle aurait dit n'importe quoi, aurait avoué n'importe quoi, aurait supplié pour la liberté une jambe coincée derrière son dos immobile alors qu'elle se débattait tant, la différence de force plus nette que jamais. Elle avait beau lui faire les yeux doux, larmes d'hilarité au bord des yeux, elle savait qu'il ferait ce qu'il voudrait, et elle sentait déjà la morsure du feutre sur sa jambe, sur sin visage, au dessus de sa bouche, elle n'aurait jamais du le prendre à la légère, on parlait de Toulouze. Elle avait fait une erreur et le payait, plus que jamais, mais ne s'en formalisait pas, qu'à cela ne tienne.
« Je n'ai pas triché, tu as juste mal entendu ou interprété. »
Une bien belle excuse pour une grande fille pas tout à fait finie, elle regardait ses initiales danser sur le front du zombie, l'encre noire pénétrer son épiderme, y trouvant une satisfaction alors que l'encre sur sa jambe n'avait pas encore fini de sécher. Elle regardait plus avec fierté qu'autre chose le nom de celui qu'elle aimait plus que tout s'inscrire sur sa peau tandis qu'il s'évertuait à la tatouer de manière éphémère au dessus de la lèvre. Elle souriait, il pouvait faire ce qu'il voulait, écrire sur tout son corps s'il le voulait. Mais c'était à son tour, toujours assise sur lui elle en profitait, gardant son contact alors qu'elle récupérait le marqueur, un coup d’œil en coin vers lui, qui gardait ses initiales sur le front, il la provoquait, il jouait avec elle et elle marchait.
« Parce que tu appartiens à quelqu'un d'autre ? »
Question banale pour inquiétude intérieure, elle se collait déjà plus à lui, comme pour ne faire qu'un avec lui, peau contre peau, feutre levé prêt à faire feu, prêt à contredire ce qu'il pourrait exprimer alors qu'elle plongeait déjà la bouche et surtout les dents dans son cou, la morsure laissant une trace rouge, claire et nette alors qu'elle relevait sa manche pour inscrire son prénom en lettres capitales. Son verre vide à nouveau elle le regardait du fond des yeux, le récipient de verre de nouveau plein. Un regard qui voulait tout dire, il était à elle, comme elle était à lui, une cigarette au coin des lèvres. Elle le laissait faire ce qu'il voulait, il pouvait dessiner sur sa peau, il pouvait la coller contre lui tandis qu'elle savourait ces moment, restait autant qu'elle le pouvait. Elle avait saisi à nouveau le feutre d'un air malicieux alors que la jeune femme soulevait la manche du zombie pour inscrire son prénom en toutes lettres occidentalisées ? Mais elle le regardait, l'embrassait, laissait traîner ses mains sur son visage et le reste de sa peau, inscrivant les signes japonais de son nom et son prénom sur si
on cou avant de l'embrasser.
« Toi non plus mais au moins on est sûrs cette fois, tu es à moi, tu pourras dire à qui que ce soit que tu es à moi. »
Non elle n'avait peur ni honte de rien, Toulouze était à elle, et tant pis pour le reste, on écoute toujours une femme à moustache, factice ou pas. Elle était revenue sur le tapis, regardant le zombie dans les yeux, un sourire moyennement facile à croire alors qu'elle dessinait déjà un « T » majuscule sur sin biceps. Elle penchait la tête, venant l'embrasser tandis que tout son o=corps se tendait au maximum.