“Ooh. T’as un jardin et un potager ?”
“Ouaip.”
“Trop cool. J’aimerais trop avoir un p’tit jardin mais bon, difficile quand on vit sous terre dans l’Agence.” Une grimace légère lorsqu’il repense à son passage à l’Agence, passage long quelque peu, un peu trop à son goût, il est vrai.
“Et comme j’aime trop les plantes mais que j’ai pas la main verte pour un sou j’préfère les laisser tranquille”Célestin décide de passer sous silence ce qu’il fait subir à ses plantes, et les quelques expériences qu’il mène sur certaines d’entre elles. Ce n’est ni le lieu, ni le moment - à ne pas mentir.
“Tu l’as depuis longtemps ?”
“Près de dix ans.” - Après son burn-out, et sa reconversion, le fait de lever le pied, se reposer, se retrouver un moment avant de repartir.
D’un geste alors, Célestin te laisse prendre et observer de plus près son dessin, chef-d’œuvre du moment sans prétention aucune bien évidemment. Il te regarde alors, tente de capter ces quelques tics sur ton visage, un poil de stress peut-être dans le fond du ventre, comme s’il se sentait alors juger un peu trop pour ce qu’il fait, pour ce qu’il est.
C’est gênant - Célestin a plus de 300 ans.
“Je dirais que la perspective et la profondeur sont à revoir, principalement. Mais c’est plus de la technique et ça, bah ça s’apprend. Y’a un côté un peu écrasé dans ta perspective, un peu comme si tout était sur le même plan.”Il y jette un œil - oui, c’est peut-être pour cette raison qu’il n’a pas su reconnaître son érable du Japon. Par ailleurs, l’aurais-tu reconnu, si tu savais qu’il existe bel et bien ?
“Mais c’est pas une erreur en soit, y’a carrément un style comme ça.” Il te laisse reprendre sa feuille, croquer à l’arrière.
“T’as p’tete déjà entendu parler du terme d’art naïf ?”
“Juste en architecture.” Le palais idéal du facteur Cheval.
Il te laisse parler alors, écoute avec beaucoup de minutie sur ce qui semble être plus une passion qu’un simple emploi. C’en est presque reposant, Célestin se plaît également de ces cours où alors l’écoute prime, à simplement entendre les fascinations d’autruis, comme s’il en apprenait alors autant sur toi que sur ton sujet de prédilection à cet instant.
Peut-être est-ce également un peu intrusif.
Mais Célestin est plus commère qu’on ne le penserait.
“Enfin bref, ce genre d’erreurs soit on les embrasse franchement soit on peut apprendre les règles de base, ça dépend de ce que tu cherches.” Qu’est-ce qu’il recherche, Célestin ? En voilà une bonne question.
“Ouaip, voilà mon retour cher élève.”Un retour complet, à ne pas mentir.
Mais loin d’être spécialiste, Célestin se demande surtout ce qu’il fait ici - ce à quoi il s’attendait en arrivant, ce matin. De la surprise, probablement. Il l’a eu.
“Eh bien, je t’avoue que j’ignore quoi en penser - je ne savais même pas que j’allais faire de la peinture, ce matin en arrivant. Quant à savoir ce que je recherche… C’est probablement un peu tôt, je ne compte toujours pas me spécialiser en œuvres graphiques.”Célestin reste un aficionados des planches et de la voix avant toute chose, du son, de la musique. Non, son art ne s'exprime pas au travers des crayons et des couleurs - ou d’une toute autre couleur alors, car il sait depuis lors teinter sa voix de chaleur ou de froideur. C’est selon qui il joue, dans ses spectacles ou dans la vie véritable.
“Quoi que je suis sûr qu’il y a bien moyen de lier nos deux arts, n’est-ce pas ?”Il y a toujours moyen.
Résumé
597 mots
Célestin sait pas trop ce qu'il cherche, après tout il est venu par hasard
Mais dit qu'il y a toujours moyen de lier deux Arts différents, faut juste bien chercher